Alors que Paris célèbre les trois ans de « l’esprit Charlie », Caroline Fourest réagit dans un tweet à son effritement évoqué par la presse. Ils sont tous dans l’erreur : la posture « Je suis Charlie » était une imposture.
Fourest écrit : « Si j’ai bien lu certains confrères, l’Esprit Charlie serait devenu «conflictuel» et non plus «consensuel» parce que ceux qui traitaient Charlie et les vigilants laïques d’«Islamophobes» AVANT les attentats ont recommencé APRÈS… #ToujoursCharlie »
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Ce que n’a pas compris la journaliste, et je me surprends ici alors que je ne partage rien de sa vision du monde, à rappeler qu’elle a en 2012 à l’Université libre de Bruxelles, subi les attaques des islamistes menés par Souhail Chichah qui l’ont fait taire lors d’une conférence, est qu’elle est l’une des rares journalistes françaises (en dehors de Charlie) a posséder une forme « d’esprit Charlie ».
Ce que l’on a à tort présenté comme l’esprit Charlie n’est rien d’autre que « l’esprit de Munich », le même esprit que lorsque revenant en France après avoir signé les accords de Munich destinés à apaiser Hitler, Daladier était acclamé par les Français.
Les millions de Français qui ont défilé avec l’affichette Je Suis Charlie qui ne coûte rien, et pas avec la caricature du prophète qui coûte la vie, n’ont rien fait d’autre qu’éviter la fureur des islamistes.
Je connais l’esprit Charlie, je l’ai vécu. J’ai été, dans les années 70, journaliste à Charlie. George Wolinski était mon patron. Je venais aux conférences de rédaction hebdomadaires d’Hara-Kiri (le nom de Charlie Hebdo avant l’interdiction d’Hara-Kiri par Marcellin). Je vois encore le professeur Choron assis au bout de la grande table rue des 3 portes, dans le 5e. Cavanna qui gueulait, Wolinski qui riait, Choron qui déconnait…
« L’esprit Charlie » à en perdre l’esprit
Charlie a bravé les islamistes qui interdisent que l’on représente en dessin le prophète de l’islam, et a publié une caricature de Mohammed. C’est cela et rien d’autre, « l’esprit Charlie ».
Les manifestants, les médias, n’ont pas défié les islamistes, ils se sont soumis – en bombant le torse. Ils n’ont pas affiché la caricature du prophète, ils ont été la caricature de Charlie.
Cela a arrangé tout le monde de feindre être Charlie. Mais c’était un gros mensonge.
A l’opposé du paysage politique de Fourest, c’est une autre femme– je dois le signaler parce que j’écris pour elle et que j’ai beaucoup d’estime pour son courage– Pamela Geller, qui est probablement la seule héritière légitime de l’esprit Charlie. Elle a organisé un concours de dessin de Mohammed à Garland dans le Texas, que les islamistes ont voulu empêcher par un attentat de peu évité par le service d’ordre.
Mais revenons à « l’esprit Charlie »
Pour qu’il existe, cet esprit Charlie de résistance à la menace islamiste, il eut fallu que 100% des médias résistent comme Charlie. Qu’ils décident comme Charlie d’afficher la une qui a coûté la mort aux journalistes de Charlie. Ce courage, les médias ne l’ont pas eu.
Les mots des journalistes étaient « Je Suis Charlie » quand leurs actes suppliaient « Je ne suis pas Charlie, ne nous tuez pas ».
Tout comme les millions de manifestants, qui n’ont pas défilé avec la caricature de Mohammed mais avec une minable petite affichette « Je Suis Charlie ». S’ils avaient été Charlie, ils auraient eu la tête haute que les islamistes ont coupées chez Charlie.
Prétendre avoir « l’esprit Charlie » lorsqu’on se protège de la menace, c’est la vantardise du bagarreur de rue qui feint la rage et dit à ses amis « retenez-moi » tout en s’accrochant à leurs bras.
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