dimanche 21 février 2016

Ben Stiller : « Je suis un pur produit de l’humour juif new yorkais »


14 ans après la sortie de « Zoolander », une désopilante satire de la mode, l’acteur et réalisateur Ben Stiller reprend dans le film « Zoolander Numéro 2 », sa casquette de metteur en scène et son personnage hilarant du mannequin Derek Zoolander, cette fois aux prises avec un mystérieux serial-killer qui assassine des vedettes de la pop music. 
C’est à Paris que notre correspondant en France a pu s’entretenir, il y a quelques semaines dans un salon du prestigieux hôtel le Plaza Athénée, avec cette star de la comédie hollywoodienne et  fils d’un célèbre duo d’humoristes juifs de New York, Jerry Stiller et Anne Meara. Entretien pour Israël Magazine avec une superstar du 7ème art.
Propos recueillis par René Chiche
René Chiche : Le premier « Zoolander » en 2002, avait été salué par la critique mais n’avait pas attiré les spectateurs dans les salles. «Zoolander Numéro 2», est-ce une façon d’oublier votre déception d’il y a une quinzaine d’années ?
Ben Stiller : C’est vrai que j’avais été très déçu par l’échec commercial de « Zoolander » auquel je croyais beaucoup, mais en coécrivant le scénario avec mon ami Justin Theroux, qui joue dans « Zoolander Numéro 2 », je me suis replongé avec un vrai enthousiasme dans cette histoire sur l’univers de la fashion. D’autant plus que j’interprète le même Derek Zoolander, mais qui est cette fois un mannequin considéré comme un « has been » dans ce monde impitoyable de la mode. Pendant dix ans, il a vécu reclus, comme un véritable « bernard-l’hermite », mais il revient sur le devant de la scène quand un tueur en série s’en prend à des icônes de la pop music.
Il y a pléiade de vedettes, Penelope Cruz, Owen Wilson, Justin Bieber, Sting, la journaliste de mode Anna Wintour, Kiefer Sutherland (« 24 heures chrono »), Billy Zane (« Titanic ») ou Bendedict Cumberbatch (« The Hobbit », « Star Trek ») qui interprètent un personnage ou leurs propres rôles dans « Zoolander 2 ». Ce ne fut pas trop compliqué pour diriger toutes ces personnalités ?
Ben Stiller : Au contraire, c’était une véritable partie de plaisir ! Durant le tournage, rien n’était trop sérieux et on s’est amusé le plus possible, comme de vrais gosses. C’était très drôle de faire appel à toutes ces vedettes du divertissement et du monde de la mode, car ce n’était pas le cas dans le premier « Zoolander ». On s’était contentés de voler quelques extraits d’interviews de célébrités ou de stars des podiums sur les tapis rouges des grands évènements. 
Cette fois, comme les personnes étaient informées, nous avons pu faire appel à elles. Anna Wintour, la patronne du prestigieux magazine « Vogue », a aussi été une super partenaire et sa présence a évidemment apporté une toute autre dimension à mon film. Il y a d’autres gens que je voulais intégrer à « Zolander Numéro 2 », comme l’ancien Secrétaire d’Etat de George W.Bush, Colin Powell, que j’aurais bien vu dans la scène d’orgie (rires). 
Et puis, lorsque j’ai dû lui téléphoner pour lui expliquer ce que j’attendais de lui, j’ai finalement abandonné car je me suis dit que je ne pouvais pas proposer une telle chose à un dirigeant politique comme Colin Powell ! (rires).
Est-il vrai que le chanteur Sting vous a aidé dans la coécriture du scénario de « Zoolander Numéro 2 » ?
Ben Stiller : Non, mais comme il avait beaucoup aimé le premier « Zoolander », c’est la première personnalité que j’ai contactée lorsque nous avons eu l’idée de ce second opus. C’était très important pour moi de le convaincre, parce qu’il interprète un personnage clé dans la trame narrative. Je lui ai envoyé le script et il m’a rappelé dès le lendemain pour me dire qu’il était partant. C’était génial de sa part, car sinon, il aurait fallu que l’on réécrive de nombreuses scènes. Sting est un artiste très impliqué dans tout ce qu’il fait et il n’hésitait pas à me proposer quelques idées pour des dialogues ou pour une scène. 
Parfois, c’était retenu, mais souvent, je lui conseillais d’aller écrire de nouvelles chansons ! (rires). Je plaisante, j’adore cet homme et je pense que nous retravaillerons ensemble bientôt. Je voudrais aussi rendre hommage à mon coscénariste Justin Theroux, car c’est lui qui m’a poussé à écrire le deuxième volet de « Zoolander ». On s’était rencontrés lors du tournage de « Tonnerre sous les tropiques » en 2008 et lors de dîners en couples, moi avec ma femme Christine et lui avec son épouse l’actrice Jennifer Aniston, on échangeait des idées, des blagues et des projets de séquences. On voulait une histoire qui se déroule en dehors des Etats-Unis et cela a donné « Zoolander 2 ». 
L’écriture d’un long métrage n’est pas toujours la partie la plus drôle, mais lorsqu’on a écrit une première ébauche et que l’on est tous réunis pour en discuter, en rire et l’étoffer en ajoutant des éléments, alors, cela devient très intéressant.
Est-ce que vous allez prochainement vous rendre en Israël pour la promotion de « Zoolander Numéro 2 » ?
Ben Stiller : Si mon film sort dans les salles de cinéma israéliennes, ce sera avec un immense plaisir ! Mais cela ne dépend pas de moi, il faut demander aux patrons de la Paramount qui distribue « Zoolander Numéro 2 » dans le monde. Je me souviens, entre autres, être venu en Israël pour le dessin animé « Madagascar  2 » en 2008, avec d’autres comédiens comme Chris Rock et Jade Pinkett Smith, la femme de Will Smith, qui prêtaient aussi leurs voix à des animaux, et c’était extraordinaire ! 
Tout avait été organisé par Yoram Globus, le big boss du groupe Globus, on était allés à Tel Aviv et aussi à Netanya où le film avait été projeté au Globus Max Theater, avec un public super chaleureux. Je sais que le premier « Madagascar » avait attiré près de 500.000 Israéliens, ce qui est impressionnant pour ce pays de 6 millions d’habitants ! Je suis très attaché à Israël car je suis juif et j’aime ce pays, à la fois par attachement et aussi par conviction. Je me souviens encore, avec émotion, d’un message de félicitations que j’avais adressé à l’État d’Israël lors du 60ème anniversaire de sa création. 
Avec d’autres amis comédiens comme Tom Cruise, Dustin Hoffman, le cher et regretté Robin Williams, Billy Crystal ou Michael Douglas, nous avions assisté à la diffusion de cette vidéo sur des écrans géants en plein Times Square, à New York. Il y avait des milliers de personnes qui avaient chanté la Hatikva,  j’en ai presque les larmes aux yeux quand j’y repense…
Vous venez souvent en Israël ?
Ben Stiller : Pas assez à mon goût, par manque de temps, mais je suis venu la dernière fois en 2012. J’ai fait un joli voyage avec ma femme Christine et nos deux enfants, Ella Olivia et Quinlin, entre Jérusalem, Tel Aviv, Tibériade et la Mer Morte. La première fois que j’ai visité Israël, c’était en 1981, j’avais 16 ans. Mes parents, Jerry et Anne, nous avait amené avec ma sœur Amy, à Eilat, pour faire un peu de plongée dans la Mer Rouge, et nous avions aussi passé plusieurs jours à Jérusalem. Quels beaux souvenirs…
 J’avais rencontré, dans le quartier de Ben Yehouda à Jérusalem, une jeune et jolie israélienne de mon âge, elle parlait très bien l’anglais et s’appelait Dina, et nous avons eu une brève histoire d’amour. Est-ce que c’est pêché ou blasphématoire de dire que nous avons fini par faire ce que vous imaginez, pas très loin du Mur des Lamentations ? Si, c’est probablement pêché, mais je l’avoue, nous l’avons fait et c’est un de ces moments de l’adolescence que vous n’oubliez jamais ! (rires).
Est-ce que vous vous impliquez aux USA pour soutenir Israël ?
Ben Stiller : Absolument ! Si je sens qu’Israël et le peuple juif peuvent être en danger ou injustement attaqués, je participe à des manifestations de soutien, comme ce fut le cas lors de la guerre contre le Hamas durant l’été 2014. Et dès que je le peux, je réponds présent afin d’aider des associations juives américaines qui viennent en aide aux personnes défavorisées ou malades. 
Et au sein du Parti Démocrate dont je suis un sympathisant et un donateur, je veille à ce que les idées en faveur d’Israël soient présentes. C’est ma manière d’affirmer mon lien très fort à ce pays que j’aime du fond du cœur.
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Un enfant de la balle

Ben Stiller
« Avec mes parents Jerry Stiller et Anne Meara, j’ai toujours vécu dans le milieu du show business et comme ils étaient des comédiens connus, je n’ai pas eu une éducation très traditionnelle. Je les accompagnais sur les plateaux, je me couchais tard, je voyageais beaucoup avec eux et il m’arrivait souvent de rater les cours. Et comme nous étions originaires et vivions en plein cœur de Manhattan, je peux dire que je suis un pur produit de l’humour juif new yorkais !  J’ai toujours adoré Woody Allen, Lenny Bruce, Mel Brooks ou les Marx Brothers et je suis aussi un grand fan de Judd Appatow, l’un des meilleurs réalisateurs de comédies d’aujourd’hui. 
Encore un juif !», m’explique, en riant, Ben Stiller, tout en buvant un thé au gingembre dans le salon feutré du Plaza Athénée,  un palace parisien situé à quelques mètres de l’avenue des Champs-Élysées. Son père Jerry Stiller, aujourd’hui âgé de 89 ans, est un juif, aux origines russes et autrichiennes, tandis que sa mère, Anne Meara (décédée en mai 2015 à 85 ans) était une catholique, issue d’une famille irlandaise. « Mais ma chère et tendre maman s’était convertie au judaïsme réformé par amour pour mon père. J’ai d’ailleurs fait ma bar mitzvah et ma sœur Amy a eu droit à sa bat mitzvah. Au  lycée, le Calhoun School à New York, on était toute une bande de copains juifs, et c’est là bas que j’ai vraiment commencé à écrire mes premiers sketchs, je devais avoir 11 ou 12 ans. Grâce à ma mère, j’avais déjà effectué mes débuts d’acteur dans « Kate McShane », une série télévisée dans laquelle elle jouait. Je n’avais que 10 ans et deux ans avant, j’avais réalisé un petit film avec ma sœur Amy, qui est devenue comédienne, et des amis », poursuit Ben Stiller. 
À 50 ans, Stiller s’est imposé dans le top 20 des acteurs les mieux payés d’Hollywood. Quand on lui demande de citer un de ses films préférés parmi ceux où il a joué, il réfléchit quelques secondes avant de lâcher : « C’est « Au nom d’Anna » de mon ami Edward Norton. Je jouais le rôle de Jake, un rabbin à New York, amoureux d’Anna, une amie d’enfance goy, en même temps que son copain Brian, qui est prêtre. Tout un symbole ! »
René Chiche

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