mercredi 25 avril 2018

La mort au quotidien. Dr Daniel Azoulay...


En 2016, était diffusé dans l’émission La Source de vie, un documentaire réalisé par David Szerman, intitulé ”La vie après la mort”. Parmi les intervenants, le Dr Daniel Azoulay, médecin-chef de l’hospice des soins palliatifs de l’hôpital Hadassah Har Hatsofim.
Pour ce médecin qui côtoie la mort au quotidien, qui accompagne dans le plus grand dévouement des malades en fin de vie, comment appréhender la mort et existe-t-il une vie après la mort? Nous lui avons demandé.

Le P’tit Hebdo: Avez-vous déjà connu des patients qui vous auraient raconté des expériences de mort imminente?
Dr Daniel Azoulay: Je n’ai, personnellement, jamais directement connu des personnes qui auraient vécu ce genre d’expérience. En revanche, ce dont je peux témoigner, c’est qu’à l’approche de la mort, les personnes concernées sentent parfois que le moment est venu. Il n’y a pas d’études scientifiques précises sur le sujet, mais par expérience, je peux dire que cela arrive à bon nombre de patients eux-mêmes et parfois aussi à leur entourage.

Lph: Et ce indépendamment de l’avancée de la maladie et des diagnostics médicaux transmis aux patients et à leurs proches?
Dr D.A.: Tout à fait. Ce sentiment que la mort arrive n’est pas lié à une dégradation subite de l’état de santé du patient. Il n’est pas exprimé non plus dans un moment d’angoisse ou dans un état de dépression. Tout simplement, les personnes ressentent profondément que la mort approche, elles font venir leurs proches pour se séparer d’eux. Et il arrive que ce sentiment se vérifie dans les jours qui suivent. Tous les patients ne sont pas capables de voir ce moment arriver, de le préparer parce qu’ils sont trop enfoncés dans leur souffrance et ne peuvent, peut-être, pas affronter la mort.

Lph: C’est bien une partie de votre travail: accompagner les malades jusqu’à la mort. Est-ce un sujet qu’il faut absolument aborder?
Dr D.A.: Il ne faut l’aborder que si le malade est en recherche de cette discussion. Sinon, il n’y a aucune obligation. Avec mon équipe, nous nous adaptons aux patients. Chacun voit la mort à sa façon et pour certains, cela soulage d’en parler. Alors que l’entourage a tendance à penser qu’il ne faut pas évoquer la mort avec le malade, il arrive que ce refus soit ressenti comme une mise à l’écart par le patient. Lorsque la famille ne veut pas en parler, bien souvent, cela ajoute au stress du malade. Parler de la mort est un acte positif, ne pas en parler c’est fuir. Mais pour pouvoir le faire avec une personne en fin de vie, nous devons évacuer nos propres peurs avant.
Nous sommes là pour montrer aux malades que la mort ne doit pas nécessairement faire peur, puisqu’elle ne s’accompagne pas toujours de souffrances. En fait, tous ces processus sont complexes, bien plus que mes maigres explications.

Lph: Le rapport à la mort d’une façon générale est-il lié au niveau de religiosité, ou au degré de spiritualité du patient?
Dr D.A.: Il existe, de toute évidence, une influence culturelle et/ou religieuse sur la façon d’appréhender la fin de vie. Ceci dit, j’ai pu rencontrer des personnes non croyantes qui affrontaient la mort avec la même sérénité que des personnes très religieuses. Et à l’inverse, j’ai vu des patients pieux qui ressentaient une angoisse terrible à l’approche de la mort. Je pense que ce rapport à la mort va au-delà du degré de religiosité. Il me semble plus juste de parler de spiritualité. La religion influence, certes, mais n’explique pas tout.

Lph: Les récits d’expérience de mort imminente sont nombreux. Que vous inspirent-ils? Seraient-ils une preuve scientifique d’une vie après la mort?
Dr D.A.: Ces récits sont faits par des personnes qui pensaient être mortes puis qui se sont réveillées d’un coma profond. Ont-ils été au-delà de la vie? J’avoue humblement ne pas pouvoir répondre à cette interrogation. La déclaration de décès répond à des critères médicaux bien précis, et il me semble que personne n’a jamais  ”ressuscité”.
Je vois ces récits comme des interprétations de ce que les personnes qui les racontent ont ressenti. Il s’agit d’une expérience complètement individuelle et je me garderais bien d’en faire un tableau général. Il convient de placer cette expérience de mort imminente dans son contexte, en fonction de la personne qui l’a vécue.

Lph: On parle dans ce cas de ”miraculés”. La médecine s’étonne-t-elle de ces situations de patients qui seraient en vie, contre toute attente?
Dr D.A.: Le terme de ”miracle” est assez subjectif en réalité. C’est ainsi que les malades et leurs proches évaluent l’événement, dans ce genre de situation. Mais, il faut bien reconnaitre, que si la situation s’est renversée dans le bon sens, c’est parce que la personne a aussi reçu les traitements médicaux adéquats. On peut en effet, parler de miracle, au regard des statistiques. Une personne qui survit à un accident ou à une maladie alors qu’elle avait peu de chances contredit les statistiques et si on peut appeler cela un ”miracle”, cela n’en demeure pas moins de la médecine. Mais qui sait….?

Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay

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