Multipliant les gestes d'amitiés et d'admiration lors du premier jour de son déplacement en Chine, ce lundi, le chef de l'Etat a néanmoins mis en garde son homologue chinois, Xi Jinping, contre des tentations hégémoniques.
Séduire la Chine pour mieux s'y faire entendre, tel est le difficile pari d’Emmanuel Macron. Avant d’entamer ce lundi soir les discussions avec Xi Jinping sur un partenariat économique plus «équilibré», le président français a multiplié les gestes d’amitié à haute valeur symbolique. Avant de se poser à Pékin, il avait tenu à passer par Xi’an, vieille capitale la Chine impériale et point de départ de ces anciennes «Routes de la soie» que Xi Jinping prétend renouveler sous la forme d’un gigantesque projet d’infrastructure, notamment en direction de l’Europe. Avec une soixantaine de pays concernés, il y en aurait pour plus 1 000 milliards de dollars d’investissements… Dans un discours prononcé dans l’ancien palais impérial de la dynastie des Tang, Macron a proposé de «réinventer le multilatéralisme». Alors que «l’avenir de l’humanité est engagé», il estime que la France et la Chine, parce qu’elles sont «deux civilisations», sont appelées ensemble à «faire triompher l’intelligence face à ceux qui font "le pari de l’obscur"».
Choisir Xi’an, c’était pour Macron le chemin pour «rentrer dans l’intimité du pays». C’est pourquoi il a inauguré son déplacement par une visite de l’extraordinaire nécropole mise au jour, au sud de Xi’an, dans les années 70. Une «armée enterrée» de plusieurs milliers de soldats de terre cuite, disposés là, à proximité du mausolée de l’empereur Qin, au IIIe millénaire avant JC. «Commencer par là, c’est témoigner son respect et sa reconnaissance à une grande civilisation», applaudit Jean-Pierre Raffarin, qui accompagnait le chef de l’Etat et qui en était, lui, à son sixième pèlerinage auprès de l’armée enterrée. Sous la surveillance inquiète d’un protocole chinois très à cheval sur la ponctualité, Macron s’est aussi attardé dans les deux principaux monuments religieux de la ville, héritages lointains des Routes de la soie : à la Grande Mosquée de Xi’an, construite au VIIIe siècle par des marchands musulmans venus d’Iran, d’Iraq ou d’Afghanistan, le président français a manifesté, devant ses guides, un intérêt tout particulier pour ces sourates gravées où se mélangent les caractères arabes et chinois. A la Grande Pagode de l’oie sauvage, il s’est fait raconter par ses guides religieux les origines de cet édifice, construit au VIIe siècle pour abriter, entre autres, des figurines du Boudha rapportées d’Inde par des moines voyageurs.
Un cheval dans l’avion
Le message subliminal de cette entrée en matière est clair : ces fameuses Routes de la soie que Xi Jinping se propose de mettre au goût du XXIe siècle n’avaient-elles pas, dès l’origine, vocation à nourrir des échanges dans les deux sens ? Malgré toutes ses amabilités pour la grande civilisation chinoise, Macron ne s’est pas interdit de mettre en garde le président chinois contre la tentation d’une «nouvelle hégémonie». «Ces routes sont en partage et elles ne peuvent être univoques», a-t-il lancé. «Elles ne peuvent être les routes d’une nouvelle hégémonie qui viendrait mettre en état de vassalité les pays qu’elles traversent.»
Macron, lui, n’était pas venu les mains vides : il a offert à son homologue chinois un cheval de la garde républicaine, transporté par avion pour la circonstance. Et pour que personne ne doute de sa volonté de faire du partenariat franco-chinois une priorité absolue, il a promis de faire «au moins une fois par an» le voyage à Pékin. Après les échanges de serments d’amitiés, les questions plus sonnantes et trébuchantes seront abordées ce mardi avec la rencontre officielle avec les dirigeants chinois, suivie de signatures de contrats et d’une déclaration conjointe qui renseignera sur le succès de l’entreprise.
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