mardi 20 décembre 2016

Le Professeur Attali à l’Université de Tel-Aviv: « Laissez les chercheurs faire leur travail »


Le Prof. Bernard Attali a présenté un choix des avancées médicales réalisées dans les laboratoires de l’Université de Tel-Aviv, hier 18 décembre lors d’une enrichissante conférence organisée par l’Association des Amis francophones de l’UTA dans les locaux de l’Université : les découvertes du Dr. Carmit Lévy sur le moyen d’arrêter la propagation du cancer de la peau, celles du Dr. Inna Slutsky sur le stade précoce de la maladie d’Alzheimer et ses propres travaux sur les douleurs neuropathologiques.

En ouverture de la conférence, le prof. Ruth Amossy, marraine de l’Association, a relevé que les recherches de l’Université de Tel-Aviv sont actuellement à l’honneur dans les médias télévisés, notamment sur la chaine I24, où le Dr. Sivan Cohen-Wiesenfeld intervient régulièrement pour présenter les avancées de l’UTA dans le domaine de la haute-technologie, et qui consacrera cette semaine un reportage aux laboratoires de médecine de l’Université suivi d’un interview du Prof. Attali. Enfin, la télévision israélienne a accordé récemment une large place aux découvertes du Prof. Illana Gozes sur le diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer et aux travaux sur le cancer du Prof. Ehud Gazit.
Agnès Goldman, déléguée générale de l’Association, a rappelé que celle-ci vient de fêter sa première année d’activité, clôturée par la double visite sur le campus de l’Ambassadeur de Belgique, Olivier Belle et de l’Ambassadrice de France, Hélène Le Gal. L’Association, qui a maintenant 1000 membres se bat pour aider les étudiants de l’UTA, et est déjà parvenue à financer 9 bourses.
Le Prof. Attali, professeur au Département de Physiologie et Pharmacologie de la Faculté de Médecine de l’Université de Tel-Aviv, titulaire d’un doctorat en neurobiologie de l’Institut Weizman, a tout d’abord présenté avec enthousiasme les remarquables travaux sur le cancer de la peau du Dr. Carmit Lévy, qui ont fait la une de la presse à la rentrée 2016. Le Dr. Lévy vient de découvrir les mécanismes qui pourraient permettre de bloquer les métastases du mélanome, cancer de la peau et des muqueuses qui se développe aux dépens des cellules de pigmentation, les mélanocytes, et connu pour la rapidité avec laquelle il produit des métastases.
Transformer le mélanome en une maladie traitable et saisir la maladie d’Alzheimer à son stade précoce
attali3Le mélanome est un cancer qui prend naissance dans l’épiderme, et s’étend verticalement vers le derme, avant d’atteindre les vaisseaux sanguins, par le biais desquels il circule à travers le corps, provoquant la création de métastases dans d’autres organes, dans l’abdomen, le cerveau etc. Le Dr. Lévy a découvert que ce processus invasif était déclenché par des signaux envoyés par les cellules de la couche dermique aux mélanocytes, provoquant à la fois leur soudaine mobilité et la sécrétion de microvésicules contenant du matériel génétique cancéreux de type microARN qui les transforme en agent invasif mortel. Or il existe des inhibiteurs de ces microvésicules; la découverte du Dr. Carmit Lévy ouvre donc la voie au développement possible de médicaments capables de stopper la formation des métastases et de transformer le mélanome en une maladie traitable.
Le Prof. Attali choisit ensuite de mettre en avant les travaux du Dr. Inna Slutsky, une de ses anciennes doctorantes qui s’intéresse aux premiers stades de la maladie d’Alzheimer. Cette terrible affection qui atteint 50 millions de patients dans le monde et 6% des personnes de plus de 65 ans n’a toujours pas de traitement curatif. Or lorsque se manifestent les premiers symptômes cliniques de la maladie (perte de la mémoire à court terme), celle-ci a malheureusement déjà débuté sur le plan moléculaire vingt ans plus tôt, d’où l’intérêt des chercheurs pour l’étude des ses stades précoces. Le Dr. Inna Slutsky a découvert que la protéine précurseur de l’amyloïde, qui secrète la bêta-amyloïde, induit une cascade de signalisations qui provoquent des « courts-circuits » dans le réseau de communication du cerveau, principalement dans la région de l’hippocampe, qui contrôle l’orientation et la mémoire, la première atteinte au commencement de la maladie. Cette accélération de l’activité neuronale précède la formation de plaques amyloïdes, qui conduisent à la mort des cellules du cerveau aux stades avancés de l’Alzheimer.
La chercheuse a constaté qu’une hormone spécifique joue un rôle direct dans la régulation du transfert et du traitement de l’information dans les circuits neuronaux de cette zone du cerveau, et que son augmentation provoque une hausse de la libération de glutamate, type de neurotransmetteur, produisant des effets nocifs sur les synapses (zones de contact entre les neurones). L’utilisation d’inhibiteurs de cette hormone pourrait donc être susceptible de réduire l’activité cérébrale aberrante typique des stades précoces de la maladie d’Alzheimer.
Traiter les douleurs chroniques
Concernant les projets de son propre laboratoire, le Prof. Attali a abordé la recherche d’un traitement des douleurs neuropathiques. La douleur neuropathique est une maladie chronique qui reflète un dysfonctionnement du tissu nerveux, à la suite de causes diverses (accidents, maladies, traitements agressifs etc.). Elle affecte 3 à 8% de la population, et est jusqu’à présent mal traitée. « La douleur est une fonction fondamentale, un signal d’alerte pour le corps. C’est une expérience à la fois sensorielle et émotionnelle » explique-t-il. « Notre corps possède divers capteurs internes et externes de la douleur, qui est transmise au cerveau sous la forme d’influx nerveux par des canaux ioniques, sorte de tubules présents dans les membranes de toutes les cellules. Le cerveau communique par des électrons qui passent à grande vitesse au travers des membranes cellulaires par ces canaux ».
La stratégie du Prof. Attali pour attaquer la douleur neuropathique est double: il s’agit à la fois de cibler le capteur permettant l’accélération du passage des électrons dans les canaux ioniques et celui du frein. « Nous voulons à la fois inhiber l’accélérateur et renforcer le frein en utilisant la même molécule, pour ne pas multiplier les médicaments » explique-t-il. La molécule mise au point par les chercheurs a été testée en laboratoire et s’est avérée efficace sur des modèles animaux.
La conférence, claire et riche en informations, a été suivie d’une série de questions-réponses montrant l’intérêt du public pour ces sujets médicaux complexes et dont beaucoup restent en suspens. Le Prof. Attali, quant à lui, a conclu que les chercheurs devraient passer le moins possible à la télévision et sur les média, et qu’il faut laisser le temps à la recherche fondamentale de se faire dans les laboratoires, à l’abris des pressions dues à la nécessité de mettre au point de nouveaux médicaments.
La prochaine conférence de l’Association aura lieu le 31.01, et portera sur le thème « Israël en débat – sionisme, post-sionisme, antisionisme », par le Prof. Eliezer Ben Refael, professeur de sociologie et d’anthropologie à l’Université de Tel-Aviv.
Vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire en écrivant à : tlvuniversite@gmail.com

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