vendredi 16 mars 2012

Un dimanche à Ashdod....



Un dimanche à Ashdod....


Dimanche dernier, j'avais une obligation administrative à Ashdod, une des cibles privilégiées des terroristes de Gaza.
En raison de la situation (Hamatsav , c'est ce qu'on a l'habitude de dire en Israël), j'ai téléphoné, samedi soir, à la personne que je devais rencontrer pour savoir si elle serait à son travail le lendemain afin de ne pas me retrouver devant une porte close, les établissements scolaires étant fermés, nombreux sont les parents qui ne peuvent aller au travail, il faut bien s'occuper des enfants lorsqu'ils sont sous les bombardements.



Mon interlocutrice me dit qu'elle sera à son bureau, mais bien sûr, si je le souhaite, moi qui viens du centre du pays, je peux remettre le rendez-vous, elle comprendrait très bien. En aucun cas, lui ai-je répondu, on ne va pas laisser les terroristes nous dicter notre emploi du temps, la vie doit continuer, bien au contraire, et c'est l'occasion pour ceux qui ne sont pas dans la zone des missiles de venir témoigner leur solidarité à ceux qui sont des cibles quotidiennes.

Nous voilà donc partis, mon épouse et moi, le dimanche matin pour Ashdod qui se trouve, pour ceux qui l'ignorent, à 35kms au sud de Tel Aviv et à 35kms au nord de la bande de Gaza. 

Depuis vendredi après-midi, 120 missiles, dont certains au phosphore, se sont abattus sur le sud d'Israël, les terroristes visant systématiquement les civils, alors qu'ils pourraient, s'ils étaient vraiment des "combattants", comme se plaisent à les qualifier de manière surréaliste les médias occidentaux dont l'AFP, cibler les bases militaires, pourtant nombreuses dans la région.

Sur la route, rien de particulier à noter, la routine, ce qui est synonyme d'embouteillages, en Israël.
La radio mentionne de nouveaux tirs sur Beershéva, Ashkélon et Ashdod.

Nous arrivons sans encombres à l'adresse indiquée où règne une activité tout à fait normale. Nous sommes accueillis chaleureusement et attendons quelques instants pour être reçus par la personne avec laquelle nous avons rendez-vous. Les secrétaires sont au téléphone parlant avec des clients, mais aussi, je le constate, avec les grands-parents qui s'occupent des enfants ou avec les enfants eux-mêmes pour les réconforter et les rassurer.

Soudain, nous entendons retentir une sirène et, dans le calme, nous sommes invités à nous diriger dans un abri se trouvant dans l'immeuble. Personne ne court, pas de panique, tout le monde a l'habitude.
On discute entre nous sur le "matzav" (la situation) pendant les 10 minutes durant lesquelles on doit impérativement rester dans un espace protégé. Les mamans parlent sur leur portable avec leurs enfants. Et puis on remonte au bureau, comme si rien ne s'était passé. 

Pour moi, qui suis de passage, ce ne fut qu'une fois, mais pour ces gens, c'est parfois 10 fois par journée de travail, sans compter lorsqu'on rentre à la maison.

Sitôt notre rendez-vous terminé, nous reprenons la route. La radio annonce que le missile GRAD tiré sur Ashdod a été détruit par notre système Dôme de Fer et ajoute que les deux terroristes "lanceurs" ont été éliminés.

Les dépêches des médias étrangers évoquent un raid de l'armée israélienne sur Gaza au cours duquel "2 Palestiniens ont été tués"…
Toute l'année, sans que personne n'en fasse mention, les localités frontalières (70.000 personnes), éloignées jusqu'à 7kms de la frontière avec Gaza, reçoivent quotidiennement des projectiles sur la tête, sans que Tsahal ne réagisse.

Jusqu'à présent, les missiles des terroristes palestiniens couvrent un rayon de 40kms.
Bon, maintenant on transpose tout cela dans l'est de la France.
Imaginons que des nationalistes allemands veuillent récupérer l'Alsace qu'ils considèrent comme une terre germanique.
Ils se trouvent à Kehl, la localité allemande frontalière de Strasbourg. Les deux centres-villes sont séparés de 7kms.
Ces dingues tirent tous les jours sur Strasbourg. Mais ils canardent également toute la région entre Haguenau au nord (40kms) et Obernai au sud (35kms). En plus, ils tentent de pénétrer en Alsace pour y commettre des attentats meurtriers dans les centres commerciaux, les restaurants, les écoles.

L'armée française possède des bases tout le long du Rhin, mais ces "combattants" ne les prennent pas pour cible (si c'était le cas, les "combattants" qui s'attaqueraient à la France deviendraient, comme par magie, des "terroristes" dans le vocabulaire de l'AFP).
Il y aurait régulièrement des blessés, de temps en temps un mort, pas beaucoup, non pas à cause de la délicatesse des terroristes, mais grâce au système anti missiles. L'activité économique serait paralysée, les gosses n'iraient pas à l'école.

Que ferait le gouvernement français ? Comment réagirait l'opinion publique ? Pas besoin d'être un grand stratège pour vous prédire la suite.
Les Rafales et les Mirages entreraient en action. Ils bombarderaient les postes de commandement terroristes, même si ceux-ci sont cachés dans des immeubles d'habitation au risque de faire des victimes "collatérales".
Les drones français (dont certains de fabrication israélienne) élimineraient les terroristes s'apprêtant à tirer leurs projectiles sur Strasbourg.

Les Nations-Unies condamneraient "les attaques insupportables contre les populations civiles frontalières françaises", mais ne dénonceraient pas les raids français de représailles.
Mélenchon et l'extrême-gauche défileraient de la République à la Bastille en hurlant "NON à la guerre".
La blondasse exigerait que l'on bombarde au napalm et que l'on rase Kehl, mais aussi, pour leur donner une leçon, toute la région industrielle de la Ruhr.

Hollande irait négocier à Munich et Sarkozy arrêterait tous les ressortissants allemands se trouvant sur le territoire de la République française.
Je caricature ? C'est vrai, quoique…

Moins d'une heure plus tard, je suis de retour chez moi, au-delà des 40kms du rayon de tir des terroristes palestiniens.
Attention, encore quelques kilomètres au nord et je me retrouve dans le rayon de tir du Hezbollah…

Marc Femsohn
redaction@guysen.com

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