L’extrême droite, c’est mal. Sauf de ce côté-là du Jourdain. Va comprendre, Charles…
Rien ne va plus dans l’État hébreu. Et pas seulement qu’à l’extérieur, avec remontée en puissance de l’Iran et liens distendus avec le puissant protecteur américain. On dira, certes, que c’est le moment Obama et qu’avec l’éventuel retour d’un président républicain à la Maison-Blanche, tout devrait rentrer dans le désordre habituel. Mais, hormis une minorité de chrétiens évangélistes hystériques, de plus en plus de ténors du Parti républicain commencent à estimer que le traditionnel et inconditionnel soutien à Israël n’en finit plus de plomber la diplomatie américaine.
À l’intérieur, c’est pire encore pour Tel Aviv. Un bébé de dix-huit mois brûlé vif dans la maison familiale par des extrémistes juifs, ça fait quand même un peu désordre… Du coup, et ce, au risque de mettre sa coalition gouvernementale en péril – Israël doit être, avec l’Ukraine, un des seuls pays au monde où l’extrême droite est fréquentable – Benyamin Netanyahou a dû se résoudre à encabaner un certain Mordechai Meyer, 18 ans, l’un des chefs de file des énervés en question.
Fait inédit : il est sous le coup d’une détention administrative – c’est-à-dire sur seule décision judiciaire et sans enquête préalable -, procédure d’exception jusque-là réservée aux Palestiniens, musulmans comme chrétiens, les dhimmis locaux.
Alors, changement de politique ou simple enfumage ? À en croire L’Express, « les forces de l’ordre sont très loin de poursuivre avec le même zèle les extrémistes juifs. Les autorités ont toujours fait preuve de mansuétude envers les actes des colons, estime le journaliste israélien Akiva Eldar sur le site Al-Monitor :
“Les activistes des ONG israéliennes Yesh Din, B’Tselem, Rabbins pour les droits de l’homme et Breaking the Silence ont enquêté sur des dizaines d’incidents au cours desquels les soldats de Tsahal assistaient sans réagir aux attaques de colons contre des paysans palestiniens ou les empêchaient de travailler leurs terres.” Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a répertorié 399 attaques de ce type en 2014, plus d’une par jour. »
Il est un fait qu’à en croire l’organisation Yesh Atid, seuls 2,5 % des plaintes déposées par des Palestiniens aboutiraient à la condamnation d’un suspect. De son côté, le site Middle East Eye rappelle que, depuis 2000, soldats ou colons israéliens auraient tué 1.895 enfants palestiniens. Et, là encore, pas la moindre condamnation d’un seul Israélien.
Et L’Express de poursuivre : « Netanyahou se serait-il dit choqué si le petit Ali s’en était sorti vivant, s’il avait “seulement” perdu sa maison ? interroge le journaliste Akiva Eldar. Lequel s’indigne, à l’instar de Yossi Melman, spécialiste des questions de renseignements pour le Jerusalem Post, de l’impuissance des services de sécurités, de “trouver et juger quelques dizaines de juifs fanatiques dont les crimes contre les Palestiniens pourraient embraser la région”. »
Plus inquiétant, révèle Nahum Barnea, du quotidien Ynetnews, « les tribunaux devant lesquels sont déférés les extrémistes, sont remplis de juges qui se montrent compréhensifs envers ces criminels. Plusieurs ministres de la Justice ont privilégié les candidats de cette mouvance aux postes de juges.
Un processus renforcé par le gouvernement actuel, dans lequel la ministre de la Justice qui se trouve à la tête du comité de sélection de la magistrature est Ayelet Shaked (Foyer juif, extrême droite), tandis que le représentant de l’opposition au sein de ce comité est un membre de la droite nationaliste. »
Comme dit plus haut, l’extrême droite, c’est mal. Sauf de ce côté-là du Jourdain. Va comprendre, Charles…
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