Par Gabriel Coatantiec pour Guysen International News
![]() Ils avaient dû être dénoncés. En pleine nuit, une unité de S.S., comprenant des camions bâchés, des motos et des véhicules blindés, dirigée par des hommes de la Gestapo en gabardine cirée, vint cerner la maison. Les officiers à l’uniforme noir portant l’insigne à tête de mort hurlaient des ordres en faisant de grands gestes. Les soldats sautèrent des camions , enfoncèrent les portes à coup de pieds, à coup de crosse et en tirant à la mitraillette, envahirent les couloirs et les chambres, tirant sans ménagement de leur sommeil les enfants, les femmes et les vieillards qui étaient réfugiés depuis quelques mois dans cette maison isolée et se croyaient à l’abri. A coups de crosse, les S.S. poussèrent ces malheureux en pyjama et en chemise de nuit, sans leur laisser le temps de prendre quoi que ce soit, en vociférant pour les regrouper transis de froid et de peur dans la cour intérieure du bâtiment avant de les embarquer dans les camions bâchés qui attendaient dans l’ombre pour les conduire à la gare où attendaient les wagons à bestiaux du train de la mort à destination de Dachau . On entendait les pleurs des enfants et les cris des mères les appelant pour ne pas en être séparés. Un vieux rabbin tomba à genoux en priant : « Dieu tout Puissant, protège-nous ! » Dans le camion qui les conduisait vers la gare et le train de la mort, le vieux rabbin, épuisé par l’émotion, malgré la gravité de la situation, se mit à somnoler, bercé par le ronronnement du moteur .Il s’endormit et se mit à rêver. Il était dans la cour de la maison et priait : « Dieu Tout Puissant, protège-nous ». A cet instant, un grondement de tonnerre déchira le ciel, alors que la nuit était claire quelques instants auparavant. De lourds nuages noirs se formèrent et des éclairs illuminèrent la maison. Tout le monde dans la cour, bourreaux et victimes fut saisi de terreur en regardant le ciel. Cinq énormes engins volants, hideux comme des araignées ou des scarabées, ressemblant à des véhicules extra terrestres sortis d’un cauchemar de science fiction, s’immobilisèrent soudain à quelques mètres au dessus de la cour, tenant en l’air en vol stationnaire grâce à d’énormes pâles animées par un rotor qui faisait un bruit infernal empêchant toute pensée et figeant les spectateurs comme des statues de pierre. Ces machines semblaient douées d’intelligence car elles se positionnèrent de façon à encercler complètement la maison et la cour.
Brusquement, l’apocalypse se déchaîna. Du ventre de l’un des engins, une fusée s’alluma et avec un bruit terrifiant, comme si elle avait été attirée par un aimant, elle fila vers le premier véhicule blindé qui explosa d’un seul coup. Les chauffeurs des camions bâchés, craignant le même sort sortirent précipitamment de leur habitacle. Bien leur en prit car deux autres fusées les frappèrent au même moment. Essayant de retenir leurs soldats qui s’enfuyaient terrorisés, les officiers déchargeaient rageusement et inutilement leur révolver en direction du ciel. Cela n’avait duré que quelques secondes. Il y eut une accalmie et soudain, une dizaine de filins descendirent des engins volants. Des silhouettes sombres comme Fantômas descendirent en grappe rapidement jusqu’au sol. Là, elles se regroupèrent. Des soldats lourdement équipés, à la silhouette inhumaine comme des robots, protégés par des gilets pare-balles, munis de lunettes d’approche spéciales leur permettant de voir dans l’obscurité se déployèrent dans la cour tout en tirant et en tuant sans pitié chaque soldat ennemi qui tentait de leur faire obstacle. Les habitants de la maison étaient terrorisés, mais l’un des arrivants venus du ciel leur cria : « Nous sommes venus pour vous sauver. Nous avons peu de temps. Montez vite dans l’hélicoptère ! » Laissant les quatre autres le protéger et assurer sa couverture, l’un des engins descendit lentement au centre de la cour, sans arrêter son rotor dont le bruit était assourdissant et dont le souffle couchait l’herbe de la cour. L’embarquement prit un certain temps. On pouvait se demander si tout le monde allait pouvoir rentrer, mais l’engin était plus gros que les quatre autres et prévu pour cette mission. Quelques instants plus tard, l’hélicoptère de sauvetage décollait et les cinq engins volants s’élevèrent ensemble rapidement dans le ciel et disparurent comme ils étaient venus. Tout cela n’avait duré que quelques instants .Après les cris, le bruit et l’enfer, un silence de plomb retomba sur les survivants de l’unité S.S. qui regardaient le ciel, hagards, sans comprendre ce qui s’était passé. Dans l’hélicoptère, les rescapés transis se réchauffaient sous des couvertures tout en buvant du café brûlant. Ils étaient encore terrorisés devant l’inconnu. L’un d’eux posa au soldat qui les réconfortait une question qui lui vint à l’esprit, car il avait entendu parler d’armes nouvelles : - Qui êtes-vous ? Etes-vous américains ? La réponse fut la plus grande surprise de sa vie et il ne put pas le croire d’emblée : - Non, répondit le soldat. Nous sommes une unité d’élite de Tsahal, l’armée israélienne. - Comment cela ? Vous êtes Juifs ? Que l’on comprenne bien le choc qu’auraient pu ressentir des victimes de la Shoah si au plus fort de leur désespoir, quand les nazis paraissaient tout puissants, un repli espace-temps les avait mis en contact avec un commando israélien de l’une des armées les plus fortes du monde. Les réfugiés de l’hélicoptère, sans espoir, car ils pouvaient penser que Dieu lui-même les avait abandonnés n’auraient pas pu comprendre ce choc entre deux moments de l’Histoire, entre le passé et le futur, entre l’anéantissement programmé de la Shoah et la fierté future d’ Israël. - De quoi parlez vous, où sommes nous demandèrent les rescapés dans l’hélicoptère ? Le soldat essaya de leur fournir quelques explications. - Dans le Futur, quand Hitler aura perdu la guerre et sera mort, la nation juive renaîtra : ce sera l’ Etat d’ Israël. Elle aura une armée puissante : Tsahal. Nos savants qui sont les meilleurs du monde depuis Copernic, Einstein ou Opeinheimer ont étudié à partir des lois de la Relativité la possibilité des voyages dans l’espace-temps. - Mais si les juifs ont cette armée, pourquoi ne se bat elle pas contre Hitler et n’empêche- t’elle pas les rafles ? - Nous ne pouvons pas changer le cours de l’ Histoire, mais, sachez le , Hitler sera vaincu . Que cela soit pour vous une certitude qui vous soutienne. . C’est très difficile de voyager dans le temps et c’est très dangereux. Il faut un repérage très précis sur les lieux, au centimètre près et sur le timing à la seconde près, pour éviter de se matérialiser dans un espace-temps déjà occupé par un solide. Il faut des renseignements très pointus sur la micro période historique faisant l’objet de la mission et une section spéciale de notre service de renseignement, le Mossad, le meilleur du monde, y travaille à temps plein. La moindre erreur, le moindre repli de l’espace temps et c’est l’accident. Nous avons perdu plusieurs hélicoptères comme cela au début de nos essais. Mais nous allons dans le futur arracher un par un les juifs des griffes des nazis. Le vieux rabbin n’en pouvait plus : il tomba à genou en disant : « Béni soit le nom du Seigneur ! » A ce moment, un cahot de la route le réveilla et le sortit de son rêve. Il était toujours dans le camion bâché allant vers la gare, avec ses infortunés compagnons. Son cœur se serra, mais, il était étrangement apaisé, interprétant son rêve comme une réponse du Seigneur à sa prière. Malgré les souffrances actuelles, l’Espoir renaîtrait dans le futur. Il sentit une main sur l’épaule, qui le secouait : Il se réveilla sans savoir où il était : - Vous vous êtes assoupi. Réveillez-vous. Veuillez attacher votre ceinture. Nous arrivons bientôt à l’ aéroport Ben Gourion. - Où sommes-nous ? Où allons-nous ? - Vous allez à JERUSALEM !
Note
« Commando de choc » est une nouvelle de science-fiction ayant pour sujet Israël et la Shoah. Ce texte peut choquer les lecteurs peu habitués à la littérature de science-fiction. Il s’inspire des œuvres d’un grand écrivain qui s’est illustré dans ce genre littéraire, Robert Silverberg, auquel j’ai ai rendu hommage sur le site GIN (22 février 2009) Le point de départ de cette nouvelle est un mot d’enfant que m’a rapporté Paul Benaïm. Son jeune interlocuteur, Charley, 8 ans, lui avait posé une question inattendue :
« Pourquoi Tsahal n’est--il pas intervenu pendant la guerre pour empêcher la Shoah ? »
C’est à cet enfant que je dois l’idée de « Commando de choc ». Enfin, signalons, pour rendre justice à leurs auteurs, les actions désespérées de commandos juifs au cours de le Deuxième Guerre mondiale : des combattants de la Haganah ont été parachutés en Europe occupée, capturés par les nazis, torturés et assassinés.
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