Les municipales n'y sont (plus) pour rien, mais Paris fait bel et bien campagne. « Du local sinon rien ! » plaident les fervents défenseurs du terroir francilien, sur lequel poussent les idées comme les légumes.
Longtemps, on a fanfaronné avec ce qui venait de loin et non de près, du poivre insulaire rarissime aux tongs do Brasil. Qu'elle soit ficelée aux cagettes de feuille de chêne ou cousue aux jeans slim, l'étiquette du «made in Paris» rafle aujourd'hui la mise en matière de chic ultime.
Le cresson se doit d'être francilien, le poulet ne vaut que s'il a couru sur le plateau de Saclay et le meilleur safran pousse dans le Val-d'Oise. Les premiers fidèles des Amaps et des jardins partagés courent toujours les trocs verts pour échanger plants de radis contre pousses d'épinard, tandis que les toques parisiennes - Yannick Alléno en tête - colonisent les toits de Paris pour y planter leurs choux (en haut de la Maison de la Mutualité, notamment).
Mais se précipiter au coin de la rue récupérer son panier de victuailles à la provenance intègre ne suffit plus. Dans cette ville dont les artistes ont aussi fait leur base et leur muse, la vogue des circuits courts et du «zéro intermédiaire» vaut pour bien d'autres plaisirs que ceux des locavores purs et durs. Parisiens/franciliens et fiers de l'être, créateurs comme stylistes revendiquent ostensiblement une fabrication maison, quand ils n'incitent pas leurs aficionados à afficher clairement leur appartenance à tel ou tel quartier.
Ainsi, les ateliers - parfois microscopiques ou confidentiels - trouvent place à même les boutiques ou dans les arrière-cours. Et, derrière ces murs, c'est une nouvelle image de Paris qui se dessine.
Attention: c'est arrivé près de chez vous… et ce n'est qu'un début.
BIÈRE OU LÉGUMES, MÊME COMBAT
Pour «buller» local, la capitale ressuscite la brasserie artisanale à Paris et autour.
Ça mousse... Outre-Atlantique, les hipsters s'arrachent la Brooklyn Brewery depuis 1988. Il était donc grand temps que Paris rattrape son retard. Disparues dans les années 1960, la Gallia et la Demory, deux bières stars de la seconde moitié du XIXe siècle, ont ainsi été relancées en 2009. D'abord brassée en République tchèque, la Gallia est désormais produite à 60 km de Paris avec, en ligne de mire pour l'an prochain, la capitale comme terre d'élection. Quant à la Demory, toujours brassée en Allemagne, elle ne désespère pas de s'implanter dans la capitale.
Dernier arrivé sur le marché (2012), Thierry Roche est quant à lui le premier brasseur artisanal installé à Paris intra muros avec sa Brasserie de la Goutte d'or(28, rue de la Goutte-d'Or, XVIIIe). Dans sa petite fabrique, il produit quatre bières aux noms évocateurs du quartier: Château Rouge, Myrha…
À noter que certains bars brassent leurs propres breuvages, à l'image de la French Beer Factory(176, rue Montmartre, IIe), la chaîne de pubs The Frog (cinq adresses à Paris) ou leO'Neil(20, rue des Canettes, VIe). La Volcelest (Yvelines), My Beer Company (Hauts-de-Seine), laBière de l'Ourcq (Seine-et-Marne), la Parisis (Essonne) ou la Bière du Vexin (Val-d'Oise) sont en outre autant de microbrasseries à faire la fierté de l'Ile-de-France.
... et ça pousse!
Pour remplir son panier en un clic:
mon-marche.fr: le site du MIN de Rungis propose un corner «marché local» pour des produits de saison issus d'exploitations franciliennes ou à proximité (livraison gratuite à partir de 45 €).
lehautdupanier.com: la crème des artisans, chacun dans sa catégorie (pain de Poujauran, charcuterie de Vérot, fromages d'Alléosse…).
tousprimeurs.com: votre quota de fruits et légumes journaliers largement atteint avec ce site où les primeurs (cueillis la veille de la livraison) sont conditionnés en paniers pour célibataires, couples ou familles nombreuses. Parmi les producteurs, la famille Rigault et le médiatique Joël Thiébault.
transilien.com: depuis 2007, à l'initiative de SNCF Transilien et des chambres d'agriculture d'Ile-de-France, des producteurs locaux vendent, un jour par semaine, entre 16 h 30 et 19 h, des paniers de fruits et légumes, dans une trentaine de gares du réseau francilien.
MODE EN QUARTIERS: L'IMPRIMÉ SE TAPE L'AFFICHE
De nouvelles griffes digressent avec style sur le découpage de Paname. Il est temps de jeter son vieux maillot du PSG pour se revendiquer de Pigalle, Belleville ou La Chapelle.
Le label parisien Gat Rimona dévoilé il y a deux semaines un tee-shirt affichant en gros caractères, façon maillot de foot américain, «Neuilly, 92». Un produit de niche pour jeune femme bien rangée (65 €). 104, 104, rue de Longchamp (XVIe). Brand Bazar, 33, rue de Sèvres (VIe) ;Biba, 18, rue de Sèvres (VIIe).
Pour se donner un air plus canaille, mieux vaut opter pour un sweat Paris Nord. Les modèles sont étiquetés et conditionnés dans l'atelier-boutique du Bouclard situé, bizarrement, dans le Marais.30-40 € le tee-shirt. 70 € le sweat. Le Bouclard, 15, rue Charlot (IIIe). www.le-bouclard.com ; Isakin, 9, rue André-del-Sarte (XVIIIe) www.isakinparis.com
Précurseur, le magasin Pigalle a débarqué en 2008 en éditant des vêtements à son nom, blanc sur noir. L'aura du secteur a fait le reste. Rihanna en personne possède plusieurs modèles.70 € le sweat.Pigalle, 7, rue Henry-Monnier (IXe).
Afficher son quartier de prédilection peut s'avérer plus clivant qu'une finale de «Master chef». Sur un des sweats (80 €) de la boutique Isakin, on peut lire: «Barbès parle arabe». Avis aux amateurs.
Les nostalgiques de Brandon et Kelly fondront sur le pastiche «Belleville Hills» affiché par No/One. Les tee-shirts (40 €), sweats (60-65 €) et débardeurs (25 €) sont imprimés dans l'Atelier Amelot (XIe).Atelier Store, 57, rue de Charenton (XIIe). Également chez Colette et Isakin.
Pour un voyage incognito de la porte de la Chapelle à la Concorde (ligne 12), on choisit l'impression «Rive Droite» de Manège à Trois (30 €). Attention: le port du modèle «Rive Gauche» est obligatoire passée la Seine. www.manegeatrois.bigcartel.com
Saint Laurent, Bardot et Gainsbourg, entre autres icônes rétro, s'affichent sur les créations de Rue Jacob. Pour les germanopratins bon teint. 39 € le tee-shirt, 60 € le sweat. Disponible sous peu chezHeaven Dauphine, 40, rue Dauphine (VIe).
Le photographe Théo Mouvras (de la griffe Racket) imprime ses propres clichés avec un certain sens du télescopage: son tee-shirt «Place des Vosges» est illustré d'un décor de HLM. Plus premier degré: ses hauts à l'effigie de l'église Saint-Gervais (IVe) ou la place des Victoires (IIe). 35 €. Racket, 47, rue d'Aboukir (II e ). www.racketparis.com
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