lundi 14 septembre 2015

Charlie Hebdo a encore beaucoup de rires sur la planche...


Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, a déclaré récemment : "Je ne vois pas pourquoi on s'arrêterait de rire de tout"

Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, a déclaré récemment : « Je ne vois pas pourquoi on s’arrêterait de rire de tout » (JDD.fr).

S’il plaisante, je le rejoins, mais s’il est sérieux, je m’inquiète.
Pour que Charlie Hebdo rie vraiment de tout, il y a plus que de la marge : un vrai gouffre.

Charlie Hebdo n’a pas à s’arrêter : il n’a jamais commencé !
Je lui propose déjà quelques ajouts.
Ne pas rire seulement des chrétiens et des musulmans mais aussi des juifs et de tous les intégrismes.
Ne pas rire seulement des sionistes caricaturaux mais aussi de la mauvaise foi palestinienne qui tend la main mais en dissimulant la bombe.

Ne pas rire seulement du pape mais aussi de tous les prêcheurs et incendiaires fuyant la paix comme la peste.

Ne pas rire seulement de la Manif pour tous mais de tous les défilés et manifestations plus violents et ridicules qu’elle.
Ne pas rire seulement de la foi mais aussi des agnostiques, des athées et de la laïcité, notre nouvel Évangile.

Ne pas rire seulement des défenseurs de la vie à tout prix mais aussi des adeptes de la mort bureaucratique, à programmer sans attendre.

Ne pas rire seulement des réactionnaires, d’Éric Zemmour, de Denis Tillinac ou d’Alain Finkielkraut mais aussi de leurs adversaires qui offrent un vaste champ à la dérision.
Ne pas rire seulement de qui veut la liberté d’expression pour tous mais aussi de ceux qui en ont une conception étriquée, partisane et hémiplégique, en la désirant pour les opinions qu’ils partagent, en la refusant pour toutes les autres.

Ne pas rire seulement du Front national mais aussi des partis de gauche et d’extrême gauche qui ont beau faire dans la gravité républicaine, ils n’en sont pas moins souvent grotesques.

Ne pas rire seulement des romanciers iconoclastes, des intellectuels libres comme Michel Houellebecq ou Michel Onfray mais aussi de ceux qui, jusqu’au plus haut sommet de l’État, prétendent les régenter et nous imposer le Totalitarisme du Bien (défini par eux).

Ne pas rire seulement du Figaro et de Valeurs actuelles mais aussi du Monde, deLibération, de L’Obs et de ces publications qui ne sont pas étrangères à la partialité et à l’approximation.
Ne pas rire seulement de Robert Ménard, apparemment seul maire en France, mais aussi de tous les maires qu’on laisse s’ébattre tranquillement dans leur gestion.

Ne pas rire seulement des pensées graves, sérieuses, conservatrices mais aussi de ce qui délite, subvertit, se moque et se croit drôle.

Ne pas rire seulement des patriotes et des amoureux du drapeau français mais aussi de ceux dont la suprême élégance est de cracher sur lui.

Ne pas rire seulement des racistes et des antisémites mais aussi de ceux qui, à force de voir ces fléaux partout et pour n’importe quoi, ont rendu vaine la lutte judiciaire et démocratique contre eux.

Ne pas rire seulement de la police, de la justice et des magistrats mais aussi de ceux qui sont anarchistes quand ils ne sont pas concernés et exigeants s’ils ont besoin de ces services publics.

Ne pas rire seulement de ceux qu’il est facile de pourfendre à cause de l’air du temps mais aussi de ceux, importants, privilégiés et intouchables, qui font la loi dans notre République.

Ne pas rire seulement des officiels mais aussi de tous ceux qui, officieusement, font encore plus de mal.
Ne pas rire seulement des autres mais aussi de Charlie Hebdo, de soi, de ses obsessions, de ses préjugés et de sa présomption vantarde à prétendre rire de tout.

Ne pas rire seulement de ce qui crève les yeux et l’esprit mais aussi inventer, explorer, dévoiler la face cachée du rire.
Des territoires immenses à défricher.
Charlie Hebdo a encore beaucoup de rires sur la planche.

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