Parachat Vayikra – Rosh Hodesh Nissan
Le culte sacrificiel...
Le livre de Vayikra s’ouvre par une description des offrandes et sacrifices, éléments essentiels du service sacerdotal dans le Temple, instauré par la Thora et introduit par cet appel :’’L’homme d’entre vous qui veut offrir à l’Eternel une offrande …’’ (Vayikra I - 2).
Certes, le service sacrificiel n’est pas l’apanage du peuple d’Israël au temps du temple.
Beaucoup d’autres peuples pratiquaient aussi un culte sacrificiel , mais dans un tout autre esprit que le service sacerdotal au Temple. Chez ces peuples, ce culte se traduisait avant tout par le renoncement et l’abstinence des adorateurs qui offraient des présents à leurs divinités, dans l’attente des bienfaits qu’ils recueilleraient en retour. C’est là la source d’inspiration qui caractérise l’esprit religieux gréco-romain , selon l’expression latine ‘’do ut des’’- ‘’donne afin que tu reçoives’’.
Les versions bibliques inspirées directement de cette perception cultuelle, ont quelque peu entaché le sens originel hébraïque du mot ‘’korbane’’, et se sont emparés de l’acceptation juive de ce terme. Dans le langage sacré hébraïque , le mot ‘’korbane’’, dérivé de la racine ‘’karev’’, exprime en tout premier lieu un rapprochement entre des éléments éloignés.
Rabbi Chelomo Itzhaqi souligne que toutes les offrandes dont il est question dans la section de la Thora intitulée ‘’Vayikra’’, proviennent de la bonne volonté de la personne et de sa propre initiative. En d’autres termes, c’est un présent offert personnellement. Comme indiqué par cette dénomination ‘’korbanoth nedava’’- ‘’des offrandes apportées en promesse de don’’.
Notons en rapport avec cela, la signification toute simple qui ressort de l’expression ‘’korbane lachem’’- ‘’la promesse d’un présent offert pour l’Eternel’’. ‘’Korbane lachem’’ ne désigne pas le bénéficiaire , mais détermine le projet espéré, soit la proximité du divin. Ceci ressort également , d’une part , de l’ordre des mots choisis ‘’korbane lachem’’ ; et de plus, de la césure fixée par la tradition pour ‘’korbane lachem’’, à travers les signes de cantilation qui séparent les deux mots ‘’korbane’’ ‘’lachem’’- une offrande comme approche de l’Eternel.
Le sens de cette coupure est contenu dans l’expression de la Thora ’’L’homme d’entre vous qui veut offrir à l’Eternel une offrande …’’ (Vayikra I - 2).
En d’autres termes, lorsqu’une personne parmi vous éprouvera le besoin de présenter une offrande pour approcher l’Eternel, c’est uniquement à lui qu’il devra l’apporter. Il paraît étonnant de préciser cela. Mais c’est de la sorte, que le verset veut exprimer son opposition à l’esprit du culte idolâtre, répandu chez les nations depuis les premières générations de l’humanité. Pour ces derniers, le culte sacrificiel, était rendu à des forces naturelles prises comme des divinités, et qui inspiraient leur conduite éthique et sociale. Un grand effort spirituel était donc nécessaire tout au long de l’histoire des civilisations humaines, pour sortir de cette emprise de l’idolâtrie et accéder à l’adoration d’un D… UN.
De notre temps, de nombreux cultes étrangers idolâtres, prennent la forme d’idéaux de tout ordre. La laïcisation de ceux-ci dissimule leur lien direct à une forme d’idolâtrie.
Il est évident que toute collectivité humaine repose sur des valeurs inspirées d’un choix spirituel, moral et humain. C’est en rapport à cela que la conduite de l’individu et de la collectivité est orientée.
Il arrive cependant que l’une ou l’autre valeur soit érigée comme étant suprême et absolue, et qu’elle soit imposée à tous de façon empirique.
Cela devient alors une forme de culte étranger à l’esprit de la Thora. C’est à cela que fait allusion cette parole de la Thora : ‘’zoveah lélohim yahoram bilti lado-naï levado’’ – ‘celui qui sacrifie aux dieux sera voué à la mort’’( Ex. XXII – 19).
C’est en le créateur et en son mode de vie présenté à l’humanité, dotée du libre arbitre, que la collectivité humaine se reconnaîtra, parée des facultés déposées en elle .
Dans l’esprit du judaïsme, la reconnaissance du principe absolu du monothéisme hébreu, passe par le D… UN, unique et absolu. C’est à lui qu’il convient de vouer un culte, et à nulle autre entité, quelle qu’elle soit, hormis lui.
C’est la raison pour laquelle, la tradition juive interdit formellement tout rapport à Moïse notre maître dans le service cultuel rendu à l’Eternel. La prière ne s’adresse jamais au D… de Moché, mais au D… de Avraham, d’Itzhaq et de Yaacov, les pères de la nation hébreu, précurseurs de la foi monothéiste et initiateurs de l’histoire du peuple d’Israël.
Le Grand Rabbin Chalom Benizri
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