mercredi 20 octobre 2010

E-MAIL A MON PERE DÉFUNT.par Somelier Richard

E-MAIL A MON PERE DÉFUNT.




Très cher père

Je ne t’ai jamais écrit.


La poste et toutes les messageries modernes et à venir n’ont et n’auront aucun lien avec l’au -de là. Ma seule communication avec toi est mon unique pensée. Elle n’a jamais cessé de t’honorer en silence.


Cela fait longtemps que tu es absent de mes rêves, d’ailleurs pour ne rien te cacher, je ne rêve plus. La vie trépidante à Paris et le stress journalier me font sombrer dans un sommeil réparateur cependant ton visage est toujours présent dans ma mémoire.
Affectueux, gentil, honnête et généreux, aimant tes enfants jusqu’au bout de tes ongles... tu me manques et parfois je ...


Plus de 30 ans déjà que tu nous as quitté par une sombre et pluvieuse journée de décembre 80 à un âge pas très vieux. Je t’écris aussi parce que j’ai le cafard. Je l’ai presque au quotidien depuis que je suis ici.


Là -bas jadis, j’étais souvent en ta compagnie invisible à bichonner avec affection et énergie ta dernière demeure, tous les Vendredi. Je te parlais de vives voix, tu m’écoutais en silence hélas. Le rabbin Cassuto que j’entendais à peine lire sa millième “CHKEBBA” sans cesse renouvelée au fil des semaines, attendait, patiemment que je quitte ma concentration, sous la pluie ou le soleil pour recevoir son obole. Je repartais alors rasséréner.


Te souviens- tu, cher père de nos vieux moments agréables, à la maison, entourés par mes frères et maman. Hélas… ! Quelle époque .Tu nous as enseigné le respect de nos traditions mais malheureusement aujourd’hui certaines d’entre elles se sont évanouies dans les méandres de l’oubli. Je veux parler du mouton de Pâques qu’on égorgeait sur le seuil de notre maison rue Pasteur, de la “Cheukà” (cabane) qu’on confectionnait sur le balcon. Tous les fruits de saison pendaient à l’intérieur, au centre. Et les petits bracelets en ruban de papier coloré que l’on collait de bout en bout pour en faire une longue chaîne fragile qu’on suspendait sur les lustres et qui ornaient nos chambres pour honorer nos saints rabbins Meyer et Chemyone. Elles restaient ainsi pendues durant tout l’été et une bonne partie de l’hiver. La laitue qu’on déposait sur les battants de portes de nos chambres pour marquer la fin pascale et pourim ? Avec les pétards et Hitro avec ses sucreries en caramel de diverses couleurs représentant de petits animaux de basse cour sans oublier le chameau et les pigeons farcis sur lesquels on se disputait pour avoir le plus dodu et ......puis plus rien après. J’en ai la chaire de poule.


A mon tour aujourd’hui d’être papa depuis 30 ans. Mes filles ? Je ne laisse manquer de rien .......exactement comme tu nous as laissé jamais manquer de rien. Je les laisse vivre , sans contrainte en me disant “RABI MYAYAM” soir et matin et des fois l’après midi . Elles ont des portables comme toutes les filles à Paris, c’est la mode, nous à l’époque maman nous appelait par le balcon quand la nuit tombait .Elles portent des talons hauts qui les font ressembler à des bus londoniens .....trois étages ......nous, on portait des fly -floot .....genre basket d’aujourd’hui mais plus chers ....... à 850 frs la paire .....yà méjalli.


A l’époque, on attendait les colis anglais que l’O.S.E. (goutte de lait) nous distribuait à 1 dinar 500 avec dedans des chaussures souvent étroites et des shorts étriqués… une seul fois je crois j’ai eu les bonnes mesures .......ils ont dû se tromper pour moi en Angleterre .....mais on ne leur a jamais dit à L’O.S.E....dés fois que les anglais se trompent une nouvelle fois.....


Je vois grandir mes enfants et moi. je me vois rapetisser ......je veux dire vieillir certainement et sûrement. Chaque soir......lorsqu’elles dorment .....je profite de leur sommeil pour aller les embrasser en cachette sur leur front ....j’ai l’impression, qu’elles me protègent un peu .....comme tu nous protégeais il y a 50 ans dans notre enfance.


‘…Yà babà... !’ Ton nom sur mes lèvres s’est évaporé ......et je ne pleure plus avec mes yeux .....j’ai appris à pleurer avec mon coeur et à chuchoter ton nom dans mes oreilles .....dans le silence du souvenir. Des fois, je lève mes yeux vers le ciel et je cherche parmi les étoiles, s’il ne s’en trouve pas une qui te ressemble. Ah ! yà rabbi ......elles brillent toutes et toutes ressemblent à nos pères et à nos mères. Mais où te caches- tu donc dans ce firmament de lumière ?


Père ......je reviens sur terre .....te souviens -tu, quand tu m’emmenais au cimetière de l’avenue de Londres tout enfant, et puis au Borgel quand j’ai “plus grandi “. Tu prenais un sceau, une brosse et une “finè”(pierre ponce) Tu remplissais de l’eau au puits. On faisait le tour de tes défunts ancêtres et de ceux de tes beaux-parents. On frottait les cotés, les pourtours et les dalles de ces tombes avec énergie afin de leur donner un aspect comme neuf. Au début, je ne comprenais pas pourquoi j’étais celui que tu choisissais pour effectuer cette opération de “lifting” parmi tous mes frères. J’ai saisi plus tard, qu’étant l’aîné de tes enfants, ce serait à moi de perpétuer ce rituel. Alors, j’ai continué à le faire jusqu’en 89 du moins pour toi car les autres tombes ont toutes étaient recouvertes par la mauvaise broussaille. La tienne, cher père, je l’entretiendrai jusqu’à la fin et aussi longtemps que D.ieu me prête vie. Je combattrai “l’ennemi” afin qu’il ne t’étouffe pas.


Lors de nos promenades à travers cette jungle et ces allées défoncées, nous nous arrêtions devant quelques tombes dont tu connaissais le locataire.


‘Chouffe.......yà ouldi ......éddà kén.....i bèy èl gatouéte rue Chidi Mardoum’ ‘Regardes .....mon fils........celui là .... il vendait des pâtisseries à la .............


‘.....Ouéddi ......kènette jarti .....semsarrà ......kéddéch klèt dyà fi dényèttà ......téchken rue Daouletti .......oubouè narfou........jèddà..... ‘.....Celle là !........c’était ma voisine.....une marieuse.......combien elle à reçu de malédiction dans sa vie.....je connaissais aussi son père......


‘.......Héddà ken mérkenti yèssér ......yenddou ballassat .....fèl avenue de Paris.........ken mjèffét .....’ ‘......Celui là, était très riche. il avait des immeubles avenue de Paris... mais c’était un avare......’


‘.......Héddà ?.........èlli ouhadou ?.......byid yàl jmayà ......louhoullou él fèch ......ktèl rouhou.......’ ‘ ......Celui -là ?......il est seul...........enterré loin des autres .....on lui a lancé la pioche .........il s’est suicide...(voir explications ci dessous)


Cher père, je m’arrête de te déranger, je t’embrasse mais ne te quitte pas. A bientôt. “
papa était très connu à Tunis comme à la Goulette. Il connaissait tout le monde puisqu’il fréquentait assidûment les bars à BOUKHA. Ayouche comme sobriquet, David pour l’état civil. Marbrier de père en fils jusqu’à moi depuis plus de trois générations, son affaire périclita en 1956 due à la fuite des français. Il travailla bar man à la brasserie Suisse, avenue H. Bourguiba à Tunis durant trois pénibles années chez les frères Ktorza (esclavage). En 1963, il ouvrit une autre affaire rue Bab- El -Khadra. En 1970, je quittais le journal la Presse de Tunisie (directeur HENRI SMADJA et de COMBAT à Paris) et fus embauché à ses côtés. Le métier s’est transmis et j’en fus passionné. Aujourd’hui encore le marbre me manque. Je suis un orfèvre dans cette profession et n’ignore rien de ce noble matériau qu’il soit de Carrare ou du Brésil. A Paris, je suis........employé dans notre affaire ( avec mon frère .....dans les cosmétiques Afro-Antillais (accessoires et perruques) .D’un métier d’homme, je suis tombé bien malgré moi dans un métier de pédè.


Deux marbriers juifs existaient à Tunis jusqu’en 89 : ALLOUCHE et SIMEONI.Plus rien aujourd’hui.


EXPLICATIONS.A titre d’information, je rappelle pour ceux qui ignore cette ancienne pratique ,que le suicide, étant interdit par la religion, le suicidé n’avait pas le droit ni le privilège d’être enterré avec les “morts normaux”. Le fossoyeur, à l’époque, en présence de la famille (et du corps) se saisissait de sa pioche et la lançait aussi haut et aussi loin qu’il le pouvait .Comme un lancer de marteau olympique. L’impacte de la pioche sur le sol déterminait l’endroit à creuser la fosse. Il existe une légende et un proverbe populaire qui dit./
‘Jéw bèch yédèfnouhou .......kamelèm ou arrabéllem bèl féch.....”


(‘On est venu pour l’enterrer.....il s’est levé et s’est sauvé avec la pioche”)

Cette pratique à disparu depuis longtemps.




SA TOMBE AU BORGEL.

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Par catger - Publié dans : RICHARD SOMELIER - Communauté : SOCIETE

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