La transparence est devenue l’arme des pouvoirs qui se présentent comme des contre-pouvoirs....
« Il n’est point de secret que le temps ne révèle », a écrit Racine1. Heureux, les hommes de l’âge pré-numérique !
De nos jours, il n’est point besoin de temps pour que nos secrets soient tambourinés en place publique. À l’ère de Facebook, du téléphone intelligent (c’est-à-dire espion) de la NSA et de Mediapart, rien de ce qui vous est personnel n’est étranger à votre voisin.
Quand l’indiscrétion est un devoir et la délation un acte de résistance, nos conversations peuvent être écoutées, nos amours épiées, nos achats décortiqués et nos affaires étalées aux yeux de tous.
Non pas que nous vivions sous le joug d’un pouvoir totalitaire : ce que notre situation a d’inédit, c’est que chacun se croit autorisé à être le gardien – ou le flic – de son frère, mais aussi son contrôleur fiscal, son directeur des impôts, son confesseur ou son conseiller conjugal.
Bref, seules nos pensées sont aujourd’hui assurées de demeurer privées.
Et peut-être pas pour très longtemps : des chercheurs d’Oxford, Genève et Berkeley étudient la possibilité de pirater le cerveau humain pour en extraire des informations. Au point qu’on pourra bientôt proclamer avec Flaubert : « Big Brother, c’est moi ! »
[...]
*Photo : Henri Collot/SIPA. 00679365_000001.
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