jeudi 22 mai 2014

VIDEO. Festival de Cannes: «The Tribe», le film en langue des signes qui affole la Croisette...


CANNES - La Semaine de la critique présentait ce mercredi un terrible premier film ukrainien en langue des signes…

Ils sont sourds et forment un gang mafieux à l’intérieur d’un pensionnat: The Tribe (Plemya, en ukrainien), sélectionné en compétition à la Semaine de la critique, a secoué la Croisette ce mercredi en dévoilant le quotidien de ces jeunes lycéens, sur fond de racket et de prostitution. Un film tourné avec de vrais sourds, en langue des signes.
«Le langage du corps est naturel et très personnel pour les sourds, explique le réalisateur de ce premier film, Myroslav Slaboshpytskiy. Les entendants se servent de leurs muscles faciaux pour prononcer les mots, tandis que les sourds, eux, utilisent tout leur corps pour communiquer.»

Entre Larry Clarke et Michael Haneke

L’absence de voix off ou de sous-titrage n’empêche absolument pas de suivre ce «ballet virtuose, vertigineux et hallucinant», comme le qualifie le délégué de la Semaine de la critique, Charles Tesson. Au contraire, «je t’aime» ou «va mourir» s’exprime mieux par le corps que dans n’importe quelle langue orale.
«Il s’agit aussi d’une histoire d’amour», précise Charles Tesson qui a le romantisme bien chevillé au corps. Car l’ambiance du film rappellerait plutôt unKids de Larry Clarke mâtiné de Benny’s vidéo de Michael Haneke. Un film hyper réaliste dans sa mise en scène et d’une froideur extrême dans sa dramaturgie, le réalisateur filmant la majeure partie des scènes en plans séquences tout en restant à une distance respectable des personnages.

Films de rebelles

«Je suis fière d’être à Cannes et de représenter la communauté sourde», s’est exclamée la blonde et jeune héroïne du film Yana Novikova, au début de la projection. Le réalisateur Myroslav Slaboshpytskiy, de son côté, nous a confié être surtout fier de représenter le cinéma ukrainien au Festival de Cannes, aux côtés de son «compatriote et ami» Sergei Loznitsa. Ce dernier présentait hier, en sélection officielle hors compétition, un documentaire tourné en immersion pendant les événements sur la place Maïdan.
«Nous sommes tous les deux des rebelles, clame Slaboshpytsiy. Mon film estbien plus politique que social. Les problèmes que j’évoque ne concernent pas que la communauté sourde, précise le réalisateur. Et pas uniquement les jeunes de notre époque. Quand j’étais lycéen au temps de l’Union soviétique, on était moins obsédés par l’argent, mais les viols étaient fréquents. Certains de mes camarades ont même été condamnés.»

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