lundi 13 février 2017

Elisabeth Badinter : « il n’y a qu’une laïcité »


Invitée sur France Inter, la philosophe et féministe Elisabeth Badinter a démontré une nouvelle fois sa liberté de ton. Présidente du Jury du Livre Inter 2017 – c’est en cette qualité qu’elle était interrogée – Elisabeth Badinter, après avoir partagé « sa passion » pour la littérature, a livré son regard sur l’actualité politique de ces dernières semaines. L’affaire Fillon évidemment – comment passer à côté – mais aussi la victoire de Benoît Hamon à la primaire socialiste.

A contre flots, la philosophe partage ainsi son « sentiment » sur ce feuilleton qui secoue la droite depuis les premières révélations du Canard enchaîné :
« Je déteste les chasses à courre, et j’ai le sentiment que c’est le cas ; peut-être parce que je suis la femme d’un avocat. »
Elle préfère le temps de la justice au temps médiatique. « J’ai eu le même sentiment pour Strauss Khan et Baupin et je préfère attendre la justice. Le chasseur c’est l’opinion et les médias. On n’entend jamais des arguments à décharge. Les réponses que [François Fillon] donne sont toujours dites nulles et non avenues », explique-t-elle. 
Remarquons tout de même, que François Fillon est parfois son propre corbeau dans cette affaire. Il suffit par exemple de se rappeler l’intervention du candidat de la droite, le 26 janvier dernier, sur le plateau de TF1. Pour prendre de vitesse d’éventuelles nouvelles révélations sur sa petite PME familialle, il avait indiqué avoir embauché ses deux enfants lors de son passage au Sénat pour des « missions précises », en leurs qualités « d’avocats ». 
Alors même que ses deux rejetons n’étaient qu’étudiants et qu’ils ont pu travailler avec un contrat de collaborateur parlementaire.
Mais l’intellectuelle se place sur le terrain des principes. De la « compassion » aussi :
« La personnalité de Mme Fillon, la femme qui apparaît à la lumière et qui ne voulait pas être dans la lumière suscite chez moi quelque compassion (…) C’est terrible ce qui lui arrive. Lui c’est un homme politique, il prend ses responsabilités. »

« On est en train d’inventer des laïcités ouvertes »

Autre sujet qui va lui permettre de laisser libre cours à son franc-parler : la gauche. Plus précisément la gauche de Benoît Hamon et son rapport à la laïcité. Manuel Valls avait tenté d’en faire un argument de campagne lors de la primaire, sans grand succès. « Il n’y a pas deux visions de la laïcité, il n’y en a qu’une. Celle qui a été assise par la loi de 1905. Mais on est en train d’inventer des laïcités ouvertes, des laïcités positives qui ne sont plus de la laïcité (…). On ne doit pas dépasser les bornes de la loi de 1905 mais par ailleurs il faudrait aussi la faire respecter », pose-t-elle en propos introductif.
Quant à son regard sur le candidat du revenu universel, la philosphe n’est pas tendre :
« Il y a une partie de la gauche, dont probablement Benoît Hamon fait partie, qui considère que la laïcité, c’est quasiment du racisme ou de l’islamophobie. Cette gauche là n’a pas une conception classique de la laïcité. »
Elisabeth Badinter a le mérite de la constance, d’interroger la société sur les tensions qui la traversent. Elle rappelle d’ailleurs son combat : « Mon objectif est de manifester de la solidarité aux femmes qui ne veulent pas se plier aux canons islamiques. (…) Le port du voile ça peut-être une liberté ou un asservissement, c’est ressenti comme cela par beaucoup de femmes. Elles ressentent une forte pression, elles sont persécutées ou harcelées. »
De quoi relancer le débat intellectuel et idéologique dans un PS qui se remet en ordre de bataille pour la campagne présidentielle.
http://jforum.fr/elisabeth-badinter-il-ny-a-quune-laicite.html

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