LA BANDE.
A la Goulette, chaque quartier avait sa bande.
Et son chef élu pour ses compétences.
Lorsque je parle de bandes, je ne parle pas de ces bandes organisées violentes qui fleurissent aujourd’hui et depuis longtemps un peu partout dans les grandes capitales ou dans les banlieues. Ces dernières ont fait leurs preuves par la violence qu’elles sèment dans le quartier.
Rien à voir avec les trafics en tout genre, drogue, vols, incendies, jets de pierre, dégradations, tabassage, crimes et règlements de compte entre bandes voisines.
Le seul fait d’armes répréhensibles que je me reproche était de mettre une allumette dans le trou d’une bouche d’égout. Il se produisait alors, une petite explosion qui soulevait le couvercle en fonte.
Pardon, un peu tard certes, aux couvercles goulettois de merde. Mais les faits sont prescrits depuis.
Nous sommes bien loin de ce décor où la loi du silence règne.
Nous n’avions pas de surnoms anglais ou français tels LES DEVILS, ou les SKIN REDS ou YELLOW, nous étions bien purs et blancs surtout. Nous n’étions ni juifs ni arabes, ni maltais, ni chrétiens, mais GOULETTOIS. C’est important de le signaler.
Elles ne portaient pas non plus de nom à consonance maffieuse, point de CORLEONE ou de TITCHIO, une seule était connue à la Goulette sous le nom de LA BANDE A BICHI NAAMEN.
Du nom du célèbre restaurateur goulettois BICHI.
Pas de signes ostentatoires sur les bras, les jambes, les fesses, le cou, pas piercings, pas de boucles d’oreilles pas de ceinturons ou de cordelettes en cuir, ni de grosses cylindrées ou encore moins de caïds roulants en Mercédès.
Nous avions à peine des trottinettes ou des chariots fabriqués artisanalement.
Pour les ‘riches’ une bicyclette et encore car s’ils passaient pour riches à nos yeux, ils étaient modestes et partie intégrante des bandes modestes que nous étions.
Chez nous la loi du silence n’existait pas, une simple gifle ou une vive remontrance à l’adresse du prévenu et voilà l’incriminé pleurer et dénoncer le coupable le temps d’une respiration.
Par contre, nous organisions entre nous, des luttes, bien loin des regards parentaux, lorsque l’un de nous, clamait haut et fort, qu’il était imbattable. Souvent, il se faisait battre.
La bande telle que je l’ai vécue est pacifique. Plutôt portée sur les jeux.
Entre bandes rivales. Le quartier de Goulette Casino par exemple proposait au chef de la bande à Takkets, un match de foot sur la plage. Restait à trouver un arbitre neutre, souvent
Un GRAND FRERE comme on le dit aujourd’hui. Celui là devait être autoritaire et neutre afin que son respect reste intact sinon, il lui en coutait. Mais jamais au grand jamais, à la fin du coup de sifflet, il ressortait handicapé avec un œil au beurre noir.
Les joutes bien souvent se faisait soit chez l’une soit l’autre, parce qu’il y avait un aller retour.
En générale 7 contre 7, au vu de l’exigüité des espaces abandonnés, qui nous servaient de forum de gladiateurs, et que nous occupions pour assouvir notre soif de vengeance contre ce foutu ballon qui n’était jamais gonflé à bloc.
Le seul terrain homologué qui existait à la Goulette se trouvait derrière l’Amirauté Française, qui elle était, située derrière les quais de L’Amiral Courbet, le Stade dit Mensoron. A quelques coudées de la ¨Piccola Chichilia.
Le volley-ball par contre se pratiquait sur des espaces moindres.
Il arrivait souvent, qu’un souhait amical, provenant du chef de la bande voisine, soit honoré pour la bonne cause du partage entre amis d’école, comme par exemple, le prêt d’un bon joueur, sans contre partie aucune, pour un match important.
Parfois la demande était faite à l’intéressé directement qui ne voyait aucune objection et n’étais jamais traité de traitre par ses copains de bande. Pas même de PD.
La bande n’existait pas dans la cour de l’école.
Nous étions tous mêlés.
Le chef de bande annonçait souvent les TEMPS DES JEUX.
Le temps des noyaux, le temps des images, le temps de la chasse, le temps de la cueillette des mures, celui des billes, des toupies ‘no cé zarbout in terra’ le temps du ‘œillettes’ (entendez par là, les œillades sur les filles) mais jamais le temps de la cueillette des fleurs.
Chacun de nous était habile dans un jeu, deux même mais jamais dans tous les jeux, il ne pouvait pas qd même pas conjuguer le parfait, l’imparfait le subjonctif à tous les temps et en même temps, moi j’était fort dans les superlatifs qu’est ce que c’est déjà un superlatif... ????
A l’âge de la bar mistvat, il se trouvait toujours un GRAND FRERE, souvent le même con patissant pour nous apprendre comment faire la BOUNITA, masturbation. Donc à 13 ans, sans avoir été à l’Académie de la Masturbation, j’ai appris sur le tas. Un vrai plaisir. Et du savon de Marseille, je n’avais que celui là sous la main, j’en ai usé. Merci Simon. Ce n’est pas pour cela que mon zizi a prit qqs centimètres de plus, ni en grosseur ni en longueur selon ses dires.
Les filles ne se constituaient pas en bandes. Quatre filles marchant ensemble pouvait être mal ‘interprété’ ; souvent par deux, une timide et l’autre entreprenante.
La bande m’a apprit la solidarité, l’amitié, le courage, la générosité.
Je suis redevable à la bande.
Faire partie d’une bande m’a donne le sentiment que je pouvais appartenir, plus tard, à une société pacifique avec toutes ses règles de bonne conduite, à sa morale, ses préceptes et ses valeurs que nos parents en premier lieu et l’éducation FRANCAISE nous ont inculquées.
“ A CHACUN SA GOULETTE “
“.........J’ai essoré ma cervelle pour en tirer la substantifique moelle c’est à dire quelques souvenirs dormants dans ma mémoire vieillissante. Je les ai classés à mesure qu’ils dégoulinaient de mon front sur ma feuille vierge.
Du décor dans lequel je vivais, et qui ne ressemblait en rien au Château de Versailles, j’ai appris à me mettre debout en me tenant agrippé aux bords d’un cube en bois de 80 cm x 80 cm. C’était mon espace réduit dans lequel, enveloppé dans une “lebda” (petite couverture en coton) je polluais à profusion le fond de ma”prison” jusqu’à un âge assez avancè. Mes petits frères, à l’époque , ont connu le même sort . C’est peut être pour cela qu’aujourd’hui les caissons en bois me font flipper.
Vers l’âge de 4 ans, ma mère eût la sublime idée de me mettre à même le sol et pouvoir ainsi respirer l’air de la liberté. Je gambadais dans les deux pièces étroites que nous partagions mon père, ma mère, mon oncle , ma grand-mère maternelle et enfin ma tante plus les deux petits derniers.
L’espace vital, comme on le dit aujourd’hui se mesurait en cm2 et non pas au m2 soit environ 35 OOO cm2 (35 M2) c’est à dire 5000 CM2 par personne. Faites le calcul pour les M2. Il fallait plier et déplier la table pour passer d’une chambre à l’autre et quand le soir arrivait, il fallait ouvrir deux lits de camp pour sommeiller.
Il nous arrivait parfois de dormir à trois dans un divan quand le pied du lit , de camp en bois de mon oncle, s’affaissait sous son poids en pleine nuit. Le héros du soir se retrouvait les fesses à terre gesticulant comme un forcenè. Il paraissait si misérable du haut de ses 1M85 qu’il nous fallait beaucoup de retenue pour ne pas en rire aux larmes ; nous rions quand même devant lui sans honte puisque la situation l’exigeait. C’était peu glorieux mais que voulez-vous quand on est enfant et né pauvre, le rire fait souvent oublier la richesse, qu’aujourd’hui encore, devenus adultes biens, nous ignorions ce que cela veut bien dire. Nous sommes restés humbles à l’image de nos naissances.
L’air dans notre maison était chauffé en hiver par nos respirations. L’été nous ouvrions le balcon et la fenêtre et parfois la porte pour faire courant d’air.
Il arrivait souvent, que la culotte ou le pantalon étendu aux barreaux, s’envolait et, il m’appartenait de dévaler, le soir, les 28 marches de l’immeuble pour récupérer cette pièce d’étoffe mille fois rapiécée. Cette antiquité aurait eu beaucoup de succès à la salle des ventes Drouot. L’étè était aussi la période propice pour faire le grand nettoyage. Ce que j’appréciais le plus, c’était la montée à la terrasse de nos vieux sommiers en fer que mon oncle repeignait.
Il commençait d’abord par arroser d’alcool les jointures pour y mettre le feu.
Cette opération avait pour but de faire rôtir les grosses punaises que l’on voyait s’échapper en colonie, gavées de notre précieux sang d’enfant encore vierge. J’éprouvais un immense plaisir à respirer cette odeur âcre d’alcool et de ‘chair brûlée’, car une fois débarrassées de ces bestioles, nous n’allions plus écraser, ces sales créatures qui courraient sur les murs, de nos doigts ; ce qui laissait des traînés de sang séché sur les murs blancs de nos chambres devenues pourpres pour une bonne partie ....
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