mercredi 5 octobre 2016

Les médecins sont-ils des brutes ?


Le Dr Winckler lance un pavé dans la mare. Le médecin-écrivain dénonce le comportement d'anciens confrères. Et notamment de la caste hospitalière.


« On attend d'un médecin qu'il écoute, rassure, explique, s'efforce de guérir parfois, soulager souvent, consoler toujours. On attend d'un médecin qu'il soigne », écrit le Dr Martin Winckler. « En France, la réalité est autre. »

 Nul doute que le nouveau livre de celui qui a exercé la médecine générale de 1983 à 2008 en zone rurale (dans la Sarthe) ainsi qu'à l'hôpital du Mans va faire grincer bien des dents. Dès le titre Les Brutes en blanc*, le ton est donné. Le sous-titre Pourquoi y a-t-il tant de médecins maltraitants ? enfonce le clou.......

L'auteur, qui participe désormais à la formation des futurs médecins à l'université McGill d'Ottawa (Canada), décrit un certain nombre de situations qu'il juge inacceptables. Il dénonce ces médecins qui reprochent au patient d'être malade parce qu'il s'est « mal comporté », de ne pas aller mieux parce qu'il « y met de la mauvaise volonté » ou parce que « c'est dans la tête ». 
Il vilipende les blouses blanches qui manifestent du mépris pour les croyances, les sensations et les sentiments du patient. Il s'insurge aussi contre ceux qui insultent (« Vous êtes complètement folle de vouloir garder cet enfant alors qu'il est trisomique ! »), qui engueulent (« Vous êtes inconscient de ne pas vouloir vous faire opérer ! Pensez à votre famille ! ») ou qui punissent (« Puisque c'est comme ça, je ne renouvelle pas votre prescription ! »).

Les petites phrases qui tuent

Martin Winckler en veut aussi aux médecins qui pratiquent des gestes douloureux et trouvent cela normal (« Comme vous êtes douillette ! »), à ceux qui imposent (« Vous devez prendre ce traitement ! ») ou qui jugent (« Vous n'avez aucune volonté ! Vous devriez être capable de faire ce régime ! »). 
Autant de petites phrases que bon nombre de patients ont déjà entendues soit directement soit parce qu'un proche les a vécues, plutôt mal vécues. Mais qui ne doivent pas faire oublier qu'il s'agit avant tout de témoignages ou de choses vues et écoutées : car, heureusement, il existe aussi beaucoup de soignants à l'écoute, empathiques, attentionnés…
Comment en est-on arrivé là ? « Dans les facultés de médecine françaises, on n'enseigne pas la compréhension et le soin des personnes », note l'auteur. « On enseigne la pathologie, le diagnostic et la thérapeutique. On y forme les futurs membres d'une classe privilégiée, pour la plupart impatients de faire partie de l'élite sociale. [...] 
Les soins, c'est l'affaire de la profession infirmière, des sages-femmes, des kinésithérapeutes et des psychologues. L'affaire des médecins, c'est le savoir et les pouvoirs qui en découlent. » Le verdict est rude.
Mais la maltraitance ne doit pas être une fatalité. C'est pourquoi le Dr Winckler donne quelques conseils lors d'une première consultation : gardez à l'esprit que c'est le médecin qui a des obligations à votre égard, et non l'inverse ; si vous avez le sentiment d'être face à une discrimination, dites-le immédiatement et refusez de vous déshabiller avant d'avoir été écouté(e). 
Ensuite, n'acceptez jamais un geste instrumental sans en connaître la nature, le déroulement et le but. Enfin, ne partez pas sans avoir compris, ne prenez pas de décision rapidement, sans réfléchir et si le médecin tente trop de faire pression sur vous, sortez et partez sans payer. Les confrères du Dr Winckler apprécieront…

* Éditions Flammarion, 248 pages, 16,90 euros.


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