jeudi 17 septembre 2015

Novak Djokovic : un champion haï parce que slave et chrétien ?


Pour vous donner une idée du spectacle, dimanche à New York, Djokovic, c’était Jesse Owens à Berlin en 1936.

Roger Federer est un immense champion, le plus grand tennisman de l’Histoire, de l’avis d’une majorité d’observateurs. Mais son vainqueur du jour, en finale des Internationaux de Flushing Meadow (New York), le Serbe Novak Djokovic, est lui aussi un joueur exceptionnel. 
Si le palmarès de ce dernier est – pour le moment, du moins – moins riche que celui du Suisse (10 tournois du Grand Chelem tout de même, contre 18), il faut rappeler à sa décharge qu’il est plus jeune de six ans et surtout que ses titres (hormis le premier, donc 9 sur les 10) ont tous été remportés contre un des trois autres superchampions de l’époque actuelle (Federer, Nadal et Murray) alors que Federer, au début de sa carrière, a bénéficié d’une adversité déclinante ou d’un calibre moindre (six titres seulement remportés contre ses trois rivaux).
Chacun a pu le constater, au cours de cette finale, le public new-yorkais a pris outrageusement fait et cause pour le champion suisse, qui en a d’ailleurs été lui-même le premier étonné. Pire : le public a affiché une véritable hostilité à l’égard de son adversaire. Pour vous donner une idée du spectacle, dimanche à New York, Djokovic, c’était Jesse Owens à Berlin en 1936.
Or, rien dans l’attitude de l’un ou de l’autre des deux joueurs – l’un comme l’autre reconnus pour leur comportement exemplaire sur et en dehors des courts – ne peut l’expliquer. Leur caractère aussi n’explique rien, tous les deux sont d’une nature réservée voire timide mais généreuse puisque tous deux financent des fondations à but caritatif et tous deux sont ambassadeurs itinérants pour l’UNICEF.
Alors, quelle est l’explication ?
En général, il ne faut pas grand-chose pour que des spectateurs neutres basculent en faveur d’un concurrent contre un autre. Mais pour que le public tout entier réagisse à l’unisson et franchisse les limites de la plus élémentaire courtoisie, il faut que ce quelque chose les concerne tous et qu’il les touche au cœur. 
Fort de ce raisonnement, je n’ai trouvé qu’une seule explication : Novak Djokovic est slave, chrétien orthodoxe et, en plus, se revendique comme tel. En 2015, cela en fait un ennemi des États-Unis.
On nous parle sans cesse du choc des civilisations, on songe alors à une confrontation entre l’Occident vertueux et l’islam présenté comme une religion qui répand la terreur. 
Ce choc-là, je ne sais pas s’il recouvre une réalité ou s’il est monté en épingle par des extrémistes des deux camps… je m’interroge encore. En revanche, ce dimanche sur mon écran de télévision, j’ai eu la vision d’un autre choc des civilisations, un choc bien réel et, celui-là, aussi vieux que la nuit des temps.

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