mardi 12 juin 2018

Le lac de Tibériade va être alimenté en eau de mer dessalée –


Les ministres du cabinet ont approuvé dimanche un programme d’urgence de gestion de la sécheresse à hauteur de 105 millions de shekels pour tenter de réhabiliter sept cours d’eau du nord d’Israël, une initiative sans précédent visant à faire entrer de l’eau dessalée directement dans le lac de Tibériade dont le niveau est dangereusement bas.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a estimé qu’il s’agissait « d’un plan d’urgence pour s’attaquer au problème de la sécheresse » émanant du changement climatique.
« Au cours des années, Israël a montré une capacité étonnante à gérer le problème de l’eau, qui a causé des conflits sans fin dans notre région depuis des milliers d’années et aussi dans notre nouvelle ère », a-t-il déclaré au début de la réunion hebdomadaire de cabinet. « Mais grâce aux technologies, aux initiatives et à la créativité, nous sommes parvenus à le dépasser ».
Selon l’Autorité israélienne de l’eau, une sécheresse de cinq ans a plongé les nappes phréatiques à leur plus bas niveau depuis au moins 98 ans, lorsque les scientifiques ont commencé à prendre les premières mesures dans les années 1920.
Le nord d’Israël vit actuellement l’une de ses pires sécheresses en un siècle, laissant les nappes phréatiques du pays avec un déficit d’environ 2,5 milliards de litres-cubes d’eau, en comparaison avec les années où il n’y avait pas de pénurie à déplorer.
Ce déficit est équivalent à un million de piscines olympiques, avec une eau qui s’écoulerait normalement via les ruisseaux et les nappes souterraines vers le lac de Tibériade et autres source hydrauliques.
Visitors top up their glasses with treated sea water at a desalination plant near Hadera (photo credit: Shay Levy/Flash90)
Des visiteurs remplissent leurs verres avec de l’eau traitée dans une usine de dessalement située aux abords de Hadera (Crédit : Shay Levy/Flash90)
Le plan approuvé dimanche comprend également deux nouvelles usines de désalinisation, qui seront construites sur la côte, dans l’ouest de la Galilée. Le ministère de l’Energie et de l’eau a également établi des objectifs de dessalement à l’horizon 2030 qui viendront doubler la production actuelle d’eau dessalée, à 1 100 millions de mètres-cubes.
De plus, le programme fera venir de l’eau dessalée directement dans le lac de Tibériade pour s’attaquer à son niveau actuellement exceptionnellement bas. « Nous transformons le lac de Tibériade en réservoir pour l’eau désalinisée », a expliqué dimanche Netanyahu. « C’est innovant et important, au moins dans l’ampleur de notre action, et cela n’a jamais été fait jusqu’à présent ».
Le lac de Tibériade se trouve actuellement à 213,46 mètres en dessous du niveau de la mer, à un demi-mètre en dessous de la zone de danger de la ligne rouge la plus basse. En 2001, le lac de Tibériade se trouvait à un niveau encore plus bas, à 214,87 mètres en dessous du niveau de la mer, ce qui avait été qualifié de « ligne noire » pour le lac.
Cette ligne noire est un niveau dangereusement bas susceptible de créer des problèmes écologiques irréversibles, et notamment une augmentation de la salinité de l’eau et une prolifération d’algues qui peuvent entraîner des dégâts permanents à la qualité de l’eau ainsi qu’à la faune et à la flore. L’année dernière, l’Autorité de l’eau a dû pomper 17 000 tonnes de sel dans le lac de Tibériade pour s’assurer que les niveaux bas de l’eau n’entraîneraient pas une eau trop salée.
En quatre ans, jusqu’à cent millions de mètres-cubes d’eau dessalée pourraient être envoyés dans le lac de Tibériade.
Vue du lac de Tibériade, dans le nord d’Israël, le 19 avril 2017 (Isaac Harari / FLASH90)
Depuis l’arrivée des usines de dessalinisation, Israël ne réaffecte que 30 millions de mètres cubes d’eau du lac de Tibériade au système national d’eau, ce qui est le minimum pour faire fonctionner le réseau.
Toutefois, de nombreuses communautés du nord du lac de Tibériade ne sont pas liées au système national et s’appuient sur des cours d’eau, en les déviant. Le programme approuvé dimanche donne pour instruction à l’Autorité de l’eau de développer un plan à la fin de 2018 pour connecter les parties restantes du pays à l’eau dessalée, de manière à ce que ne soient plus détournés les 150 millions de mètres-cubes d’eau du lac.
La somme de 105 millions de shekels sera investie dans sept cours d’eau, au nord, et notamment dans les rivières Kishon, Hadera et Zippori. Une partie de leur réhabilitation comprendra des pompages directs d’eau dessalée. Des flux plus importants dans les cours d’eau et dans le lac de Tibériade devraient aussi permettre à l’Autorité de l’eau d’améliorer l’écoulement du fleuve Jourdain vers la mer morte, qui ne cesse de baisser à un taux approximatif de 1,1 mètre par an.
Les scientifiques étudient encore les effets du pompage d’eau désalée directement dans les voies d’eau naturelles de l’Etat juif. L’année dernière encore, ce plan était considéré comme une mesure temporaire d’urgence, mais après que le nord d’Israël a connu des pluies inférieures à la moyenne pendant cinq années d’affilée, les experts ont décidé de se re-pencher sur cette proposition.
« Ce plan stratégique s’attaquera à la situation exceptionnelle de sécheresse continue que nous avons connue les cinq dernières années, qui a amené l’économie de l’eau en Israël à la plus importante pénurie naturelle depuis cent ans et les ressources hydrauliques, dans le nord, à un niveau de bassesse sans précédent », a commenté le ministre de l’Energie et de l’eau Yuval Steinitz dimanche.
Le mois dernier, l’Autorité de l’eau a lancé une campagne de plusieurs millions de shekels d’annonces de service public pour rappeler aux citoyens que l’eau dessalée n’est pas une « cartouche magique » et que les Israéliens ont encore besoin d’économiser l’eau.

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