lundi 5 mars 2012

Comment les Israéliens se sont installés à la frontière iranienne...


Comment les Israéliens se sont installés à la frontière iranienne


C’est la géographie qui conditionne l’histoire
Si Israël doit attaquer l’Iran, il y a de fortes chances pour qu’une partie de ses bombardiers décollent du territoire de son allié, l’Azerbaïdjan. Histoire d’une relation étonnante.


Pourquoi l’Azerbaïdjan est-il en passe de devenir crucial dans le grand jeu stratégique entre Israël, l’Iran mais aussi les Etats-Unis, la Russie, la Turquie ? Il y a bien sûr le pétrole dont déborde cette ex-République soviétique du Caucase.


Mais ce ne serait pas suffisant pour que ce pays, grand comme trois fois la Belgique et ne comptant que 8,5 millions d’habitants, soit devenu un enjeu planétaire. En fait, là, comme ailleurs, c’est la géographie qui a conditionné l’histoire.


Voyez la carte : l’Azerbaïdjan possède une frontière avec la Russie, la Georgie, la Turquie, l’Arménie et surtout avec l’Iran (611 km). Et il a de gros soucis avec presque tous ses voisins, excepté la Turquie. Normal, les Azéris en sont originaires.


Par contre, avec l’ancien maître russe, les relations sont aussi glaciales que le climat. Avec l’Arménie, c’est encore plus clair : à peine indépendants en 1991, les deux pays se sont livrés à une guerre sans merci pour une région contestée.


Avec l’Iran, il y a la pomme de discorde des 18 millions d’Azéris qui y habitent. Et qui réclament davantage d’autonomie, par exemple dans un système fédéral. Ce que refusent absolument les mollahs qui craignent un éclatement du pays.


Dans ce contexte… inamical, l’Azerbaïdjan a décidé, depuis un bon moment déjà, de jouer la carte occidentale. Le pays entretient de bonnes relations avec l’OTAN qu’il pourrait intégrer bientôt.


Bakou et Washington mettent aussi en œuvre une « coopération militaire bilatérale » dans le cadre de « la lutte contre le terrorisme international ». Et enfin, il y a Israël, avec qui le pays, quoique musulman, a d’excellents -encore discrets- rapports.  


Voici vingt ans déjà que les deux Etats ont noué d’amicales relations diplomatiques et qu’ils collaborent dans divers domaines (l’éducation, la santé, l’énergie). Et depuis 2008, au niveau militaire.


Un contrat d’armements de plusieurs centaines de millions de dollars a alors été signé, lequel inclurait l’envoi de « conseillers » pour apprendre les utiliser. Dit autrement, les Israéliens sont à la frontière avec l’Iran et son programme nucléaire.


C’est ainsi que l’Azerbaïdjan a accédé au statut, assez peu enviable, de haut lieu de la confrontation entre l’Iran et l’Etat juif. C’est là que se déroule une bonne partie de la guerre plus ou moins secrète qui les oppose.


Gardiens de la Révolution contre Mossad


Israël y disposerait de facilités électroniques qui, jointes à ses satellites militaires, lui permettraient de surveiller l’ensemble du territoire iranien. Les services de renseignements israéliens y auraient aussi installé plusieurs antennes.


C’est ainsi que le pays aurait servi de base de repli aux hommes qui ont assassiné l’un après l’autre cinq scientifiques iraniens, retardant d’autant leur programme nucléaire. Et, selon des « indiscrétions » israéliennes, l’Etat juif y aurait déployé plusieurs escadrilles aériennes.


L’Iran ne serait pas en reste : il a concentré quelques-unes de ses meilleures unités de « Gardiens de la Révolution » à sa frontière avec l’Azerbaïdjan et en aurait envoyé plusieurs milliers dans le pays, histoire d’impressionner son petit voisin.


Fin janvier, la police a arrêté un Iranien soupçonné de préparer des attentats contre l’ambassadeur d’Israël et un rabbin local (il y a 9.000 Juifs dans le pays et fort heureux d’y vivre, parait-il).


La tension s’est encore accrue lorsque le Premier ministre israélien a rattaché les récents attentats anti-israéliens en Inde et en Géorgie à celui qui venait d’échouer à Bakou. Téhéran a démenti toute implication et convoqué l’ambassadeur d’Azerbaïdjan.


Le Ministre iranien des Affaires étrangères l’a sommé d’empêcher le Mossad de mener des « activités » contre son pays. Dans la foulée, l’Iran a entamé un rapprochement avec l’Arménie.


Les mollahs n’ont aucune affinité avec ce pays chrétien, mais c’est l’ennemi de leur ennemi… Dans le même ordre d’idées, c’est sans doute aussi pour cela que le Ministre israélien des Affaires étrangères s’est prononcé contre la reconnaissance du génocide arménien.


Pas question de vexer un allié stratégique qui vient d’ailleurs de prendre une importance nouvelle : l’Azerbaïdjan est devenu en octobre 2011, un des membres non permanents du Conseil de Sécurité de l’Onu, un endroit où Israël n’a pas tellement d’amis…


Il ne faut pas être prophète pour prévoir que l’Azerbaïdjan risque fort de revenir souvent à la "une" des médias ces prochains temps. Pour le meilleur ou pour le pire.


Charles Bakman

4 commentaires:

  1. Très bon blog pour qui est passionnée dans ce domaine = très bon blog pour moi ;-) ET en plus j'aime bien votre style et le choix de vos articles (je viens d'en lire 4). Je crois que cela mérite bien un petit commentaire d'encouragement de ma part ;-) ;-) ;-)

    RépondreSupprimer

La grandeur de Binyamin Netanyahou....

Binyamin Netanyahou était en visite aux Etats-Unis pour la conférence annuelle de l’AIPAC. Cette visite devait être triomphale. Elle a ...