lundi 26 septembre 2011

Le conflit israélo-palestinien touche-t-il à sa fin ?

Le conflit israélo-palestinien touche-t-il à sa fin ?

Le Point.fr - Publié le 26/09/2011

Face-à-face sans tabou entre Emmanuel Navon, membre de la droite israélienne, et Ghassan Khatib, porte-parole de l'Autorité palestinienne.

Le conflit israélo-palestinien touche-t-il à sa fin ?

Les désaccords entre Israéliens et Palestiniens n'ont peut-être jamais été aussi nombreux. © -/Ng Han Guan / DR/Sipa


Après la demande d'adhésion par Mahmoud Abbas d'un État palestinien au Conseil de sécurité de l'ONU, Le Point.fr donne la parole à Emmanuel Navon, professeur de relations internationales à l'université de Tel-Aviv et candidat sur la liste du Likoud (droite) pour les prochaines élections à la Knesset, et à Ghassan Khatib, porte-parole de l'Autorité palestinienne. Une confrontation sans tabou.

Le Point.fr : Comment expliquez-vous le jusqu'au-boutisme de Mahmoud Abbas à l'ONU ?

Emmanuel Navon : Abbas ne veut pas négocier. Il fait preuve d'un culot incroyable lorsqu'il se plaint de l'absence de dialogue, alors qu'il boycotte depuis deux ans et demi les pourparlers avec Israël. C'est une histoire comparable à celle de l'enfant qui assassine ses parents et qui, lorsqu'il se trouve en face du juge, présente comme circonstance atténuante le fait qu'il soit orphelin. L'établissement d'un État palestinien doit être conditionné par un accord de paix. Je m'oppose à la création d'un tel État dès lors qu'il a pour but de continuer la guerre avec Israël. D'autre part, cette adhésion poserait notamment la question de la légalité du contrôle partiel israélien. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les Palestiniens utilisent cette méthode pour rendre illégale toute présence israélienne au-delà de la ligne verte.

Ghassan Khatib : Le but de la démarche onusienne est aussi bien la création d'un État palestinien que de mettre les Israéliens sous pression afin de les amener à cesser la colonisation en Cisjordanie. Le président Abbas reprendra les négociations à l'instant où les Israéliens mettront un terme à l'extension des colonies, que ce soit avant ou après le vote d'un État palestinien au Conseil de sécurité. D'autre part, le président Abbas a toujours réclamé l'arrêt de la colonisation, mais, tout comme l'administration américaine, il s'est rendu compte d'une énorme contradiction : l'expansion des colonies se poursuivait malgré le dialogue. Il s'est donc retiré.

À l'heure du printemps arabe, l'opposition de Barack Obama à la création d'un État palestinien à l'ONU n'a-t-elle pas fermé la porte à toute résolution du conflit ?

E. N. : Obama a insisté sur le fait qu'il soutient la création d'un État palestinien dans le cadre de pourparlers, comme pour le récent cas du Sud-Soudan. Cela ne peut se faire de façon unilatérale des déclarations de l'ONU. Si c'était le cas, demain les Corses, les Basques ou même les Catalans pourraient réclamer leur indépendance. D'autre part, on n'a pas eu de printemps arabe. Il y a eu des révoltes contre les dictateurs, mais aucune démocratisation dans les pays arabes. Regardez l'Égypte, où une dictature militaire a été remplacée par une autre dictature militaire, avec le risque d'une victoire des Frères musulmans aux élections. Il n'y a pas dans le monde arabe de véritable préoccupation pour les Palestiniens.

G. H. : Ce discours nous a déçus. Il illustre de nouveau le déséquilibre de la position américaine en faveur d'Israël, ce qui est d'ailleurs la raison pour laquelle les Américains ont échoué en tant que médiateur de ce conflit. Le problème est que les Américains traitent le conflit israélo-palestinien comme s'il faisait partie de la politique intérieure américaine. Je trouve enfin que les États-Unis pratiquent un double standard. D'un côté, ils soutiennent la lutte pour la liberté dans le monde arabe, mais, de l'autre côté, ils n'appuient pas le combat des Palestiniens pour la liberté. Pire, ils semblent protéger l'occupation israélienne, ce qui nous empêche d'accéder à nos droits naturels. Il est temps que les Américains soient remplacés par les Nations unies dans la résolution du processus de paix.

Le statu quo dans les négociations n'arrange-t-il pas Israël dans son projet de poursuite de la colonisation ?

E. N. : Le terme de colonisation est complètement choquant et inapproprié. Nous ne sommes pas une puissance coloniale, comme l'ont été les Britanniques en Inde ou les Français en Algérie. C'est notre terre. La terre d'Israël appartient historiquement au peuple juif. Maintenant, nous savons qu'il y a sur cette terre un autre peuple et qu'il faut trouver un compromis. Mais si la présence de Juifs est illégitime et illégale dans Hébron (Cisjordanie), qui est une ville juive depuis plus de 3 000 ans, alors je ne vois pas quelle est la légitimité de leur présence à Tel-Aviv. Ce n'est pas parce qu'il y a une ligne de démarcation arbitraire que, de l'autre côté de cette ligne verte, ils n'ont pas le droit de vivre. Les Israéliens courent enfin le risque d'assister à une répétition de la bande de Gaza, d'où 12 000 roquettes se sont abattues sur notre pays, si Israël démantèle toutes ses implantations et se retire de Cisjordanie.

G. K. : Israël ne veut pas d'un État palestinien, qui mettra fin à leur occupation. Ils ne sont intéressés que par la poursuite du contrôle illégal des territoires palestiniens. Israël est un pays colonisateur, qui souhaite continuer à contrôler la terre d'un autre peuple. En réalité, ils veulent la paix et l'occupation en même temps. Et cela ne marche pas. D'autre part, pourquoi ne parlons-nous pas de ces colons israéliens qui ont brûlé ces derniers jours pas moins de huit mosquées et qui n'ont pas été poursuivis par Israël ? Pourquoi ne parlons-nous pas de ces arbres abattus, de ces propriétés vandalisées et de ces villageois attaqués dans leurs maisons au quotidien ?

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