mardi 25 juillet 2017

« Le pardon. Quel repos! » (Victor Hugo)


C’est l’histoire d’un Juif qui, après avoir vécu 120 ans, arrive devant l’Ange gardien de la Porte du Jardin d’Eden. Il présente son passeport tamponné de milliers de Mitsvoth au sublime veilleur qui demande malgré tout, vérification dans le registre divin. 
Hochant la tête ci-et-là en signe d’approbation, il arriva à la page de Yom Kippour et s’arrêta net. « Je lis ici que tu n’as jeûné en tout et pour tout depuis ta Bar Mitsva, que cinq fois?! ». « Moi?!, répondit le candidat au paradis, il y a sûrement erreur: Déjà, à la veille de tous les Kippours de ma vie, j’ai pratiqué scrupuleusement l’usage des Kapparoth, je me suis plongé dans le Mikvé et j’ai récité des Psaumes sur la tombe des Sages, je suis resté debout toute la journée vêtu de blanc, j’ai jeûné jusqu’à épuisement! 
Je n’ai pas bougé de la synagogue, j’ai écouté avec crainte la sonnerie du Chofar à l’issue du jour sacré … « .
L’ange lui coupa net la parole et lui dit: « Puisque que tu ne t’es fait pardonné que cinq fois dans ta vie, ton jeûne n’a été accepté que cinq fois et D.ieu ne pardonne que s’il y a eu réconciliation entre individus. Je lis ici que telle année, tu as offensé  ton épouse par une parole déplacée sans lui avoir demandé pardon. 
La plaie que tu as causée ne s’est jamais cicatrisée. Je lis également ici que tu as volé Mr. X!! », gronda l’ange. « Je lui ai rendu son argent! » « Cela ne suffisait pas de mettre cet argent dans une enveloppe et de la glisser dans sa boite aux lettres, il fallait qu’il te pardonne! Je lis également ici que Mr. Y t’a demandé pardon et que tu as passé outre! » sourcilla l’Ange  …
Notre ami a-t-il-accédé au Jardin d’Eden ou non? Je l’ignore. Peut-être d’autres mérites lui ont permis d’en franchir le seuil. Mais il me parait évident qu’il est vain d’attendre la veille de Kippour, que l’on aperçoit déjà à l’horizon, pour résoudre conflits et disputes. Yom Kippour n’est que la dernière limite à la réconciliation. Je dirais même que le faire à la veille du jeûne me semble quelque peu artificiel. Pourquoi attendre? Chacun sait que dans ces situations, le temps joue contre les personnes concernées. 
Plus le temps passe, plus il est difficile et de pardonner et de se faire pardonner. Dans tous les cas, mieux vaut crever l’abcès tout de suite et éviter l’infection. Notre mauvais penchant nous incite toujours à rester fâché et à nous retrancher dans un silence glacial. C’est choisir la facilité car, ne nous trompons pas, le pardon est une force de l’âme et non pas une faiblesse.
C’est parfois amusant. Il arrive que ceux qui n’ont rien à se faire pardonner demandent à l’être la veille de Kippour, un peu pour la forme, alors que ceux qui doivent se faire pardonner ne le font pas du tout. Encore plus amusant de lire sur le WhatsApp de votre smartphone ou sur les réseaux sociaux qu’un tel demande à se faire pardonner (par qui?) d’un pardon ‘impersonnel’ pour se donner le sentiment (virtuel) d’avoir demandé pardon et avoir ainsi la conscience tranquille.
Non, je ne crois pas que Yom Kippour soit la deadline, comme nous disons aujourd’hui. Je crois plutôt que c’est la fin d’une pause qui nous est accordée car dans le pardon il y a toujours trois acteurs en jeu: Le pardonneur, le pardonné et la faute du pardonné. Des trois, c’est cette dernière qui est centrale. Pour pardonner sincèrement, deux personnes qui se sont brouillées ont besoin d’un certain temps, à plus ou moins longue échéance, jusqu’à Yom Kippour, pour digérer leur traumatisme.
Mais au fait, si D.ieu pardonne, comment ne le ferai-je pas?
Rav Yaacov Levi

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