Mardi 3 août, date qui jusqu'à présent n'avait aucune signification. Aujourd'hui, elle marque le jour où la guerre du Liban 3 n'a pas eu lieu. Pourtant, la région est passée bien près de la catastrophe. Flashback.
Il est 12h30 à la frontière nord d'Israël. Les hommes du génie militaire viennent pour déraciner un arbre le long de la frontière qui sépare l'Etat hébreu du Liban. Une opération totalement anodine et fréquemment pratiquée par ces militaires. Car la zone doit être libre et dégagée de tout ce qui pourrait empêcher les soldats israéliens de contrôler ce qu'il est convenu d'appeler la 'ligne bleue'.
Sachant la région sensible, le commandement de l'armée prévient l'état major de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban) de tout déplacement ou action de ses soldats. Ainsi en a-t-il été pour ces 'travaux' le long de la frontière. Cette information est confirmée par la FINUL.
A l'heure donc prévue pour ces travaux d'apparence anodine, la tractopelle commence son travail. De l'autre côté de la frontière, un étrange scénario se déroule. L'armée libanaise est présente, lanceur de RPG à l'épaule. Avec elle, une foule de manifestants des environs et, plus étonnant, des journalistes, des photographes et des cameramen.
L'ambiance devient belliqueuse et les soldats de la FINUL, sentent que la situation est en train de leur échapper. Ils tentent d'arrêter les soldats libanais qui s'apprêtent à tirer sur le véhicule de travaux. Rien n'y fait. Les casques bleus n'ayant pas le droit d'utiliser leurs armes (sauf s'ils sont personnellement attaqués), ne peuvent stopper le ballet bien orchestré qui se déroule devant leurs yeux.
La première roquette part, suivie d'une autre. Les Libanais parlent de tirs de sommation. Pour le peu de connaissance que j'ai des règles militaires, les tirs de sommations s'effectuent en l'air et servent d'avertissement. Il y a fort à parier que le Lieutenant Colonel Dov Harari, tué sur le coup, et le capitaine Ezra Lakia, très grièvement blessé, n'apprécient que très moyennement le trait d'esprit des portes paroles de l'armée libanaise.
Israël réplique. Les chars se mettent en place à vitesse record et pilonnent le village d'Adaïsseh. La riposte israélienne fait mal et coûte la vie à trois Libanais ; deux soldats et un journaliste.
Voici les faits reconstitués dans leur chronologie. Il aura fallu plusieurs heures avant que l'on obtienne des informations à peu près fiable, et surtout que l'on apprenne la mort des libanais. Ce n'est qu'en début de soirée que la mort du soldat de réserve israélien a été officiellement annoncée.
Dans l'intervalle, les déclarations libanaises fustigeant Israël et accusant ''l'ennemi sioniste'' de violer la résolution onusienne 1701 s'étalent en gros titre sur tous les médias.
Mais cette fois-ci, la mèche du pétard semblait mouillée et l'effet d'annonce n'a pas impressionné l'opinion internationale comme escompté. Et ce pour la bonne raison que, pour la première fois, la FINUL s'est rangée du côté de l'Etat hébreu et a simplement dit la vérité par la voix de son porte-parole, le lieutenant-colonel Naresh Bhatt, qui a déclaré que "les arbres qui étaient abattus par l'armée israélienne se trouvaient au sud de la ligne bleue, du côté israélien".
Pas d'incursion en territoire libanais donc pas de raison de tirer.
La présence en nombre des médias au moment de l'accrochage prouve, si besoin était, que l'action était préméditée et savamment orchestrée. Les images de la télévision libanaise, reprises sur toutes les télévisions du monde, le prouvent. Du moins à ceux qui veulent bien appeler un chat, un chat. Pour les autres, les images n'ont que la valeur de ce qu'on leur fait dire.
Reste le plus important : à quoi pouvait donc servir cette mascarade meurtrière ? La réponse est malheureusement fort simple.
Le tribunal spécial pour le Liban est en passe d'accuser officiellement le Hezbollah du meurtre de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri. Il fallait donc détourner l'attention de l'opinion du mouvement terroriste chiite. Et cette attaque vient à point nommé.
L'armée libanaise dans cette région est composée à 80% de chiites affiliés, au moins idéologiquement, au Hezbollah. A noter aussi, que rien ne se passe au sud Liban sans l'autorisation de Hassan Nasrallah. Le sayed s'est d'ailleurs bien gardé d'intervenir dans ce dossier, histoire peut-être de se créer un alibi… Il ne fait aucun doute que l'armée libanaise a agi avec le consentement du Hezbollah (si ce n'est avec les ordres).
Autre explication, qui pourrait aller conjointement avec la précédente : torpiller la possible reprise des négociations directes entre Israël et les Palestiniens. Après l'attaque sur Eilat et Aqaba au sud, dont tout le monde sait qu'elle a été commanditée par le Hamas, vient cet accrochage au nord avec le Liban.
Et comment ne pas relier ces deux évènements avec Mahmoud Ahmadinejad qui finance, arme et entraîne ces deux entités terroristes que sont le Hamas et le Hezbollah ? Pour le président iranien, il ne peut y avoir de paix dans la région tant qu'Israël existera. La reprise des négociations est donc pour lui une sorte d'abomination qu'il faut empêcher par tous les moyens.
La boucle est bouclée. Tirs de roquettes depuis la bande de Gaza, tir de missiles GRAD au sud, tir à la frontière nord. Ces trois évènements sont intimement liés et sont destinés à faire craquer Israël, à le pousser à la confrontation. Comme ce fût le cas en 2006.
Heureusement cette fois-ci, l'establishment militaire et le gouvernement ont gardé leur sang froid et ne se sont pas laissés prendre au piège.
Terrible stratégie de déstabilisation qui a coûté la vie à des innocents de part et d'autre. Tout cela pour un arbre. Méfions-nous quand même, dans cette région du monde, l'arbre cache souvent la forêt…
Meïr Azoulay
Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, aux mains des terroristes du Hamas depuis 1504 jours. Espérons qu'il pourra rapidement retrouver ceux qui l'aiment et qui souffrent de son absence.
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