Le cardinal Georges Cottier est décédé le 31 mars 2016 au Vatican.
Né à Carouge (Genève) en 1922, Georges Cottier participe en Suisse durant la seconde guerre mondiale à un réseau actif recueillant des enfants juifs. Entré chez les Dominicains en 1945, il se perfectionne en lettres classiques à l’Université de Genève et il est ordonné prêtre en 1951.
En 1952, il est docteur en théologie et diplômé en philosophie à l’Angelicum de Rome.
Revenu à Genève, il soutient une nouvelle thèse de doctorat sur l’athéisme de Marx. Il est nommé expert au concile Vatican II, puis sera secrétaire de la commission théologique internationale de 1989 à 2004.
C’est le 21 octobre 2003 qu’il est nommé cardinal par le pape Jean Paul II dont il était très proche. Cette reconnaissance tenait au fait que le P. Georges Cottier avait joué un rôle décisif, en tant que théologien expert, dans l’organisation et l’animation du « Colloque sur les racines de l’antijudaïsme dans l’Eglise catholique », tenu au Vatican en 1997 à la demande du pape polonais, en vue du proche jubilé de l’an 2000 et des repentances officielles.
P. Cottier a toujours été sensible à la dimension hébraïque de la foi chrétienne et son affection profonde pour Israël était réelle..
Admirateur du cardinal Journet et de Jacques Maritain, le P. Cottier a toujours été sensible à la dimension hébraïque de la foi chrétienne et son affection profonde pour Israël était réelle. Une soixantaine d’experts, théologiens, historiens, sociologues, ont pris part à la structuration de ce colloque historique, sous la houlette du P. Cottier mandaté de toute la confiance du Souverain Pontife. Les actes des travaux mentionnent les références essentielles de ce colloque : en particulier Nostra Aetate, le tournant irrévocable opéré en 1965 dans la relation entre Eglise catholique et judaïsme. Le pape Jean Paul II avait ouvert la séance initiale en précisant :
« Des interprétations erronées et injustes du Nouveau Testament relatives au peuple juif et à sa prétendue culpabilité ont trop longtemps circulé, engendrant des sentiments d’hostilité à l’égard de ce peuple. Ils ont ainsi contribué à assoupir bien des consciences, de sorte que quand a déferlé sur l’Europe la vague des persécutions inspirées par un antisémitisme païen – qui dans son essence était en même temps un antichristianisme – à côté de chrétiens qui ont tout fait pour sauver les persécutés au péril de leur vie, la résistance spirituelle de beaucoup n’a pas été celle qu’on était en droit d’attendre de la part de disciples du Christ. »
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Et le pape poursuit sa présentation :
« A l’origine de ce petit peuple situé entre de grands empires de religions païennes, qui l’emportent sur lui par le rayonnement de leur culture, il y a le fait de l’élection divine. Son existence n’est donc pas un simple fait naturel ni culturel… Elle est un fait surnaturel… Ignorer cette donnée première, c’est s’engager sur la voie d’un marcionisme contre lequel l’Eglise avait réagi avec vigueur, consciente de son lien vital avec le Premier Testament sans lequel le Nouveau Testament lui-même serait vidé de son sens !
C’est pourquoi, ceux qui considèreraient le fait que Jésus fut juif et que son milieu était le monde juif comme de simples faits culturels contingents, auxquels on pourrait substituer une autre tradition, non seulement méconnaissent la signification de l’histoire du salut mais plus radicalement s’en prennent à la vérité elle-même de l’incarnation… »
En tant que théologien de la maison pontificale, le P. Georges Cottier résidant au Vatican a été un interlocuteur de premier plan pour les papes Jean Paul II, Benoît XVI, et encore récemment par téléphone avec le pape François, toujours sur ces questions essentielles des relations catholiques-juifs. Il a, en fait, porté tout au long de ces années cette démarche de retour aux sources et de rapprochement fraternel en contribuant à l’approfondissement théologique fondé sur la tradition biblique et les recherches spécialisées très importantes dans ce domaine.
J’ai eu moi-même l’opportunité d’échanger avec lui lors de ses déplacements à Genève, le couvent des Dominicains qui l’accueillait jouxtant la cure de la paroisse St Paul dont j’étais alors le curé.
Heureusement, un compatriote suisse du P. Cottier poursuit sa tâche dans la même direction : il s’agit du cardinal Kurt Koch, responsable de l’œcuménisme et des relations avec les juifs pour l’Eglise Universelle, grâce à qui un document déterminant a vu le jour fin 2015, offrant des perspectives de cheminement commun à l’Eglise et à la Synagogue pour les temps à venir.
Merci au P. Cottier, cardinal, qui rejoint aujourd’hui les réalités d’En-Haut, dans la paix d’un ciel plus lumineux que celui qui surplombe actuellement la terre et assombrit ses malheurs. Puisse toute son œuvre jalonner d’espérance biblique nos chemins terrestres.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez pourDreuz.info.
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