Le plus précieux cadeau fait au Peuple Juif...
Au sujet du Chabbat nos Sages nous rapportent (Chabbat, 10b) : « D.ieu dit à Moïse : J'ai dans ma réserve de trésors un cadeau précieux, et son nom est Chabbat. Je veux l'offrir à Israël. Va le leur annoncer. »
Le Chabbat est ce que possède le Juif de plus cher ; c'est son meilleur ami dans la vie. Le Chabbat convertit même la maison appauvrie en un véritable « Jardin d'Éden ». L'indigent que le besoin pousse à accepter les travaux les plus durs afin de pouvoir gagner chichement sa subsistance, se trouve tout transformé par l'arrivée du Chabbat. Oubliés ses soucis et ses peines ; un sentiment de joie et de paix emplit son cœur et irradie de tous les coins de sa modeste demeure. Le Juif retire du Chabbat, force, énergie, espoir et bonheur parfait. Tel un prince heureux allant d'un cœur léger vers la réalisation de son désir, le Juif accueille « La Reine Chabbat » avec le doux chant : « Lékhah Dodi likrath Calah, pnei Chabbat nékabelah » – Allons, mon bien-aimé, à la rencontre de la fiancée, accueillons le Chabbat.
La source de notre force
Le pouvoir rajeunissant et l'influence enchanteresse du Chabbat n'atteignent leur plein effet que si ce jour est entièrement accepté dans la foi et la dévotion et observé en accord avec la loi et la tradition juives. Le rituel extérieur est aussi important que le sentiment intérieur. Nous devons, par exemple, nettoyer la maison et porter nos plus beaux habits dans l'attente de ce jour. Les bougies doivent être allumées, et après que « la Reine du Chabbat » ait été accueillie avec des prières, on récite le Kiddouche sur le verre de vin ou les « 'Halloth » (pains du Chabbat) en présence de tous les membres de la maison. Les repas de ce jour doivent être un régal pour la famille. Prières et chants doivent retentir ; ils exprimeront la signification du Chabbat. Le jour entier du samedi, commençant vendredi au coucher du soleil et se terminant samedi, la nuit tombée, doit se passer en marge de tout travail, toutes affaires cessantes. Nous le consacrerons surtout à notre progrès moral et à nos devoirs envers D.ieu.
Observé de cette manière, le Chabbat a sur le Juif l'influence désirée. Il guérit ses blessures et allège son fardeau.
Quand le Chabbat est passé, et que le Juif récite la « Havdalah », il dit :
« Hinéh E-l yechouati » – Voici ! Le Tout Puissant est mon secours, car Il m'a donné un trésor si cher et si précieux, le Chabbat ;
« Evta'h » – grâce à cela ma sécurité est assurée, je serai calme et joyeux,
« Velo ef'hade » – et je n'aurai aucune crainte de commencer la semaine nouvelle.
Et immédiatement après la Havdalah, la joie et la gaieté règnent dans 'le foyer juif ; car celui-ci est plein de foi et de confiance en D.ieu qui a été notre bouclier dans le passé, et qui continuera de nous protéger à l'avenir.
La meilleure ligne de défense
Le Chabbat a pour nous, Juifs, pris comme entité nationale, une signification spéciale. Quelle autre nation est si dispersée dans tous les continents ?
Les Juifs, en tant que collectivité, sont faibles et peu nombreux. Pourtant, en dépit de leur insignifiance apparente, ils forment un peuple indomptable. Comment cela s'explique-t-il ? Qu'est-ce qui rattache si étroitement ensemble les Juifs malgré leur apparente impuissance ? Quel est donc le secret de leur force, voire de leur invincibilité ?
Nous devons tous arriver à la même conclusion que l'un des piliers essentiels du peuple juif est le Chabbat. Par ce repos exclusif du Chabbat – qui est observé exactement le même jour par toute la population juive du monde où qu'elle se trouve – les Juifs sont extraordinairement fortifiés et spirituellement unifiés. Grâce à l'obligation générale de repos total le jour du Chabbat, grâce au rajeunissement spirituel qui en dérive, les Juifs du monde entier acquièrent un tel degré de puissance morale et religieuse, qu'aucune force physique ne peut leur porter atteinte.
Le Chabbat a défendu notre peuple plus d'une fois dans les moments les plus critiques, même quand il était menacé d'une destruction totale. Tant que ce jour sera observé comme il se doit, ni les pires ennemis et leurs plans les plus diaboliques, ni l'exil le plus dur et l'esclavage ne pourront rompre les liens solides par lesquels le Chabbat unit tous les Juifs ; et toutes les forces du monde seront impuissantes à percer la cuirasse que le Chabbat a construite autour d'eux.
Quand les Juifs gardent le Chabbat, le Chabbat les garde. Une nation juive fidèle au Chabbat ne s'éteint jamais.
Le symbole de la création
Le ciel et la terre, les fleuves et les océans, les champs et les forêts, ce que nos yeux voient et ce que nos oreilles entendent, tout a été créé en six jours en vertu de la parole de D.ieu et de Sa volonté. C'est à ce moment que l'univers a pris sa forme et son ordre définitifs, c'est ainsi qu'il a existé et fonctionné pendant des milliers d'années.
Au sixième jour l'homme a été créé, c'est à lui que D.ieu a confié son grand chef-d'oeuvre : l'Univers. Certes, l'homme est petit, sa vie est brève ; pourtant c'est à lui qu'a été donnée la domination sur toutes les autres créatures du monde et sur toutes les forces de la nature.
Pour remplir sa fonction, l'homme a eu en partage une âme, une « parcelle du Tout Puissant là-haut », qui lui a conféré la capacité de gouverner le monde. Il peut être plus fort qu'un lion, plus rapide qu'un cerf ; il peut voler plus haut qu'un aigle, traverser les mers mugissantes plus vite qu'une baleine, creuser les profondeurs du globe comme un ver, produire la lumière et la chaleur comme le soleil. Ainsi l'homme est-il capable et libre de faire ce qu'il désire, grâce aux pouvoirs divins qui l'animent.
Le libre penseur peut croire que sa sagesse et sa force ne lui ont pas été données par D.ieu, mais qu'il les a acquises lui-même. Il peut même se persuader que le monde est sa possession exclusive, qu'il en est le maître absolu, qu'il peut faire ce que bon lui semble sans intervention aucune d'en haut.
Une telle vue est pleine de dangers pour l'homme, car elle lui donne licence de faire le mal, d'être immoral et sans honneur. Elle le conduit irrémédiablement à sa perte. Ainsi l'homme manquera à sa sainte mission et, en même temps, il tombera au niveau de la créature la plus vile sur la terre.
Le Créateur a prévu cette possibilité et a offert au monde le Chabbat pour la sanctification de l'homme, en lui ordonnant : ceci tu peux le faire, et cela t'est défendu ; jusque-là tu peux aller, mais non plus loin, etc. Le Chabbat a ainsi dressé devant l'homme des barrières précises. Se soumettant à la volonté de Celui qui est plus grand et plus fort que lui, l'homme doit se rendre compte qu'il est un émissaire chargé de satisfaire aux demandes de Celui qui est le maître de chacun et de chaque chose.
Le repos du Chabbat donne aux Juifs l'occasion de réfléchir et de méditer ; il lui rappelle « qu'en six jours D.ieu a créé le ciel et la terre », ce qui signifie que tout ce qui l'environne et lui-même avec toutes ses possessions terrestres sont l'oeuvre de D.ieu et demeurent sa propriété.
C'est dans ce saint but que le Tout Puissant a institué le Chabbat. Sous l'influence du Chabbat, le Juif ne peut outrepasser les limites prescrites. Empêché de suivre certaines de ses habitudes quotidiennes, avec la défense de se livrer à un quelconque travail tout le jour durant, il devient conscient de l’existence « d'un oeil qui voit et d'une oreille qui entend ». Il se rend compte qu'il est responsable de ses actes et qu'il aura à en rendre compte. Alors il essaiera de les diriger dans la voie qui fera sa fortune, et lui donnera, spirituellement et matériellement, le bonheur.
La base de notre foi
A la troisième génération après la Création, et pendant les deux mille ans qui suivirent, le Chabbat fut négligé par l'humanité, toute croyance en le Créateur ayant disparu. Les hommes adorèrent non le Créateur, mais des choses qui avaient reçu de Lui leur existence. Ainsi furent adorés les planètes, le feu, les animaux et nombre d'idoles de formes et dimensions variées.
Enfin Abraham vint et proclama l'unité du Créateur. La pure croyance d'Abraham en D.ieu devint l'héritage sacré de ses enfants ; et pendant de longues années sa famille fut la seule dans le monde à proclamer sa foi en le Tout Puissant.
Par la suite, les descendants d'Abraham, d'Isaac et de Jacob furent réduits en esclavage en Égypte, terre d'idolâtrie, de sorcellerie et d'immoralité, pays d'esclavagistes et de tyrans. Là, l'esclave qui ignorait le repos apprit à apprécier le loisir à sa juste valeur.
Le temps vint où D.ieu administra aux despotes égyptiens une leçon dont l'écho se répercuta à travers le monde. D.ieu démontrait ainsi que le plus puissant parmi les puissants est sans force devant Lui. Ceux qui, esclaves, étaient piétinés, torturés, furent libérés, et leurs maîtres écrasés. D.ieu conduisit hors d'Égypte les tribus délivrées, et Il assura leur subsistance dans le désert quarante ans durant.
Pendant cette longue période, les enfants d'Israël apprirent à lever les yeux vers D.ieu et à Lui demander Sa protection. Du ciel l'Éternel fit tomber sur eux la Manne, et chaque jour la ration quotidienne exclusivement. Quand arrivait le vendredi, ils recevaient du ciel une ration double ; ainsi D.ieu pourvoyait aux besoins du Chabbat le jour précédent. Même avant qu'Il eût donné à Israël la Torah sur le Mont Sinaï, Il lui offrait le Saint Chabbat. De cette manière l'Éternel indiquait que le Juif ne peut convenablement observer la Torah à moins d'accepter le Chabbat, avec la ferme croyance que D.ieu créa le monde en six jours et se reposa le septième ; que le Créateur de l'Univers peut modifier les lois de la nature ; qu'en six jours, Il peut pourvoir aux besoins de sept.
Aussi le Chabbat nous rappelle-t-il deux notions fondamentales de notre foi :
a) Que D.ieu créa le monde (Zicaron lemaasseh béréchith).
b) L'exode d'Égypte et les miracles qui l'ont illustré, l'a Révélation conséquente sur le Mont Sinaï (Zekhère litsiath Mitsraïm) ; car ce fut à l'exode d'Égypte que D.ieu choisit le peuple juif pour porter l'étendard de la Torah, et ce même peuple reconnut et acclama D.ieu : « Voici mon D.ieu, et je Le glorifierai. » (Exode 15, 2)
C'est pourquoi le Chabbat est la base de notre foi ; et celui qui le profane nie du même coup l'existence de D.ieu en tant que créateur de l'univers et donateur de la Torah.
L'union de toute l'humanité
Plus tard, d'autres nations instituèrent elles aussi un jour spécial de repos. Mais les Juifs furent les premiers à observer le Chabbat comme un jour saint, entièrement consacré aux choses spirituelles.
Même aujourd'hui la différence entre le jour de repos des autres nations et le Chabbat juif est facile à remarquer. Celles-ci ont un jour de repos qui les libère seulement de la contrainte du travail, ou tout au moins du travail qui permet de gagner de l'argent. Tandis que le Chabbat juif signifie loisir dérivant de l'arrêt de travail même volontaire, voire du travail dans sa propre maison.
Travailler les six jours de la semaine constitue une Mitsva, car on ne doit pas passer le temps dans l'oisiveté. Mais le Chabbat c'est, au contraire, une Mitsva de se reposer. Le Juif doit préparer sa nourriture le vendredi, car le samedi doit être dégagé de quelque forme de travail appartenant là la vie habituelle des autres jours. Le Chabbat est réservé à l'étude, à la prière et au bonheur spirituel.
Ainsi, le Chabbat, non seulement sont défendus les durs travaux, mais même n'importe quelle forme de travail, si légère soit-elle. De plus, non seulement le Juif lui-même et les membres de sa maison doivent se reposer, mais aussi la bête qui aide ce Juif dans son travail de la semaine.
Quand l'humanité entière en arrivera à pénétrer la véritable signification du Chabbat, quand le monde se rendra compte de la valeur de ce cadeau que le Tout Puissant a offert aux Juifs, alors le Chabbat deviendra le facteur unificateur de toutes les nations, ainsi que dit le prophète Isaïe : « [...] à chaque Chabbat, toute chair viendra, se prosterner devant Moi, dit l'É-ternel. » (66, 23)
PAR NISSAN MINDEL
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