mardi 1 mars 2016

Après 30 années de production laitière, il vend ses 90 vaches.....


Certains barrent bruyamment les routes, d'autres conspuent François Hollande. En silence, d'autres cessent leur activité. Témoignage en Loire-Atlantique.


« Les vaches se vendent peu à peu. Mais à 850 euros alors qu'elles en valaient 1 200 voici quelques mois. Mais pour le robot de traite, pas un seul coup de fil », constate Dominique Pilet, 49 ans, agriculteur à Machecoul, bourg de 6 000 habitants en Loire-Atlantique.
Éleveur laitier depuis 1990, lui et son épouse ont décidé entre Noël et le jour de l'an de cesser cette activité : lui-même avait succédé à ses parents. Une ferme dans la norme d'aujourd'hui : sur 140 hectares en location, 150 bovins dont 90 vaches laitières produisant 600 000 litres de lait par an.
« La coopérative Colarena m'achète mon lait 31 centimes d'euro le litre alors que, toutes charges confondues, il coûte 40-45 centimes à produire. Je suis un chef d'entreprise qui ne fixe pas son prix de vente. Pire, c'est l'acheteur de mon lait qui rédige la facture... » Au final, des comptes constamment dans le rouge et encore plus depuis un an.
Le salaire mensuel de 1 200 euros que s'autorise le couple est prélevé sur le découvert de 30 000 euros accordé par la banque. S'y ajoute un emprunt de 170 000 euros. Avec l'espoir que la vente du troupeau et du matériel permettra de solder les dettes et de réorienter la ferme vers la production de céréales.

« Je suis sous perfusion »

« Voici trente ans, j'ai choisi ce métier d'éleveur avec passion, ce n'était pas pour arrêter aujourd'hui. Il faut traire les vaches deux fois par jour, y compris à Noël. Voilà huit ans que je n'ai pas pris de vacances : tout ça ne me pèse pas. Le pire reste de ne pas pouvoir vivre de mon métier : 80 % du revenu provient des aides. Je suis sous perfusion. »
Longtemps syndicaliste au sein de la Coordination rurale, classée à droite de la FNSEA majoritaire, Dominique Pilet ne s'est pas joint aux manifestations des derniers mois : « Jamais je n'ai bloqué une route, ni détruit quoi que ce soit. Mais à l'été 2009, j'ai jeté ma production durant dix-huit jours pendant la grève du lait. »
Ce producteur laitier en rupture n'accuse pas la grande distribution : « L'entreprise laitière qui paie le mieux en Loire-Atlantique est contrôlée par Intermarché. Ce sont les grosses laiteries qui nous tuent. Ces fossoyeurs veulent toujours grossir. » La coopérative Colarena, à laquelle Dominique Pilet livrait son lait, appartient au groupe Eurial qui collecte 2,4 milliards de litres de lait après sa fusion fin 2015 avec Agrial, autre entreprise du secteur.
Adepte du « small in beautiful », Dominique Pilet devait s'associer l'été prochain avec trois collègues pour lancer une petite société de collecte et de vente de lait traçable étiqueté « Pays de Loire » : « Je ne pouvais même pas tenir jusqu'à l'été. Pourtant les premiers contrats prévoient un lait payé 44 centimes le litre. Mais ce sera sans moi. Et dans les environs, cinq autres producteurs ont décidé d'arrêter le lait. »

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