Bientôt une époque de baby délinquants ?

L’offense sociale de la classe ado et maintenant juvénile devient quotidienne.

Assiste-t-on à une montée en force de l’ado-délinquance ? Tombes profanées, saccage de plusieurs écoles, agressions physiques au couteau et sexuelles, désinvoltures ou provocations inciviles très visibles et bruyantes dans les villes – ah, la Vespa vénérée et contrôlée avec élégance de nos jeunes années ! -, irrespect quasi généralisé, l’offense sociale de la classe ado et maintenant juvénile devient quotidienne.

L’accident dramatique de Rohan procède également de cet irrespect envers son prochain – en l’occurrence ses propres amis -, comme envers soi-même, et de l’absence totale de lucidité responsable.

Ces nouveaux comportements exacerbés qui viennent en concurrence médiatique de la petite délinquance de quartier devraient interpeller la société avec davantage de virulence et d’indignation qu’elle n’en manifeste en réalité. Sans prétendre à l’analyse historique ou psychologique, quelques réalités sont, me semble-t-il, à mettre au débit de ce cours du malheur. Et d’abord le rôle des parents et de l’éducation transmise ou plutôt négligée, quand ce n’est pas l’exemple de la génération précédente qui, souvent, est en cause.

Les fractures inter-générationnelles et des cellules familiales, la mise au coin suicidaire du respect des maîtres à l’école, les images virtuelles de violence des jeux vidéo et réseaux sociaux dégoulinant d’ego sous toutes formes, les contagions fulgurantes d’agissements importés sans vaccins préventifs ont contribué à cette nouvelle endémie. 

Le grand paradoxe est l’immaturité des intéressés qui agissent tels des adultes. Un nouvel oxymore social est né : « l’innocence délinquante ».

Un corollaire de ces nouvelles calamités est apparu comme une pressante mais, hélas, inutile conjuration : les marches blanches. Ah, quels spontanés mouvements et rassemblements émus et fleuris se forment aussitôt ! 

Les ex-voto modernes et autres suppliques compassionnelles s’accrochent en nombre sur les lieux de délits et de crimes. Des femmes et amis(es) éplorés rappellent aux micros dépêchés sur place la gentillesse des victimes ou la honte de cohabiter près d’êtres néfastes mais jusqu’alors si conviviaux.

Les édiles des communes marquées par cette actualité disent leur désarroi et le ministre de « l’ordre public » – entendez de l’Intérieur – y va de sa déclaration austère, avec l’assurance aux citoyens que la vérité sera faite et les crimes punis. Il sera intéressant, à l’occasion, de suivre le parcours judiciaire des deux galopins de 14 et 15 ans qui ont commis le sac du cimetière de Labry, n’est-ce pas, Madame Taubira ?

Si l’on n’y prend garde, il est à redouter, bientôt, des insurrections dans les crèches qui gardent une connotation par trop marquée, pouvant offenser leurs jeunes résidents issus de la diversité…

Henri Gizardin