Aujourd’hui, chaque français, à l’exception de la minorité qui profite du système (20%) possède de solides raisons d’être en colère.
Emmanuel Macron est le quatrième élu qui les a trompés.
Chirac : 12 ans de promesses folles non tenues. Sarkozy : 5 ans de reniements et de déceptions. Hollande : 5 années inutiles, perdues.
E. Macron arrive au bout d’une chaîne de désillusions. La confiance qui relie le peuple au Chef de l’Etat, ne tenait plus qu’à un fil.
Un fil usé. L’Affaire Benalla l’a brisé.
Ce qui en d’autres temps, n’eut été qu’une simple « bavure », un simple fait divers, est devenu un fait politique majeur.
Le Président donne une explication simpliste du phénomène. Il s’accroche à un scénario que tout un chacun perçoit comme dérisoire.
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Si tout se résume à une bavure suivie d’un licenciement, pourquoi ce malaise palpable chez tous ces hauts responsables qui sont passés devant la Commission parlementaire ?
Pourquoi ces silences embarrassés, ces explications confuses, parfois contradictoires ?
Enfin, dernier épisode de cette étrange affaire, la mise aux pas sans ménagement de la Commission parlementaire. Limiter ses investigations vise à protéger le Président. Ne s’est-il pas lui-même auto-désigné comme unique responsable ?
Poursuivre l’enquête dans ce contexte signifie Ipso-facto alimenter la culpabilité du Chef de l’Etat, par définition intouchable.
L’impensable est sur toutes les lèvres. S’il n’y a pas de fusible, si personne ne doit sauter, alors la charge explosive est sous le fauteuil présidentiel. C’est E. Macron qui l’y a mise.
On est ainsi passé d’une bavure à une « affaire » et d’une « Affaire » à une crise politique majeure, une crise du régime.
Macron s’est mis hors-la-loi. Tout seul.
Par sa conduite folle, il rend très difficile une sortie normale de la crise qu’auraient concocté ses conseillers.
Il est inconcevable qu’un coupable demeure impuni par le fait des lois, surtout si ce coupable est le Premier Magistrat du pays.
Dans une dictature, c’est la norme.
Dans une République, c’est un pur scandale qui porte un nom: imposture ? Forfaiture ?
Avec ses fanfaronnades (qu’ils viennent me chercher…) le Président mime l’attitude de son protégé (pourquoi t’as cogné? La vérité M’sieur, ils m’ont cherché… »)
Il descend dans l’arène. Il s’expose, oubliant que sa mission première est de protéger la fonction présidentielle, le corps sacré du Chef de l’Etat.
Dérisoire ligne de défense. Le message subliminal envoyé aux français est limpide: « sans Benalla je ne suis plus protégé, je dois me défendre tout seul. »
Aveu par lequel il exprime à la fois la place centrale occupée par Benalla et la nullité des structures officielles chargées de sa protection.
Par l’aveu de sa responsabilité, il énonce très clairement qu’il ne veut pas être protégé par les hauts responsables chargés de sa sécurité, ni avant la bavure, ni après.
Encore une fois, comme son protégé, E. Macron n’a pensé qu’au droit qui le met a l’abri des poursuites judiciaires.
Mais ce faisant, il tombe de Charybde en Scylla.
Échappant au droit, l’aveu de sa responsabilité pleine et entière, le fait basculer dans la sphère morale.
Là, nul ne peut le sauver. Il est perdu.
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Une faute morale perçue par tous devint une faute politique majeure.
Elle est ineffaçable.
E. Macron a mis le doigt dans l’engrenage qui le conduit logiquement soit devant le peuple, soit à l’impuissance et à la démission.
La Constitution le protège des Juges. Il s’est placé hors du regard des élus de la nation en faisant pression sur la Commission d’enquête parlementaire.
Il est seul. Pour regagner confiance et légitimité, il ne lui reste qu’une seule voie, celle du référendum.
A défaut demeure le spectre de la démission.
« Je suis la plaie et le couteau et la blessure et le bourreau ». Baudelaire.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Sidney Touati pour Dreuz.info.
A propos de l’auteur
Sidney Touati est avocat fiscaliste, auteur de plusieurs ouvrages dont La face cachée de l'affaire Tapie, aux éditions Tatamis.
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