Le sang de leurs soldats ne compte-t-il pas ? Il semble que les dirigeants tunisiens se préoccupent davantage de la reconnaissance par l’administration américaine de Jérusalem comme capitale légitime d’Israël que des drames des soldats tunisiens qui tombent presque chaque jour, victimes du terrorisme.
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Essebsi et l'ambassadeur américain |
Suite à la décision de Donald Trump concernant la capitale juive, le chef de l’État tunisien Béji Caïd Essebsi a convoqué l’ambassadeur américain, le 8 décembre 2017, pour lui exprimer sa vive indignation et le rejet catégorique de cette décision. Il lui a confirmé que Tunis continuera à apporter son appui inconditionnel à la Palestine et au peuple palestinien. Caïd Essebsi a déjà adressé, le 7 décembre 2017, une lettre au président palestinien Mahmoud Abbas dans laquelle il a réitéré le soutien absolu de la Tunisie à la cause palestinienne.
Par ailleurs, il a précisé que le pays fournira tous les efforts nécessaires pour une mobilisation internationale afin de remettre la cause palestinienne sur le devant de la scène et d’assurer une reconnaissance absolue du droit du peuple palestinien à bâtir un pays indépendant, dont la capitale sera Al-Quds. On se demande d’ailleurs ce que la Tunisie pourrait fournir aux Palestiniens ?
Le centre-ouest de la Tunisie, une des régions les plus dangereuses en Afrique du Nord.
La Tunisie est confrontée à l’essor de groupuscules islamistes qui ont prospéré pour compter aujourd’hui des centaines d’éléments bien armés, certains vétérans venus directement du nord Mali. Ils n’hésitent plus à affronter les forces de sécurité. Ces combattants terroristes de Daech se sont regroupés et retranchés sur le Mont Chambi dans l’ouest tunisien à une vingtaine de kilomètres de la ville de Kasserine, près de la frontière algérienne.
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Mohamed Ben Belgacem |
Un soldat est décédé et six autres militaires ont été blessés, le 11 décembre 2017, dans des affrontements avec un groupe terroriste retranché sur les hauteurs de Kasserine, simultanément à l’explosion d’une mine. Mohamed Ben Belgacem, qui faisait partie du régiment de Génie militaire, a été tué lors d’un échange de tirs avec un groupe terroriste. Cinq militaires ont été touchés par les débris d’une mine qui a explosé lors du passage du convoi militaire à l’occasion d’une opération de ratissage.
Depuis 2011, le nombre de militaires tués en Tunisie dépasse 133 et celui des blessés dépasse les 276. Ces actes commandés démontrent l’implication de plus en plus voyante des djihadistes en Tunisie. Très discrets au moment de la révolte de 2011, ils ont décidé de passer à l’action terroriste et à la guérilla contre les forces de sécurité qui semblent désemparées devant une violence à laquelle elles n’étaient pas préparées. Les militaires et les gendarmes, mal entraînés, qui tentent de les déloger, ne disposent pas d’équipements nécessaires pour faire face à des combattants aguerris après leur expérience dans d’autres théâtres d’opérations.
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Djihadistes tunisiens |
Des témoins racontent que ces djihadistes semblent chez eux dans leur village disposant de structures militaires et de camps d’entraînement. La population locale, par crainte ou par conviction, leur apporte un soutien matériel et logistique. L’armée ne dispose pas de forces spécialisées dans la lutte antiterroriste, équipées de matériel leur permettant l’accès aux zones montagneuses.
La Tunisie dans le collimateur de 3.000 terroristes de Daech
Un rapport publié, en octobre dernier, par le centre d’études stratégiques américain, The Souffan Center, concernant l’afflux des terroristes ayant rallié Daech en Syrie et en Irak révèle un record de recrutement de Tunisiens avec 2.926 djihadistes, dont 800 seraient de retour.
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Smaïl Chergui |
Le commissaire de l’Union africaine (UA) pour la paix et la sécurité, Smaïl Chergui, a tiré depuis Oran, le 10 décembre 2017, la sonnette d’alarme concernant le risque terroriste en Tunisie. Pour lui, il n’a jamais été aussi élevé que ces derniers mois en raison, notamment, du retour au pays de la Légion tunisienne de Daech. Le diplomate algérien a d’ailleurs appelé Tunis à se préparer fermement au retour des terroristes ayant combattu au Moyen-Orient.
Dans son intervention à l’ouverture du Forum de haut niveau sur «Les réponses efficaces et durables contre le terrorisme : approche régionale», Smaïl Chergui a souligné la nécessité de prendre conscience des développements sur la scène internationale et leurs répercussions sur le continent africain, notamment après la défaite du groupe terroriste Daech au Moyen-Orient au moment où une présence de plus en plus accrue des membres de ce groupe est observée dans la région du Sahel. Des rapports font état de la présence de 6.000 combattants africains parmi les 30.000 éléments étrangers ayant rejoint ce groupe terroriste au Moyen-Orient, a-t-il ajouté.
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Mont Chambi |
«Le retour de ces éléments en Afrique pose de sérieuses menaces sur la sécurité et la stabilité nationales. Ceci exige un traitement spécifique et une coopération intense entre les pays de notre continent», a estimé Chergui, tout en soulignant la nécessité d’intensifier la coordination entre les pays africains, d’échanger les renseignements sur les éléments armés regagnant leurs pays respectifs, de connaître leurs déplacements et de renforcer la gestion des frontières d’une manière générale. «Nous devons combler les insuffisances constatées dans la mise en œuvre du cadre de lutte contre le terrorisme en dépit des améliorations apportées», a-t-il indiqué.
Le commissaire de l’Union africaine pour la paix et la sécurité a ajouté que «pour lutter contre la menace terroriste qui change constamment de formes et de méthodes, il est nécessaire de traiter ces insuffisances, notamment celles liées au système judiciaire, aux législations dépassées par le temps et aux moyens limités des tribunaux et des instruments de mise en œuvre des lois».
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