vendredi 1 juillet 2016

Olivia de Havilland, une jeune femme de 100 ans !


La Mélanie de "Autant en emporte le vent" est centenaire. Star à Hollywood, née à Tokyo, l'actrice vit désormais à Paris. Sa vie est un conte de fées.


77 ans plus tard, on lui en parle encore et toujours ! Olivia de Havilland avait 23 ans quand elle tourna dans l'un des films les plus mythiques d'Hollywood : Autant en emporte le vent ! C'est elle, ou plutôt Mélanie Hamilton, qui épouse le beau Ashley Wilkes (Leslie Howard) que convoitait si fort Scarlett O'Hara alias Vivien Leigh ! De dépit, celle-ci épousera Charles, le frère de Mélanie...
Olivia de Havilland et Jacqueline Bisset à l'Elysée en septembre 2010.   © ERIC FEFERBERG AFP

Olivia de Havilland fête vendredi ses 100 ans ! Elle habite la même rue du 16e arrondissement qu'un ancien président de la République, mais, contrairement à lui, son nom figure dans l'annuaire. 
La France est sa seconde patrie depuis son mariage en 1955 avec Pierre Galante, le directeur de Paris-Match. Elle divorcera en 1979, mais restera dans la capitale. Une gloire hollywoodienne en plein Paris, cela fait rêver. Il est même possible, si l'on ouvre les yeux, de croiser Olivia de Havilland.

La star et le jeune homme

Un jeune acteur de 21 ans, Kévin Elarbi, héros récurrent d'une série de TF1, avait cru à une apparition en apercevant derrière la vitre d'un salon de thé de l'île Saint-Louis la silhouette de celle qui restera à tout jamais Mélanie Hamilton de Autant en emporte le vent. Il existe encore des jeunes gens qui ne croient pas que le cinéma est apparu le jour de leur naissance. Ce garçon né à la fin des années 80 reconnut au premier coup d'œil cette élégante nonagénaire, née juste après la Première Guerre mondiale.
"Je l'ai reconnue, parce qu'elle figure à l'âge qu'elle a aujourd'hui dans les bonus du DVD de Autant en emporte le vent. Son sourire est resté le même."
Ému et hésitant, le jeune homme osa entrer en contact avec la légende de l'un des plus grands films de l'histoire du cinéma.
"Pénétrer dans ce salon de thé, c'était entrer en contact avec Vivien Leigh et Clark Gable. Sans oublier Bette Davis et tous ceux qui furent ses contemporains."
Une émotion de cinéphile en décalage avec notre époque, une bizarrerie temporelle et un instant unique où deux mondes se font face. L'actrice était accompagnée d'une dame de sa classe. Se dirigeant vers la table, le jeune acteur entendit Olivia de Havilland s'exprimer dans un français impeccable, légèrement teinté d'un accent californien. Après lui avoir dit ce qu'elle représentait pour lui, il lui souhaita une belle journée et s'esquiva non sans avoir enregistré le sourire et les quelques paroles que lui prodigua son idole.

Les sœurs fâchées

Citoyenne naturalisée américaine, née au Japon et fille d'un aristocrate britannique, Olivia de Havilland a une sœur, Joan Fontaine, de quinze mois de moins qu'elle. Les deux femmes ont rapidement rompu leurs liens. Elles furent rivales dès leur jeunesse à cause d'une mère qui encouragea l'aînée sur la voie du septième art au détriment de la cadette qui voulait suivre le même chemin.
En 1940, Joan est sélectionnée pour Rebecca de Hitchcock, mais l'Oscar va à Ginger Rogers. Les mauvaises langues diront que cela combla de joie Olivia qui aurait bien aimé avoir le rôle de sa sœur. La rivalité sera publique deux ans plus tard. Les deux sœurs concourent dans la catégorie "meilleure actrice". Olivia pourPar la porte d'or doit s'effacer devant Joan pour le film d'Alfred Hitchcock Soupçons. Joan ira jusqu'à ignorer sa sœur qui voulait la féliciter. Olivia lui retournera le compliment en 1946 lorsque, après plusieurs années d'absence, elle recevra la statuette des Oscars pour À chacun son destin. La rancune est tenace, elle fut à son apogée à la mort de leur mère en 1975. Joan dit qu'elle fut écartée et Olivia argua que sa sœur était trop occupée pour se déplacer.

"Famille, je vous hais"

La hache de guerre n'a jamais été enterrée. Il fut impossible de les faire se rencontrer lors de la cérémonie des Oscars en 1988, toutes deux exigèrent d'être logées dans des hôtels où elles seraient certaines de ne pas se rencontrer. En 2008, les organisateurs de l'Academy of Motion Picture ne parvinrent pas à les réunir pour le 100e anniversaire de la naissance de leur amie commune, Bette Davis.
À ses débuts à Hollywood, on catalogua Olivia dans un emploi d'ingénue un peu fade. Elle voulut être Scarlett, et fut Melanie, ce qui lui valut une nomination pour l'Oscar du second rôle qu'elle manqua de peu. Son interprétation lui permit cependant d'embrasser des personnages plus importants. Durant toute sa carrière, elle étonna par ses choix osés. C'est parce qu'elle venait d'avoir son fils Benjamin qu'elle refusa le rôle de Blanche DuBois dans Un tramway nommé Désir, et non parce qu'elle trouvait le rôle immoral.
Olivia de Havilland n'est pas timorée. Souvent déçue par ce qu'on lui proposait, elle refusa plusieurs films et entra en guerre avec les studios, ce qui lui valut une suspension de plusieurs mois. C'est à elle, et grâce au procès qu'elle fit à la Warner, que les acteurs hollywoodiens ont acquis une plus grande liberté. Ils lui en furent éternellement reconnaissants, certains, comme Bette Davis, avaient échoué dans ce sens. On peut parler d'une jurisprudence "Havilland" qui limita les contrats à sept ans.
Huit fois partenaire d'Errol Flynn, elle refusa les avances de l'acteur, qui lui en voulut, mais elle tint bon. De même qu'elle mit fin à son idylle avec le milliardaire Howard Hughes quand elle sut qu'il n'avait aucune intention de l'épouser. Cette Parisienne de cœur incarne "le rêve américain". Elle fut célébrée tant par la République et son président Nicolas Sarkozy, qui lui remit les insignes de chevalier de la Légion d'honneur en septembre 2010, que par la cérémonie des Césars qui lui fit une standing ovation en février 2011. Avec Lauren Bacall, elle aussi souvent à Paris, Olivia de Havilland est l'une des dernières stars vivantes du Hollywood des années trente et quarante.

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