dimanche 14 janvier 2018

Publication du manuscrit de « J’accuse » de Zola....


Ce sont 39 feuillets d’indignation. Le manuscrit de la lettre d’Émile Zola au président Félix Faure pour dénoncer la machination contre le capitaine Dreyfus est publié samedi, 120 ans, jour pour jour, après sa publication dans le journal L’Aurore sous le titre « J’accuse ».
« Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière au nom de l’humanité qui a tant souffert et a droit au bonheur », écrit Zola d’une plume alerte, presque sans ratures, dans sa supplique passée à la postérité.
Les éditions des Saints Pères, une maison spécialisée dans la publication de manuscrits, propose (dans une édition limitée à un millier d’exemplaires) le fac-similé de cette lettre qui appartient à l’histoire de la presse et est devenue un symbole du combat pour la justice et la vérité.
Quand Zola écrit sa lettre, Dreyfus, un des rares officiers juifs de l’armée française, a été condamné à la prison à vie pour « espionnage » et croupit depuis trois ans à l’île du Diable.
Convaincu de l’innocence du capitaine, le journaliste anarchiste Bernard Lazare suivi bientôt par des « intellectuels » comme Charles Péguy, André Gide ou Marcel Proust se bat pour la révision du procès. Émile Zola fait partie de ceux-là.
Son style est limpide, son argumentation va crescendo. Il joue de l’anaphore en ponctuant son texte de « J’accuse » mettant nommément en cause les auteurs de la machination.
J'Accuse, by Emile Zola, in the Dreyfus Affair (photo credit: Wikimedia Commons)
J’Accuse, d’Emile Zola. (Crédit : Wikimedia Commons)
C’est Clémenceau, alors directeur de L’Aurore, qui trouvera le fameux titre accusateur qui barrera la Une de son journal.
‘Le traître : la Dégradation d’Alfred Dreyfus,’’ par Henri Meyer, qui dépeint la cérémonie de destitution de ses grades militaires du soldat juif. (Crédit : Wikimedia commons/ domaine public)
Dans la préface de l’édition publiée par les Saints Pères, l’Académicien Jean-Marie Rouart rappelle le courage qu’il fallu à l’auteur de Germinal pour écrire cette lettre.
« Rien sinon l’amour de la vérité ne prédisposait Zola à échanger sa position confortable d’écrivain à succès (…) pour une aventure pleine d’embûches, d’insultes et de tracas qui risquait de mettre en péril son travail d’écrivain », souligne Jean-Marie Rouart.
Poursuivi après la publication de sa lettre, Zola sera condamné à un an de prison et s’exilera en Angleterre.
Il sera « insulté comme peu d’écrivains l’ont été », rappelle Jean-Marie Rouart.
En 1987, l’arrière-petite-fille de Zola, propriétaire du manuscrit avait tenté de le céder aux enchères mais le ministre de la Culture, François Léotard s’y était opposé. Acquis par la Bibliothèque nationale de France (BnF) en 1991, il est consultable gratuitement sur Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF.

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