dimanche 24 juillet 2016

Les plus beaux hôtels particuliers de Paris : l'hôtel de Beauvais.....


VIDEO. Récemment rénové, cet hôtel bâti pour Cateau la borgnesse, celle qui déniaisa Louis XIV, est un tour de force architectural dû à Antoine Lepautre.



Cet hôtel particulier n'aurait jamais vu le jour si une ancienne marchande de rubans, devenue dame de compagnie d'Anne d'Autriche, n'avait pas accepté de déniaiser le jeuneLouis XIV âgé d'à peine 14 ans. En effet, Catherine Bellier – dite Cateau la borgnesse, en raison d'un œil torve – utilisa les émoluments de « sa passe » royale pour se faire élever un magnifique hôtel sur l'axe royal est-ouest de Paris. Aujourd'hui la rue François-Miron, détrônée par la rue de Rivoli.
L'ascension de Cateau est époustouflante, démontrant que la frontière entre la bourgeoisie et la noblesse sous l'Ancien Régime était très perméable. Fille d'un marchand de tissus, elle épouse un autre commerçant nommé Pierre Beauvais qui la fait engager comme femme de chambre d'Anne d'Autriche. Elle est moche comme un pou, ce qui ne l'empêche pas de séduire plusieurs de ces messieurs de la cour, dont l'archevêque de Sens. Mais, surtout, elle excelle à introduire le clystère à lavement dans l'anus de la reine mère. Son doigté hors du commun en fait la favorite d'Anne d'Autriche.
Introduction d'un clystère dans un auguste derrière. © École hollandaise
Quand la reine mère, inquiète de la virilité de son fils – elle craint qu'il n'ait hérité de la très faible libido de son père –, cherche une femme de confiance pour la tester, elle se tourne naturellement vers sa bonne Cateau. Avec sa quarantaine d'années et son visage peu avenant, elle ne risque pas d'emporter le cœur du jeune roi. 
Elle accomplit parfaitement sa mission vers 1652, selon le chroniqueur italien Primi Visconti qui nota quelques années plus tard dans ses mémoires : « Toute affreuse qu'elle était, le prince étant fort jeune, l'ayant trouvé seul à l'écart dans le Louvre, elle le viola, ou du moins le surit, en telle sorte qu'elle obtint ce qu'elle désirait ; le feu de la jeunesse ayant empêché le prince de réfléchir sur ce qu'il faisait… »  Des mauvaises langues rajoutent qu'elle lui aurait refilé par la même occasion une blennorragie…
Louis XIV à 16 ans.

Petit profit

Quoi qu'il en soit, en guise de récompense, son époux est fait baron et elle-même reçoit une forte somme d'argent et quelques belles pierres destinées primitivement au Louvre avec lesquelles elle fait bâtir l'hôtel de Beauvais. Rénové il y a peu d'années, l'hôtel abrite, aujourd'hui, la Cour administrative d'appel de Paris. Son président Patrick Frydman, qui a conduit les travaux de rénovation, nous fait l'amabilité de nous servir de guide.
 L'hôtel est bâti par Antoine Lepautre, premier architecte du roi qui dut faire preuve d'une grande inventivité architecturale pour caser l'édifice sur un terrain réduit et très irrégulier. Il repose sur les superbes caves gothiques du précédent édifice, la maison de ville de l'abbaye de Chaalis.
Par manque de place, le corps principal n'est pas bâti entre cour et jardin, comme il était d'usage sous Louis XIV. Sa façade surplombe carrément la rue. Encadrant la porte d'entrée, quatre grandes arcades sont visibles. Cateau, qui ne crachait pas sur un petit profit, avait fait installer quatre boutiques sur la rue pour pouvoir les louer. Une décision scandaleuse pour la noblesse de l'époque.
Anne d'Autriche sur le balcon de l'hôtel de Beauvais.
La façade actuelle a été rénovée, mais dans son état du XVIIIe siècle et non pas du XVIIe. L'entrée débouche sur un péristyle arrondi, orné de huit colonnes doriques. La cour n'est pas carrée, mais de forme très irrégulière. Deux escaliers remarquables : le principal, en pierre, est l'œuvre du Flamand Van der Bogaërt ; le deuxième est un escalier ovale à vis et rampe en fer forgé. « Remarquez qu'il n'existe pas de colonne centrale. Toutes les marches en pierre sont ancrées dans le mur. Il y en a que deux comme cela à Paris », note Patrick Frydman.

Mozart logé au deuxième étage

Malheureusement, les décors intérieurs ont tous disparu. L'appartement principal du premier étage, donnant sur la rue, est occupé par la grande salle du tribunal. Entre deux affaires, le président nous fait la grâce d'ouvrir la fenêtre donnant sur le balcon. Lors de l'inauguration de l'hôtel, le 26 août 1660, Anne d'Autriche, Mazarin, Turenne et Cateau la borgnesse s'y tenaient pour assister à l'entrée du roi dans Paris en compagnie de sa jeune épouse arrivant d'Espagne, Marie-Thérèse. 
C'est un défilé somptueux composé de milliers de chevaux, de carrosses, de soldats, d'artisans, de religieux, de parlementaires. Tous les ordres, toutes les corporations sont représentés. Paris pavoise. Le roi chevauche une superbe monture baie couverte d'une housse brodée d'argent et de pierreries. La nouvelle reine est assise dans un luxueux carrosse tiré par six chevaux gris perle.
Finalement, la baronne de Beauvais n'habite pas très longtemps dans son bel hôtel, car le quartier du Marais perd de sa superbe quand le roi Soleil s'installe à Versailles. Elle n'y revient que pour sa mort en 1690, à l'âge de 76 ans. L'hôtel est vendu à un conseiller du roi qui le lègue à son neveu. Celui-ci le loue en 1755 au comte d'Eyck, ambassadeur du duc de Bavière, qui le transforme en tripot. 
En novembre 1763, le comte accueille un jeune musicien prodige qui fait déjà parler de lui dans toutes les cours d'Europe : Wolfgang Mozart, 7 ans, venu d'Allemagne avec son père et sa sœur Marie-Anna, 10 ans. Ils habitent le deuxième étage. Le comte fait transporter dans la chambre du jeune homme le clavecin de son épouse. En avril, la famille Mozart quitta l'hôtel de Beauvais pour Londres.
En 1943, la mairie de Paris achète l'hôtel une bouchée de pain à la famille juive Simon, après la déportation du fils de la famille. Dans l'après-guerre, l'hôtel devient un immeuble de logements locatifs. Puis, il tombe à l'abandon jusqu'à sa rénovation en 2004 pour accueillir la Cour administrative d'appel de Paris.

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