mercredi 3 octobre 2018

Quand les amis de Salah Hamouri torturaient Antoine Sfeir....


Antoine Sfeir, né le 15 septembre 1948 à Beyrouth et mort le 1er octobre 2018 à Paris, est un journaliste et politologue franco-libanais. Il est notamment l’auteur de nombreux ouvrages sur des sujets liés au Moyen-Orient et au monde musulman.

Directeur des Cahiers de l’Orient, il préside également le Centre d’études et de réflexion sur le Proche-Orient (Cerpo) et a enseigné les relations internationales au CELSA
De 1968 à 1976, Antoine Sfeir est coresponsable du service étranger au quotidien francophone libanais L’Orient-Le Jour.
Il est victime, en 1976, d’un enlèvement pendant la guerre du Liban, durant lequel il sera torturé pendant sept jours par le FPLP (baïonnette dans le dos, coups de crosse sur les doigts et dans la mâchoire, ongles arrachés…) qui lui laisseront certaines séquelles...
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Je me souviendrai de l’analyste Antoine Sfeir, toujours clair et pondéré sur le plateau de C dans l’air. Au Liban, alors qu’il était jeune journaliste, il a été arrêté par des Palestiniens du FLP.
Antoine Sfeir tentait d’envoyer de l’argent à sa femme par la poste. Les Palestiniens l’ont accusé d’être un agent au service des Israéliens, alors Antoine Sfeir s’est retrouvé séquestré pendant plusieurs jours et torturé par ces types qui voulaient le voir dénoncer d’autres personnes.
Il était nu, avec un couteau dans le dos et sous les parties génitales. Les gars actionnaient un système pour le torturer régulièrement.
Antoine Sfeir ne pouvait rien avouer car il n’avait rien à avouer. « Je me suis efforcé de ne pas pleurer par orgueil, c’était idiot », dit rétrospectivement l’homme. « Le plus dur était de ne pas savoir ce que j’allais devenir, si mes proches pensaient à moi, si tout ceci aller se terminer…La torture psychologique était plus dure que la torture morale ».
Un jour, sans qu’il comprenne pourquoi, les terroristes l’ont habillé et lui offert une cigarette. Ils se sont un peu disputés pour lui offrir la cigarette à son goût. « Lorsque je suis rentré chez moi, j’ai pris une bouteille au goulot et je me suis saoulé… Sans cette épisode, j’aurais été un bourgeois libanais ».
Après cette sinistre expérience, Antoine Sfeir coupera les ponts avec son pays. C’en était fini du pays de la tolérance où les trois religions se côtoyaient paisiblement. « Ce n’est plus possible maintenant ». Il apprendra que l’un de ses tortionnaires a été un haut dirigeant palestinien, parti il y a peu.
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