jeudi 17 novembre 2016

Qui a peur d'Emmanuel Macron ?


Le brin de folie, la volonté de faire bouger les lignes, d'ouvrir la porte au centre, de rénover la gauche..., Ségolène Royal retrouve un peu d'elle-même chez Emmanuel Macron. Même le mouvement En marche ! de l'ancien ministre de l'Économie résonne avec Désirs d'avenir, qu'elle avait fondé en 2006. Plus encore, Macron lui rappelle les attaques violentes, issues des rangs du Parti socialiste, dont la présidente du Poitou-Charentes avait été la cible lors de sa campagne présidentielle de 2007.
Depuis sa démission de Bercy, rares sont ceux au sein du Parti socialiste – vallsistes en tête – qui ne vocifèrent pas contre l'ancien banquier de chez Rothschild. Ségolène Royal l'avait prévenu dès la création d'En marche ! : « Tu vas voir, ils vont être méchants avec toi ! » Maternelle, Ségolène savait de quoi elle parlait. Dès l'annonce de sa candidature, députés et ministres se sont lâchés. « Macron a trahi François Hollande et la gauche », distille le député proche du Premier ministre Luc Carvounas. Matthias Fekl, secrétaire d'État chargé du Commerce extérieur, a, lui, qualifié Macron de « candidat qui veut faire exploser la gauche ».

« Monsieur X », « Microbe »

Bien avant son acte de candidature, véritable secret de Polichinelle, les sobriquets pleuvaient déjà. Sur les sièges des députés de gauche à l'Assemblée nationale, certains le surnomment « Microbe » au lieu de Macron dans leurs SMS, plaidant ensuite une erreur de leur correcteur automatique. En 2007, alors porte-parole de la campagne de Ségolène Royal, Arnaud Montebourg fustigeait les éléphants du PS – et particulièrement les strauss-kahniens – qui ironisaient : « Cette fille, personne ne la connaît. » Dix ans plus tard, c'est à son tour d'être l'auteur de petites phrases assassines. « Macron, c'est un peu monsieur X », répète Montebourg à souhait.
Pour sortir l'ancien ministre de l'Économie du circuit, les coups bas sont devenus légion. On vise en particulier sa vie privée. Brigitte Macron est ainsi devenue une cible de choix pour de nombreux vallsistes, comme Stéphane Fouks, conseiller en communication et ami du Premier ministre. « Elle n'a pas le même âge. Elle veut vite gagner l'Élysée. Elle aime le pouvoir. Elle ressemble à Michèle Rocard (l'épouse de l'ancien Premier ministre, NDLR). Quand j'ai vu qu'elle assistait aux réunions de cabinet, je me suis dit : Tiens, ça me rappelle de mauvais souvenirs », lâche-t-il au Monde.

« De Valls à Sarkozy, ils ont peur de lui »

Dans les couloirs des ministères, on s'amuse à entretenir des rumeurs sur la sexualité d'Emmanuel Macron. Certains ont d'ailleurs adoré la sortie de Nicolas Sarkozy dans Le Pointen octobre dernier : « Il est cynique. Un peu homme, un peu femme, c'est la mode du moment. Androgyne. » D'ailleurs, à droite, on n'épargne pas non plus le nouveau prétendant à l'Élysée. Qu'ils soient juppéistes, sarkozystes, lemairiste ou fillonistes, tous raffolent du surnom de « Microbe » trouvé par leurs adversaires socialistes. Alors qu'Alain Juppé voit en Macron « un traître » et un « ringard », le président par intérim des Républicains Laurent Wauquiez estime que Macron est « un nomade de la politique qui vit de trahisons successives ». Au Front national, Philippot s'est chargé du commentaire anti-Macron : « Ce sera un candidat très marketing (...), il en a déjà fait beaucoup, avec un grand sourire. » Rarement la candidature d'un homme aura mis concurrents aux primaires ainsi que grands partis aussi d'accord.
Cette « guerre organisée contre l'ancien pensionnaire de Bercy », selon les mots d'un proche de Macron, ne surprend personne dans son entourage. « C'est la preuve qu'ils ont peur de lui. De Valls à Sarkozy, en passant par Le Pen, ils ne maîtrisent plus rien », poursuit l'un d'entre eux, qui jubilerait presque : « Plus les attaques sont violentes, plus nous sommes motivés. »

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