Les vraies leçons des attentats de Paris :
(Les Juifs et les Coiffeurs… oui, mais pourquoi les coiffeurs?)
L’homme semble ainsi fait que tant qu’il subsistera une échappatoire, un argumentaire clé-en-main, permettant de « rationaliser » les motifs de haine de l’Islam et des Islamistes envers le reste du monde, le phénomène terroriste échappera à l’analyse et à sa définition, qui permettrait de le combattre pour ce qu’il est, sans faux-semblant. Oui, Raymond Barre avait grand tort de discriminer entre les « Juifs » et les « Français innocents ».
Mais, on s’aperçoit à l’usage qu’il n’y a pas un politique, pas une opinion qui ne cherche un biais pour se tirer d’affaire et livrer la « patate chaude » aux catégories attitrées et désignées volontaires pour se faire tuer à la place d’autrui : les Juifs, les caricaturistes réputés « Islamophobes »… Il s’agit d’éviter de comprendre que, comme toutes les mafias, l’Islam (dit: « radical » -pour faire bonne mesure) se sert d’exemples à tuer pour inspirer une intimidation générale, une terreur partagée et jamais remise en question, pour imposer la soumission.
Aujourd’hui, le « rationnel » nous dit que la France représente la source de toutes les croisades et de tous les croisés de l’histoire, pour les djihadistes de Daesh. Qu’on se le dise : il va falloir, « enfin », assumer sa propre histoire et prendre sa part pour faire réellement face à la menace collective…
Marc Brzustowski. ©J.forum.fr
Lorsque la vérité se révèle, elle peut être plutôt désagréable, mais survient souvent par accident, au dépourvu. On en a eu plusieurs exemples frappants depuis les massacres de Paris, au début du mois. Dans les jours qui ont immédiatement suivi les attaques, Le Time de Londres a interviewé des résidents de Paris. En faisant référence aux derniers attentats, une habitante âgée de 46 ans a aussi illustré son propos par les attentats contre les locaux de Charlie-Hebdo et l’HyperCacher juif.
« Tout parisien a été touché par ces (dernières) attaques », a t-elle dit, « Avant cela ne concernait que les Juifs, les écrivains et les caricaturistes ».
Si cette formulation « Il n’y avait que les Juifs » [et les caricaturistes] est une façon bien malheureuse, inopportune de le dire, ce n’en est pas moins malheureux et inopportun que la réaction du plus grand diplomate de l’Amérique. Quelques jours après les atrocités de Paris, le Secrétaire d’Etat américain John Kerry, n’a pas craint de déclarer :
« Il y a quelque chose de très différent de ce qui s’est passé, à Charlie-Hebdo et je pense que tout le monde le ressent. Il y avait une sorte de focalisation très particulière et peut-être, même, une légitimité en termes de – pas de « légitimité », mais un argumentaire auquel se raccrocher, d’une certaine façon, pour dire : okay, ils sont vraiment en colère à cause de ci ou ça. Ce vendredi-ci, c’était totalement indiscriminé. »
Au point où ces commentaires se sont faits remarquer, ils ont été totalement ridiculisés. Mais c’est ce qui se cache en-dessous cette stupide déclaration qui mérite qu’on s’y intéresse.
Cela suggère une forme de croyance disant que le terrorisme de janvier était une autre catégorie de terrorisme – appelons-le : un « terrorisme compréhensible » – plutôt que faisant partie intégrante d’un continuum de terrorisme qui atteint maintenant son point final logique, comme une « impossibilité de comprendre le terrorisme » – parce que tout d’un coup, « les Juifs, les écrivains ou les caricaturistes » manquent à « l’explication ».
Qu’est-ce qui se passerait si les terroristes prenaient pour cibles « seulement les Américains » ou « seulement les diplomates » – serait-ce « un terrorisme compréhensible » dans la mentalité de Kerry? Qu’on ait pris l’habitude que cela ne concerne « que les Juifs, les écrivains ou les caricaturistes » est précisément ce qui faisaient que ces attaques contre tout un chacun d’autre devenaient inévitables. La seule surprise dans cette affaire ne devrait être, justement, que notre propre surprise.
« Le terrorisme compréhensible » versus. « Le terrorisme impossible à comprendre »? Stéphane Charbonnier (à gauche), rédacteur en chef et éditeur de Charlie Hebdo, a été assassiné à Paris le 7 janvier avec beaucoup d’autres de ses collègues dans une attaque terroriste que John Kerry déclare être « légitime… justifiable, au point que vous puissiez vous raccrocher à quelque chose et dire : c’est okay, ils sont vraiment en colère à cause de ci ou ça. » Kerry fait la différence avec les attentats terroristes du 13 novembre à Paris (à droite), qui, prétend t-il étaient « absolument indiscriminés. » |
Après les attentats de janvier à Paris, il y a eu de vastes défilés à travers le centre de Paris et des slogans comme : « Je Suis Charlie, » pendant un moment, ont semblé être le Hastag ou l’avatar de profil Facebook porté par tous sur les réseaux sociaux. Mais, bien sûr, finalement, tout le monde n’était pas « Charlie », parce qu’à l’exception d’un certain nombre de personnes s’abritant sur Twitter et Facebook, sous divers noms de guerre virtuels, très peu de gens osaient vraiment republier aucune caricature de Mahomet ni faire de nouvelles caricatures de Mahomet de son crû.
Assez tristement, du reste, quelques mois après les attaques, l’équipe survivante à Charlie-Hebdo a même annoncé qu’elle ne redessinerait plus Mahomet. Personne ne peut les en blâmer : après avoir perdu la plupart de leurs collègues, il aurait été exténuant de faire partie de ces quelques rares personnes à exercer un droit que tout autre ne faisait juste que prétendre défendre réellement sur Twitter. Malgré tous les logos « Je suis Charlie« , il s’avérait qu’en réalité, très peu étaient vraiment « Charlie ». Et au bout du compte, même Charlie n’était plus Charlie.
Les logos « Je suis Juif » n’ont probablement jamais réellement rivalisé avec le nombre de logos « Je suis Charlie » et n’ont jamais autant été suivis que le nombre de ceux qui l’ont affiché. Est-ce que tout le monde dans les rues de Paris s’est mis à porter une kippa ou une étoile de David? Non – pas plus qu’il n’y en aeu à circuler dans les rues avec des reproductions d’une image du dessinateur Kurt Westergaard, représentant Mahomet avec une bombe en guise de turban.
Beaucoup de gens ont dit qu’ils étaient « Juifs »,mais ils n’étaient pas prêts à se mettre sur la même ligne de cibles que les Juifs – tout comme beaucoup de gens ont dit qu’ils étaient « Charlie », alors qu’ils n’étaient pas vraiment intéressés à atterrir sur la même liste de frappe des Islamistes que Charlie.
Les derniers attentats à Paris prenaient, effectivement, pour cible tout le monde. En cela, on devrait en tirer un certain genre de leçons. Cette leçon devrait nous rappeler que dans une société libre, personne ne peut complètement esquiver les balles de ces fanatiques particuliers.
Dans le conflit auquel nous sommes confrontés, il n’y a pas d’option, même si vous avez la « chance » de ne pas être « Juif ». Il n’y a pas d’échappatoire, même s’il vous arrive de penser que les gens ne devraient pas dessiner ou exprimer des opinions qui ne sont rien d’autre que prouver qu’on est 100% agréable envers 100% des gens, 100% du temps. Parce qu’un jour vous serez pris pour cible pour vous trouvez à un concert ou dans un restaurant, ou pour avoir la témérité « décadente » d’assister à un match de football.
Que ce ne soit pas encore ancré dans l’imagination de l’opinion publique est une chose. Mais que cela n’ait pas encore pénétré les capacités de compréhension des têtes de la seule superpuissance au monde en est une autre et elle est fort inquiétante.
Un mois après les attentats terroristes de janvier à Paris, il y a eu une autre attaque terroriste dont on se souvient moins contre un événement consacré à la liberté d’expression aux Etats-Unis, un autre à Copenhague en même temps que contre une synagogue danoise. J’ai demandé à l’une des organisatrices de l’événement sur la libre parole pris pour cible ce qu’elle répondrait aux gens qui prétendaient : « Vous savez, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-mêmes.
Vous ne devez pas continuer à publier des dessins ni défendre le droit d’autres individus de publier des caricatures, parce que vous savez pertinemment à quel point les islamistes haïssent cela ».
Sa réplique a été, de façon très caractéristique, très succincte : « Si nous devions arrêter de faire des dessins,devrions-nous aussi arrêter d’avoir des synagogues? Devrions-nous les convertir en autre chose, des mosquées par exemple? Devrions-nous exiger des Juifs qu’ils s’en aillent? ». Le vrai problème est que trop peu de gens ont seulement daigné écouter de telles voix, ou trop peu de gens ont compris l’importance de ce que ces voix étaient en train de dire. Elles ne disaient rien d’autre que ce que les journalistes et dessinateurs de Charlie assassinés avaient aussi dit : si vous renoncez à ce droit, la fois prochaine on vous retirera tous les autres droits.
La majorité du monde peut bien se vanter ou surfer sur l’émotion en scandant : « Je Suis Charlie » ou « Je Suis Juif. » Mais il s’avère que ça n’a pas la moindre importance : les terroristes de Daesh pensent effectivement, que nous sommes tous des dessinateurs ou des Juifs en puissance, quoi qu’on dise!
Voilà, nous en sommes là, à la fin de ce qui pourrait être l’une des courbes d’apprentissage les plus ardues et douloureuses dans l’histoire récente. Au bout de cette courbe, nous devrions, en définitive, vivre avec l’idée que nous aurions dû acquérir bien plus tôt : puisque nous ne pouvons pas vivre avec Daesh ni avec aucun groupe qui ressemble à Daesh, nous ferions mieux de vivre totalement sans eux. Par conséquent, nous ferions mieux de faire tout ce qu’il faut pour mettre fin rapidement à nos hésitations et faire nos choix, avant qu’ils ne précipitent une fin qui corresponde à leur choix à eux.
- Douglas Murray sur Twitter
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