Les médias nous bassinent avec la parution du nouveau numéro de Charlie et sa une représentant un Dieu armé d’une kalachnikov.
Depuis plusieurs jours, les médias nous bassinent avec la parution du nouveau numéro de Charlie et sa une représentant un Dieu armé d’une kalachnikov avec, pour commentaire : « Un an après, l’assassin court toujours. » Le message est clair : « La croyance, c’est le mal. » À entendre les commentaires inspirés, c’est un message courageux et innovant.
La preuve : à côté de la polémique déclenchée, d’autres se fendent d’un acte citoyen en achetant un exemplaire du journal. « Il faut montrer qu’on a des principes. » Bravo, le marketing : un million d’exemplaires diffusés. Le journal revient de loin. Si mes souvenirs sont bons, il était tombé à moins de 50.000 il y a un an.
Depuis que, s’apercevant peut-être que son fonds de commerce « manger du curé » faisait de moins en moins recette, le journal a décidé de dénoncer les dérives de certains membres de la communauté musulmane, un long chemin a été parcouru. Tandis que les gens civilisés de chez nous tiquaient pour ces relents d’islamophobie, les hordes barbares en ont fait l’objet d’un djihad. On connaît la suite.
Un an après la punition infligée par les frères Kouachi, le journal récidive en dénonçant toutes les croyances. Avec ce message très « Troisième République » réactualisé, le journal délaisse Zola pour Voltaire. Ce message permet indirectement, aussi, de renouer avec le fonds de commerce « manger du curé ». Je n’engagerai pas la polémique à ce niveau. Qu’y a-t-il de téméraire à maintenir contre vents et marées que la croyance est la source du mal ? Même le temple de la raison raisonnante que sont les mathématiques a finalement renoncé à se défaire de la croyance.
Toute mathématique se fondant sur des axiomes se fonde sur des propositions non démontrables en elles-mêmes, donc sur de la croyance. La preuve : si on change d’axiome, on ne fait que changer de mathématiques. Emportée par leurs réussites, les mathématiciens ont pensé un moment pouvoir prouver que les axiomes seraient eux-mêmes démontrables. Les mathématiques devenant capables de se fonder elles-mêmes, la raison raisonnante s’affranchirait du boulet de la croyance.
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S’essayant à cette démonstration, Gödel aboutit finalement à une proposition épiménidienne, la proposition de ce Crétois affirmant que tous les Crétois étaient des menteurs. Étant lui-même crétois, son affirmation devenait un mensonge, mais si la proposition « les Crétois sont des menteurs » était un mensonge, cela voulait dire que les Crétois disaient la vérité, y compris en affirmant qu’ils étaient des menteurs, etc.
En voulant s’affranchir de toute limite, la raison n’a fait que prouver qu’elle était sa propre limite. Charlie n’échappe pas à la règle. Son dernier message est paradoxal : il veut nous faire croire que la croyance, c’est le mal. Si c’est mal de croire que la croyance, c’est le mal, la croyance n’est pas le mal, mais si croire que ce n’est pas mal…
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