Samedi dernier, le président français a appelé au devoir de mémoire à l’occasion de la journée mondiale à la mémoire des victimes de l’Holocauste. Problème : il ne parle pas des juifs.
«Devoir de mémoire et vigilance de chaque instant pour préserver l’acquis toujours fragile de paix, union et de tolérance, 73 ans après la libération du camp Auschwitz-Birkenau», a écrit le président sur Twitter.
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Personne ne peut lire dans la pensée des gens, et nous nous garderons bien de le faire. Il n’est pas possible, en revanche, de ne pas émettre une hypothèse ou deux sur cette faute morale du détenteur de l’emploi en CDD au poste de président de la France.
Le propos du président fait penser à l’internationalisation, la dépersonnalisation de l’être humain, indistinct, sans passé ni racine ni différence, noyé dans un magma où tout le monde est équivalent à tout le monde et inversement : plus de juifs, plus de bourreaux, plus de boches, plus de victimes, mais de la « vigilance de chaque instant » contre un ennemi non identifié et des victimes non existantes.
Dans un formidable article (Du despotisme des démocraties bureaucratiques), Sidney Touati évoque cette nouvelle dictature démocratique et soft dans laquelle plonge l’Europe, et dont le président Macron est sans doute le symbole le plus caricatural.
» L’Europe nouvelle se veut sans ennemi. Ni extérieur, ni intérieur. Elle refuse toute idée de guerre. Elle est dogmatiquement pacifiste » dit Touati, qui ajoute que « le processus de massification des hommes implique un processus de destruction systématique des différences »– en nous faisant plonger au tréfonds de la pensée de Macron exprimée dans son tweet.
Ainsi, poursuit Sidney Touati, « le Juif qui s’accroche à son identité qu’il estime non-interchangeable, irréductible, fait scandale. Le Juif est incompatible avec la machinerie bureaucratique, qu’elle soit de «droite» ou de «gauche».
Tout semble dit dans cette courte phrase, me semble-t-il, pour imaginer ce qui peut sortir du cerveau du président provisoire : le juif est en permanence attaché à sa différence, à ses racines, à ses traditions, tout en étant intégré au pays où il vit. Il ne peut pas être validé dans sa spécificité par le bureaucrate Macron. « Sa simple existence fait que la machine coince» ajoute Touati.
Cependant ni Macron et les bureaucrates, ni la gauche et la droite, ni les médias et les élites, n’ont le début de dimension historique, de pincée d’autorité morale, de poussière d’influence, pour dérouter le peuple juif de sa trajectoire multi-millénaire, intimement liée à l’Etat d’Israël.
Observant la lente dissolution du peuple européen, j’encourage Emmanuel Macron qui efface le peuple juif des horreurs de la Shoah, à méditer cette remarque de Mark Twain :
« Les Egyptiens, les Babyloniens, les Perses se sont élevés, ont rempli la planète avec leur retentissement et leur splendeur, puis se sont évanouis dans un rêve. Les Grecs et les Romains suivirent, et firent beaucoup de bruit, et ils disparurent ; d’autres peuples ont vu le jour et ont tenu leur flambeau très haut pour un temps, mais ils se sont éteints, et ils sont maintenant assis dans la pénombre, ou ont disparu.
Le Juif les a tous vus, tous battu, et maintenant, il est ce qu’il a toujours été, ne présentant aucune décadence, aucune infirmité de l’âge, aucun affaiblissement de ses composantes, aucun ralentissement de ses énergies, aucun ternissement de son esprit alerte et combatif. »
Le peuple européen, qui a tourné le dos à ses racines judéo-chrétiennes, semble être le prochain sur la liste que le peuple juif aura vu disparaître. De quoi rendre fou de rage les antisémites, je le leur concède. Mais qu’y faire…
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