mardi 21 juin 2016

SUR LE NET, DES MAUX, DES IMAGES, LES BARBELÉS ET LA MORT...


« Laisserons-nous la " toile " (d'araignée) porter les pires horreurs ? »
Par Marc Knobel, directeur des Etudes au Crif, publié dans le Huffington Post le 20 juin 2016
 
"Les Roms aiment vivre en bidonville, ils apportent en France des maladies" ; "les immigrés nous envahissent, on n'en fait plus pour eux que pour nous" ; "les réfugiés sont des criminels" ; "les musulmans sont des terroristes", "ils sont responsables de tous les attentats en France et dans le monde" ; "les Juifs contrôlent le monde, l'économie, la banque..." ; "ils tuent", "le nègre c'est le mal" ; 

"les Africains sont tous pareils", "ils ne savent que jouer du tam-tam" ; "les Français sentent mauvais et ne se lavent pas" : "les femmes ne sont faîtes que pour avoir des enfants et les élever" ; "les lesbiennes portent des cheveux courts, des vêtements masculins et militaires, de grosses chaussures type rangers" ; "Moi, je ne suis pas raciste, j'ai plein d'amis arabes, mais..."...
 
Combien de fois avez-vous vu, avez-vous lu ces clichés nauséeux, ces phrases immondes, ces mots assassins ? 
Combien de fois, avez-vous lu ces stéréotypes misérables, comme les produits de toutes les sous-cultures, de toutes les ignorances, de toutes les lâchetés, de toutes les bêtises? 

Ils sont écrits, réécrits, étalés, soulignés, placés, replacés. Combien de fois, dans les réseaux sociaux avez-vous vu que cela faisait rire, rire aux éclats ceux et celles qui veulent allumer les bûchers ? Ceux et celles qui veulent stigmatiser, jeter, écraser laminer, parce qu'en vérité, ils se nourrissent de toutes ces saletés et qu'ils n'en auront jamais assez ?
 
Combien de fois avez-vous, avons-nous alors tenté de faire enlever les/ces maux ? En déposant individuellement des signalements ici ou là ? En y passant du temps ? Ou bien, en dénonçant sur les réseaux sociaux toutes les/ces horreurs ? En vous étonnant que personne ne bouge ? Que les choses immondes n'aient/nont pas été retirées ? Sur Twitter, vous y avez laissé des plumes. Parce que ce sont des courants d'air, parce que cela va trop vite, parce que cela passe et repasse, et que l'on ne saurait perdre du temps à enlever ces choses?
 
Sur Facebook, vous avez ou vous aviez vu un jour ces publications, ces post négationnistes, racistes, antisémites, sexistes ou homophobes. Vous trouviez quelquefois des propos immondes, de la littérature antisémite, des références au "Protocole des Sages de Sion". Des caricatures horribles, dignes de l'hebdomadaire nazi, le "Stûrmer" ou de l'hebdomadaire français, antisémite et collaborationniste, "Je suis Partout". Vous trouviez aussi des publications qui disent que les Juifs mentent, volent, trichent et que la Shoah ce serait du "bidon", que les arabes ceci et que les autres, cela...
 
Vous aviez mal. Vous avez alors signalé anonymement ces publications, référençant soigneusement les infractions à caractère raciste que vous aviez vu/trouvé : provocation publique à la discrimination à la haine ou à la violence nationale, raciale ou religieuse ; contestation de crime contre l'humanité, diffamation raciale publique, injure raciale publique.
 
Vous aviez cru faire votre devoir, vous paraissiez tranquille. Mais, vous receviez par la suite ce petit encadré, ce petit mot...
 
"Merci d'avoir pris le temps de signaler quelque chose qui, d'après vous, pourrait enfreindre nos standards de la communauté. Ces signalements comptent pour beaucoup dans nos efforts pour faire de Facebook un environnement sûr et accueillant. Nous avons examiné la publication que vous avez signalée pour apologie de la haine et avons déterminé qu'elle n'allait pas à l'encontre de nos Standards de la communauté. Veuillez nous informer si autre chose vous préoccupe. Nous souhaitons que Facebook reste un lieu sûr et accueillant pour tous".

Vous ne compreniez pas. De quel Standard (avec un S majuscule) parlait-on, qui se substituerait ainsi aux dispositions pénales en matière de lutte contre le racisme et l'antisémitisme ? Qui se substituerait ainsi au chapitre I de la Charte de l'ONU et en particulier à l'article 30 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme qui rappelle que la "liberté d'expression ne peut être utilisée pour promouvoir le non-respect des droits de l'Homme"? 

De quel Standard s'agit-il, vous demandiez-vous alors, celui qui écarte du revers la main, votre signalement ? Celui qui jette aux orties votre réaction citoyenne ? Celui qui dispose et vous impose de vous taire ?
 
Vous aviez mal, on vous répond qu'il n'y a rien à voir. Vous aviez mal, on vous répond que tout est normal. Vous aviez mal, on vous répond... Premier amendement de la Constitution américaine.
 
Et puis, il y a les vidéos que vous avez vues sur YouTube ou ailleurs, qui font peur. Ces gens qui éructent de haine, qui hurlent, les mots barbares, les sons putrides, les phrases assassines encore. Ou, les prêcheurs de haine qui veulent vous, nous détruire. Ou les photographies de décapitation, en veux-tu, en voilà, les images folles d'un monde en perdition, de l'inhumanité, de la bestialité, de l'immonde.
 
Vous avez peur que vos enfants les voient, vous avez mal que l'on puisse ainsi tout montrer, comme s'il fallait tout montrer, que rien ne peut plus être interdit, qu'il est interdit d'interdire. Et qu'il faut se taire, et ce faisant, être indifférent.
 
Faut-il alors réglementer l'Internet ou laisser la " toile " (d'araignée) porter les pires horreurs ?... Lire l'intégralité.

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