Pour les lecteurs de Dreuz.info, j’ai traduit ce texte publié par Politico le 18 décembre 2017. C’est un morceau d’anthologie technocratique. La conséquence de l’incurie de fonctionnaires irresponsables y est posée comme notre réalité. – Plus question de discuter. – Les Grecs revendent Byzance aux Turcs ! Tant pis pour les Hongrois !
Il est temps d’avouer la vérité. Nous ne pouvons pas et ne pourrons jamais arrêter les migrations.
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La crise des réfugiés en Europe peut décroître, mais globalement les migrations ne s’arrêteront pas. A ce jour –qui est la Journée internationale des Migrants– plus de 244 millions de personnes vivent en dehors de leur pays de naissance. La mobilité des hommes conditionnera le 21e siècle de plus en plus. Si nous voulons être prêts pour cela, nous devons commencer à nous y préparer dès maintenant.
Cette question des migrations est émotive, sensible et politique. Elle contribue à influencer des élections en Europe et dans le monde. Mais nous ne pouvons plus nous contenter de raisonner en termes de gestion de crise : les migrations sont notre nouvelle réalité. Il est temps désormais de commencer à penser, à parler et à agir de façon plus globale et sur le long terme –et à mettre en place des politiques visant à promouvoir l’intégration et l’inclusion.
Durant les deux dernières années, l’Europe s’est principalement efforcée de répondre en urgence aux besoins immédiats des migrations globales et de la crise des réfugiés –et elle l’a fait avec succès. Les flux irréguliers ont diminué de 60 %. Plus de 32 000 réfugiés ont été dispatchés en différents pays d’Europe, plus de 25 000 migrants nécessitant protection ont été répartis sur le continent [chiffres très sous-estimés, voir ce qui est avoué plus loin]. Pour les deux prochaines années, 50 000 autres sont attendus. Et des milliers de migrants ont été aidés sur le terrain, en Libye, en coopération avec des partenaires internationaux.
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Bien sûr beaucoup reste à faire dans l’Union européenne. Nous devons réaliser nos engagements et, durant les prochains mois, évacuer des milliers de migrants hors de Libye, soit vers d’autres lieux, soit par retour volontaire assisté. Il nous faut parvenir en juin à une réforme globale et équitable (comprehensive and fair) du droit d’asile. Nous devons aussi promouvoir les canaux légaux de migration économique : système de Carte bleue [de séjour] plus ambitieux pour les travailleurs hautement qualifiés, lancement de projets pilotes de migration de travailleurs ciblés en pays tiers (in key third countries ?).
Mais nous ne pouvons plus continuer à prendre des mesures ponctuelles, à penser et à agir en ayant seulement en vues des solutions urgentes à court terme. S’agissant des migrations, nous sommes dedans et pour longtemps. Ce n’est pas un problème à régler ou un défi à relever (sic : This not a problem to solve or a challenge to address !). Les migrations sont profondément inscrites dans nos politiques, que ce soit pour l’économie, le commerce, l’éducation, l’emploi, et bien d’autres.
Malheureusement, le discours récent sur les migrations –influencé par la montée du nationalisme, du populisme, de la xénophobie– a limité nos chances (our opportunities !) de mettre en place des politiques migratoires élégantes (smart !) et prospectives, tant aux niveaux nationaux qu’européen.
C’est une folie de croire que les migrations vont disparaître si l’on adopte un langage dur. C’est naïveté de croire que nos sociétés resteront homogènes et sans migration si l’on élève des barrières. C’est déraisonnable de croire que les migrations resteront de l’autre côté de la Méditerranée, si l’on offre seulement une aide financière.
Nous devons commencer à être honnête (sic) avec ceux des citoyens qui sont concernés par la façon dont nous gérons les migrations. Nous pouvons ne pas être en mesure de stopper les migrations. Mais nous pouvons mieux, être plus intelligents et plus proactifs dans la gestion de ce phénomène. Cependant, nous ne pourrons pas y parvenir si nous n’acceptons pas de changer nos attitudes et de changer notre discours.
L’Union européenne a accordé protection à plus de 700 000 personnes l’année dernière
L’Union européenne a accordé protection à plus de 700 000 migrants l’année dernière. Ils ont trouvé la sécurité en Europe, mais nous devons aussi assurer qu’ils trouvent un logement. Ce n’est pas seulement un impératif moral. C’est aussi un impératif économique et social pour notre continent vieillissant –et l’un des plus grands challenges pour le futur proche.
Il y a eu des débats récemment sur la diversité et l’inclusion, mais pas suffisamment pour susciter les changements dont nos sociétés ont besoin afin d’être préparées aux réalités du 21e siècle.
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Discuter d’intégration et d’inclusion peut paraître superfétatoire si le débat se limite à trouver un accord équilibré sur la réforme des règlements de Dublin, qui gouvernent l’application du droit d’asile dans l’Union européenne.
Mais laisser ces considérations de long terme hors des discussions serait une erreur –une de celles que nous avons faites dans le passé et pour lesquelles nous payons les coûts sociaux et économiques encore à ce jour.
En fin de compte, nous devrons tous être prêts à accepter les migrations, la mobilité et la diversité comme étant la norme nouvelle, et y accorder nos politiques. La seule façon de rendre nos politiques de l’asile et des migrations résistantes aux évolutions futures, c’est de changer d’abord nos façons de penser.
par Dimitris Avramopoulos, commissaire aux migrations et affaires intérieures de la Commission de l’Union européenne.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © traduction Patrick Valois pour Dreuz.info.
Dimitris Avramopoulos is European commissioner for migration, home affairs and citizenship.
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