ENQUÊTE - Le groupe de l'homme d'affaires, propriétaire de SFR, Libération et BFMTV, traverse la pire crise de son histoire. À ses côtés, ses fidèles se démènent sans compter pour éviter le pire.
L'incroyable épopée financière de Patrick Drahi va-t-elle vers son épilogue? Cet homme discret, peu connu du grand public, fait la une des médias depuis trois semaines, pour une actualité dont il se serait bien passé.
Les questions se font toujours plus pressantes sur l'avenir d'un groupe qui cumule 51 milliards de dettes. Il aura fallu une petite étincelle pour mettre le feu.
Le 3 novembre, Altice publie ses résultats trimestriels, les performances commerciales de SFR sont, une nouvelle fois, décevantes. Cette fois, c'en est trop. Les investisseurs quittent le navire, le titre perd un quart de sa valeur en une séance, la moitié en deux semaines.
Rien ne semble pouvoir endiguer la chute, même pas les prises de parole de Patrick Drahi, le fondateur de cet incroyable empire. La violence du retournement est spectaculaire: mi-septembre encore, les marchés financiers regardaient Patrick Drahi avec les yeux de Chimène et l'imaginaient rachetant un opérateur télécoms américain pour 180 milliards de dollars. L'entrepreneur paraissait irrésistible…
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Longtemps, analystes et investisseurs ont drapé Patrick Drahi de toutes les vertus. Une confiance quasi absolue qui lui a permis de construire un champion des médias et des télécoms en un temps record.
Il y a seulement quatre ans, son groupe se limitait à Numericable en France, un opérateur télécoms racheté à Orange en République dominicaine, un autre en Israël (Hot) ainsi qu'une chaîne d'information (i24News). L'homme avait déjà acquis une solide réputation dans le petit milieu des télécoms pour avoir racheté l'intégralité des câblo-opérateurs français, en partant de zéro. Mais rien ne laissait encore présager l'ascension de ces dernières années.
Le pari du câble
Son histoire est celle d'un homme qui s'est construit lui-même. Né à Casablanca en 1963, fils de professeurs de mathématiques, élève brillant, bachelier à 16 ans au lycée de Montpellier, il intègre Polytechnique, Télécoms Paris et décroche un DEA d'optique. Très tôt, cet homme ambitieux mise sur le câble. Pourquoi ce choix? Il raconte avoir regardé «le top 100 des fortunes américaines, il y en avait dix dans le câble». Alors pourquoi pas lui…
Il mise sur ce marché dès la fin des années 1990, alors que cette technologie est délaissée en France. Après avoir créé puis revendu une première entreprise, il se lance en reprenant des petits opérateurs du câble dans le sud et l'est de la France.
Patrick Drahi constitue sa société Altice en 2002, et surtout son équipe de fidèles. Armando Pereira, son associé de la première heure, est l'homme du terrain. Il a construit son expérience dans les entreprises de BTP qui posent le câble. Encore plus discret que Patrick Drahi, il est aujourd'hui en charge de SFR. C'est à cette période que Patrick Drahi rencontre Dexter Goei, alors banquier d'affaires chez Morgan Stanley avant de rejoindre Altice en 2009 ...
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