jeudi 10 septembre 2015

Un porte-avions, pour quelles missions ?


L'annonce par le Président de l'extension des opérations aériennes au territoire syrien a été illustrée par certaines chaînes de télévision avec des scènes empruntées à la Marine nationale montrant une vue panoramique du Charles-de-Gaulle à la mer.

L'annonce par le Président de l’extension des opérations aériennes au territoire syrien a été illustrée par certaines chaînes de télévision, en boucle selon leur habitude bégayante, avec des scènes empruntées à la Marine nationale montrant des appontages, des catapultages et une vue panoramique du Charles-de-Gaulle à la mer.
Voici des chaînes d’information bien mal informées ! À moins que l’impact de l’image prime sur la réalité des faits, ce qui n’a rien d’étonnant dans cette course au « scoop » ! Car il est vrai que notre fleuron maritime est plus « vidéogénique » qu’un Transall vétuste de l’armée de l’air, et surtout plus aisé à maintenir dans le champ de la caméra.
La réalité des engagements est tout autre, qui renvoie cette belle image aux archives.
Le porte-avions est, depuis le 19 mai dernier, revenu à son port d’attache, Toulon, et ses flottilles probablement retournées sur leurs bases arrière terrestres. Parti de France en janvier, il n’aura concouru aux opérations irakiennes, et tardivement, que durant huit semaines entre le 25 février et le 19 avril. 
Plus précisément, il aura servi d’« intérimaire » à la force aéronavale américaine en faisant le joint entre le départ du Carl Vinson et l’arrivée duTheodore Roosevelt dans le golfe Arabo-Persique. Ensuite, il participait dans l’océan Indien à la promotion commerciale de notre arsenal militaire de pointe, en particulier du chasseur Rafale devant un client pointilleux et hésitant qui, entre-temps, a considérablement réduit une requête non encore finalisée.
Depuis sa mise en service opérationnelle en mai 2001, ses états de service sont nombreux mais les temps d’opérations réelles fort modestes. Certes, c’est une machine complexe qui réclame en campagne un lourd accompagnement de surface et sous-marin, mais aussi de nombreuses et longues escales à sa base-mère pour contrôle, réparations et réalimentation en combustible nucléaire. À ce jour, et à moins d’être très mal informé, c’est environ un an seulement de campagnes cumulées que l’armada aéronavale tricolore a inscrit à son palmarès de guerre.
La France possède le second domaine maritime mondial. Il va de Toulon à Papeete, couvrant les deux hémisphères englobant Clipperton, Europa, les Terres australes, Wallis-et-Futuna, entre bien d’autres. Mais c’est dans la darse de Toulon que demeure ce magnifique instrument de « projection » la plupart du temps. Et pour les années qui viennent, il y sera maintenu, car la grande révision de mi-vie est programmée, qui couvrira 2016 à 2018. S’il faut projeter des forces vers ces lointaines possessions, ce sont encore les aviateurs qui s’y colleront avec leur rapidité et leur discrétion coutumières.
S’ils en ont encore les moyens.

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