mercredi 28 février 2018

“C’est Pourim, on renverse tout”! Et si on changeait ?


Que changeriez-vous dans la communauté francophone d’Israël en particulier et dans la société israélienne en général?


Marc Eisenberg
Président fondateur de Qualita
NON RIEN DE RIEN, NON JE NE…
Vous attendez sans doute que je vous réponde : « diplôme des infirmières, réforme du permis de conduire, réchauffement climatique avec le Ministère de l’Alyah… », que je rêve à la multiplication des succès de Qualita : augmenter de 70 à 120 les amoutot partenaires, de 860 bénévoles à 2000 pour Qualitime et de 150 à 300 placements professionnels dans le Hub de Qualita… et à une révolution dans la mentalité des municipalités et ministères israéliens : comprenant l’opportunité incroyable de faire monter 150 000 juifs de France, la main dans la main avec les associations francophones, ces autorités qui multiplieraient les initiatives pour l’intégration professionnelle, pour les adolescents, pour la reconnaisse des diplômes…
Je devrais rêver que nos Olim soient plus persévérants dans leurs démarches administratives et pour certains affichent moins une mentalité d’assisté ?
Eh bien Non!
Vous me demandez donc ce que je souhaiterais changer au sein de la communauté francophone et plus généralement en Israël.
Et j’ai fini par trouver : Je ne change rien bien-sûr !
Que voulez-vous que je change ?
Dois-je vraiment encore attendre un changement de cet homme qui a déjà préféré à son confort parisien le déracinement, le renoncement et les ruptures, pour emmener avec lui sa famille en terre – en réalité – inconnue ?
Et qui suis-je moi, qui débarque avec ma prétendue politesse, mon clignotant et mes coquillettes, pour exiger d’un peuple qu’il me tienne la porte, qu’il renonce à son klaxon intempestif, à ses zigzags sur l’autoroute  et qu’il importe les produits Lustucru en version cachère la mehadrin ? Je suis déjà accueilli avec téoudat zéout et « panier d’intégration » à la descente de l’avion ! Quel « migrant » peut en dire autant aujourd’hui ? Je ne change rien bien sûr !
Car en réalité, c’est le monde qui change, et c’est très bien comme ça. Et selon les mots du grand philosophe Francis Blanche: « Face au monde qui change, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement ».
Plus sérieusement, je ne change rien car je crois très fort à la rencontre des deux mondes. La communauté francophone en Israël, c’est comme la brebis qui retrouve son troupeau, parce que « la vraie patrie est celle où l’on rencontre le plus de gens qui vous ressemblent » disait Stendhal. Mais la communauté francophone et Israël, c’est plus qu’une rencontre, c’est un destin. Et c’est l’effort de chacun qui en fait une très belle histoire d’amour.

Bernard Zanzouri
Directeur général à A.D.O l’excellence pédagogique

On enleva un jour le fils unique d’un roi. Ce dernier chercha son enfant partout, son armée fouilla le moindre recoin du royaume, mais en vain. Et, durant de longues années, on considéra le petit prince comme perdu.  Cependant, celui-ci avait réussi à échapper à ses ravisseurs, mais, très loin du château de son père et des protocoles de la vie royale, vivant d’expédients, il fit de nouvelles rencontres et s’habitua à une vie bien plus simple, à des manières parfois grossières et à un langage peu châtié. Le hasard voulu que quelqu’un reconnut une bague qu’il portait et, de fil en aiguille, on le ramena à son père. Pourtant, dès les premiers jours au château, les conseillers vinrent se plaindre devant le roi: le prince marche sur la table en riant, il n’écoute jamais personne, il fait des cabrioles et des sauts périlleux en permanence, ne respecte aucun code, ne récite pas les grâces, etc.
Mais le roi n’en avait cure. Dans la joie d’avoir retrouvé son unique enfant, il balayait les craintes et les plaintes d’un revers de la main, car son fils était de retour, et c’était ça l’essentiel.
Pour moi, cette histoire répond à vos deux questions. Les francophones en Israël ne doivent rien changer, si ce n’est le fait de se parler et de s’écouter avec respect, qu’elles que soient leurs idées. Ils ont fait le plus important en trouvant le courage de revenir sur leur terre. Et Israël ne doit rien changer non plus. Ou si peu. Car l’essentiel, c’est que le fils soit revenu dans son pays.  Dans son palais et celui de ses pères. Et s’il veut pousser les gens dans le bus, mettre du amba dans sa pita et de l’excitation dans chacune de ses actions, on s’en fiche. Son énergie se canalise déjà d’ailleurs. Dans le high tech, dans l’agriculture, dans l’étude de la thora, et même dans les séries télé, avec une aumône comme budget, tout ce qu’il touche fleurit. Il semble rude, mais il se presse par dizaines de milliers à l’enterrement d’un soldat inconnu ou au mariage d’une fille qui a perdu toute sa famille. Il paraît insensible, mais se mobilise de tout son être pour aider la veuve et l’orphelin. Le juger est une aberration. Le regarder grandir, un conte de fée.

Caroll Azoulay
Consultante en communication et journaliste

La folie c’est de se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent disait Albert Einstein. Alors oui, vive le changement mais par quoi commencer ? Probablement par le regard que nous portons sur l’autre et donc sur nous-même. Par un sourire adressé aux inconnus que nous croisons dans le bus ou au feu rouge et à notre reflet dans le miroir le matin. Un micro changement pour un effet papillon qui inciterait peut-être à se faire un peu plus confiance les uns et les autres et un peu moins de concurrence… La communauté francophone est vivante, pleine de talents. Elle propose des initiatives, fait preuve de bonne volonté et de générosité mais se confronte toujours à un manque d’unité chronique qui nous affaiblit et décourage nos meilleurs éléments qui choisissent alors de prendre le large. Existe-t-il une baguette magique qui puisse nous fédérer, nous réunir et nous rassembler ?

Judith Mergui
Humoriste, one woman show

JEU DE RÔLE !
Que changer dans la société francophone Israélienne?
Je suis admirative de ma communauté dynamique et courageuse, qui a, il faut le rappeler, quitté une Europe économiquement confortable pour relever le challenge de l’alyah.
Mais il est vrai que nous Francophones, avons des difficultés à abandonner nos petites habitudes.
Nous aimons nos façons de faire “à la française” et n’aimons pas sortir de notre zone de confort.
Alors plus qu’un changement, je proposerais plutôt une aventure.

Après Superman, et Zorro, je vous propose d’utiliser la force de Pourim pour oser nous déguiser en “Super Olé Hadash” !
Celui qui sort de ses carcans, qui dépasse ses peurs et qui ose plonger complètement dans la société israélienne.
Comme Esther qui a réuni toutes ses forces pour composer un rôle.
N’ayons plus honte de notre hébreu imparfait et osons le pratiquer quitte à faire trois fautes par phrase. Osons regarder la TV en hébreu, si on tient bon, on finira par comprendre!
Sautons sur les opportunités et apprenons de la Hutzpa israélienne pour créer des entreprises ou passer des entretiens d’embauches en hébreu.  Et tant pis si nous n’avons pas exactement le diplôme requis. Croyons en notre valeur et notre potentiel!

Se déguiser en quelqu’un d’autre c’est accepter d’abandonner un peu de soi.
Et je te l’accorde ce n’est pas toujours simple. Non il n’y a pas camembert ici, non aucun médecin ne te garde plus de 10 minutes en consultation et non même après 25 ans dans une société ton salaire n’augmente pas vraiment.
Mais il y a tant d’autres choses qui nous tendent les bras. A nous de les saisir.
Je crois en l’alyah de France, et en notre potentiel, nous avons tant à offrir à la société israélienne alors commençons par prendre ce qu’elle peut nous apporter.
A force de te déguiser en “Super Israélien”, tu le deviens un peu chaque jour et tu ne subis plus ton alyah mais tu la façonnes.
Et puis aucune inquiétude, une fois de temps en temps, tu peux t’autoriser à ranger le déguisement au placard, du moins le temps d’une soirée vin fromage devant un Louis De Funès ou pour venir voir mon tout nouveau spectacle “ Vous Auriez Pu Me Prévenir!” le 6 mars à Netanya! Réservations : www.judithmergui.com OU 0549014871

Claude Oliel
Secrétaire Général Fondation France Israël 
On ne change pas un pays qui gagne !
Pourquoi envisager de changer un tel miracle ? En 70 ans, Israël a tout réussi avec de plus, cette délicatesse et cette pudeur qui font qu’ici on a le doux sentiment que rien n’est fait pour que ça marche et tout fonctionne. La communauté francophone d’Israël s’est intégrée et s’intègre de plus en plus. Il est amusant de noter qu’en accueillant en très peu de temps autant de cultures, autant d’histoires, autant de couleurs, très vite la société israélienne digère élégamment toutes les différences présumées. C’est un déguisement de Pourim permanent !
Nous pouvons être certain qu’on oubliera qui dont les grands parents venaient de France, des Etats-Unis, de Russie, d’Afrique ou d’Australie. Bientôt, plus d’ashkénazes, plus de sépharades, que des Israéliens. Pour ceux qui osent encore critiquer notre pays, ouvrez les yeux, scrutez le monde, et regardez la misère ailleurs, elle est redoutable et remerciez le Maître de l’univers pour ce miracle quotidien. Amalek est en exil et nous de retour.

David Pasder
Directeur de société
Pourim – ונהפוך הוא

Être Francophone en Israël : un atout exceptionnel. L’éducation, l’ingéniosité, l’excellence et la culture françaises.
Quelques petites choses pourtant :
–          Ôter des couleurs du drapeau français le rouge … et ne garder que le bleu et blanc, symboles de sa nouvelle patrie.
–          Se construire tout en construisant Israël
–          Arrêter, avant même de le devenir, d’être un « Olé Hadash ». Être immédiatement « Israel minded »
–          Ne pas regarder en arrière, mais uniquement en avant. En un mot : FONCER
–          Être conscient en permanence que l’on a le privilège insigne de réaliser un rêve qui a duré 2000 ans et d’en être l’acteur
Quoi changer dans la société israélienne : moi-même ! Exceller et être le meilleur dont je suis capable.

Isaac Attia,
Docteur en Lettres, historien, chanteur et guitariste



Un Pourim “renversant”
Et si l’on avait la possibilité, à chaque Pourim, comme dans la méguilat Esther, de trouver les ressorts cachés qui permettent de renverser la situation, de changer le cours de l’histoire, le monde qui nous entoure, notre société ou notre communauté ? On pourrait par exemple créer un mouvement de retour à une identité hébraïque idéale qui s’appellerait “ivriout” et qui participerait ainsi à l’accomplissement de notre histoire collective. Cela n’a d’ailleurs rien d’utopique : dans la langue courante, le terme “ivriout” indique déjà l’action de changer son nom de famille “étranger” pour un nom hébraïsé, notamment pour les officiers supérieurs de l’armée ou les diplomates ; des hommes nouveaux pour un pays nouveau ! Mais sommes-nous des hommes nouveaux dans un pays nouveau ? Quand Mordehaï vient trouver Esther, lui demande-t-il de changer sa personnalité ou au contraire de se dévoiler telle qu’elle est pour assumer sa tâche, sinon quelqu’un d’autre le fera à sa place ? Savoir qu’on ne vit pas sa propre vie, on peut, à la rigueur, s’en accommoder, mais penser que quelqu’un d’autre va, à votre place, accomplir cette vie qui est la vôtre, c’est insupportable. Voilà le message “renversant” que l’on peut retenir de Pourim. Non pas changer le monde autour de nous, ni la société israélienne, ni même nos proches, mais dévoiler l’identité intérieure qui est en nous et qui est le plus beau cadeau que l’on puisse offrir au monde et à nous-mêmes. Rabbi Nachman de Bresslev le raconte et Georges Brassens en a fait une chanson : un “petit joueur de flûteau” peut être anobli par le roi, il peut refuser ou accepter son titre, mais il doit surtout rester lui-même car c’est à lui de faire entendre la musique qui est en lui.

Sophie Attal
Professeur de théâtre

Je changerais beaucoup de choses… Je donnerais à méditer à l’équipe de LPH en interne et à toute la communauté francophone israélienne le très beau texte de Delphine de Vigan tiré de son dernier livre: “Les Loyautés”

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