mardi 15 septembre 2015

Aberkane - Coup de maître chez Apple...


L'annonce de la sortie de l'iPad Pro, attendu depuis des années, est un coup de maître. Comme toujours, Apple a taillé son produit pour le succès.


« Vous ne pouvez pas vendre un produit en parlant des caractéristiques techniques, de giga, de ram, de tout ça… Il faut évoquer une émotion », disait Jobs. Avec laprésentation de l'iPad Pro, attendu depuis plus de 24 mois, Apple signe une magistrale manoeuvre stratégique, managériale et industrielle, pour un produit qui, alors qu'il n'est même pas encore livré, est devenu en quatre jours la référence de son secteur.
Dans l'histoire d'Apple, l'événement est sans précédent depuis le célèbre Macworld de Boston en 1997, où Bill Gates était apparu en visioconférence avec Jobs pour annoncer la compatibilité du pack Office sous Macintosh. 
Pour la première fois depuis cette date, un représentant de Microsoft participe à une keynote d'Apple - sans se faire huer, la salle a été bien préparée - pour enrichir un produit directement concurrent. Une preuve de plus que Microsoft tient à se concentrer sur le software, et a tiré les leçons de l'échec managérial de sa ligne Surface, sans y mettre fin toutefois.
L'échec de Surface est une leçon de management qui montre que l'on peut avoir un produit plus tôt, plus performant, plus raisonnable, et… échouer totalement. Le design d'un produit fait partie intégrante de ses caractéristiques techniques et ce n'est pas au produit d'utiliser l'homme, c'est à l'homme d'utiliser le produit. Dès lors, si une machine est belle, l'homme a davantage envie de l'utiliser, et ce faisant de produire plus avec. 
Le design, la beauté, l'émotion sont des leviers de productivité, et donc même s'ils ne sont pas des critères rationnels, il faut leur donner la priorité. Tous les directeurs des systèmes d'information (DSI) devraient avoir ce principe en tête : un outil bien designé est plus productif.

La part belle à la créativité

Sur le papier, l'iPad Pro a des caractéristiques techniques inférieures à la ligne Surface Pro de Microsoft. Cependant, sa beauté, les émotions qu'il dégage, et surtout son ergonomie sont infiniment supérieures, et en bien meilleure adéquation avec ses utilisations possibles, rien n'y sert à rien. 
C'est pour cette raison que le Surface a été un relatif échec, et que l'iPad Pro, moins puissant informatiquement parlant, mais surpuissant humainement parlant, est taillé pour le succès. Les automobilistes à la fibre sportive connaissent bien ce phénomène : une voiture peut avoir sur la fiche technique cent chevaux de plus qu'une autre sans que l'on sente la différence au volant.
J'ai utilisé plus d'un an un Surface Pro 3, et même si la technologie en était remarquable, son ergonomie, dans l'ensemble, aura été profondément frustrante. Le stylet, excellent à l'époque, mais clairement dépassé, fonctionne avec des piles. 
A-t-on jamais vu de piles dans un produit Apple ? Le stylet de l'iPad Pro, lui, se rechargera directement, son design est beaucoup plus élégant et moins scolaire que celui du Surface, et ses scénarios d'utilisation font la part belle à la créativité, au point de transformer, en fait, toute productivité en créativité. 
C'est une leçon : n'importe quel travailleur veut que sa production soit aussi de la création, et il faut respecter ce rêve. Un autre point à retenir pour les DSI.
Aucune firme au monde ne maîtrise mieux la mise au point qu'Apple, et c'est ce qui a fait sa fortune. Conformément à sa culture, donc, le garage-devenu-cyclotron ne sort pas un produit avant qu'il ne soit parfaitement au point, quitte à l'annoncer plusieurs années après ses concurrents. 
Saint-Exupéry avait raison : « Il semble que la perfection soit atteinte, non quand il n'y a plus rien à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à retrancher. »

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