jeudi 28 juillet 2016

Comment Saint-Etienne-du-Rouvray est devenu un ghetto islamiste...


En exclusivité pour Causeur, Florence M., enseignante à quelques kilomètres du lieu de l'attentat, livre un témoignage édifiant sur l'évolution de Saint-Etienne-du-Rouvray, passé en quelques années de paisible banlieue ouvrière de Rouen à ghetto islamisé.

Daoud Boughezala. Jusqu’ici, les djihadistes visaient essentiellement des grandes villes (Paris, Nice). Avez-vous été étonnée de voir le terrorisme frapper un petit village a priori paisible comme Saint-Etienne-du-Rouvray ?
Florence M.1 Oui et non. On se croyait moins exposé qu’à Paris mais Saint-Etienne-du-Rouvray n’est pas une zone rurale ou pavillonnaire. C’est une ville ouvrière de la banlieue rouennaise de 30 000 habitants qui est peu à peu devenue un ghetto depuis la construction massive de logements sociaux dans les années 1970 et 1980. Le vendredi, j’y croise beaucoup d’hommes barbus et même des petites filles voilées. 
Dans certaines écoles, on compte 90% de maghrébins et des femmes voilées de pied en cap vont chercher leurs enfants à la sortie. Depuis quelques années, j’assiste à une recrudescence du nombre de musulmans barbus dans la région, y compris à Rouen. 
Alors que je n’ai aucune animosité envers les populations arabo-musulmane, cela m’interpelle : ces personnes qui, à mon sens, affichent ostensiblement leur pratique excessive de la religion ne seraient-elles pas proches des milieux radicaux qui véhiculent des idées extrémistes ?
De votre propre aveu, l’immigration arabo-musulmane n’a pas débarqué du jour au lendemain en Normandie. Avez-vous vu l’intégration progressivement reculer ?
Il y a vingt ans, j’enseignais à Saint-Etienne-du-Rouvray. C’était déjà une population très majoritairement maghrébine mais la religion n’y était pas présente comme aujourd’hui. 
D’année en années, les comportements ont évolué, et une partie de la population maghrébine a adopté une attitude beaucoup plus intransigeante dans la pratique de la religion. Au départ, les enfants se contentaient de ne pas manger de porc à la cantine, ce qui est normal. Puis, il y a une dizaine d’années, les parents les ont poussés à refuser les bonbons censés contenir de la gélatine de porc. 
Depuis trois ou quatre ans, ils ne mettent plus leurs enfants à la cantine certains jours parce que la viande servie n’est pas hallal ou bien demandent qu’on ne serve pas de viande à leurs enfants. Cela fait également cinq ou six ans qu’on nous propose des cours d’arabe sous le nom d’ « enseignements de langue et culture d’origine ». En soi, c’est une très bonne idée, d’autant que l’apprentissage est théoriquement ouvert à tous les élèves, mais je me pose des questions : dans quelles conditions sont-ils habilités ? Qui les recrute ? Qui les paie ? Dispensent-ils un enseignement religieux alors que notre école est laïque ?
J’imagine que de tels cours contribuent à enfermer les deuxième et troisième générations dans leur communauté d’origine. L’agglomération rouennaise, dont sont originaires plusieurs djihadistes de l’Etat islamique, est-elle devenue un foyer immigré à ciel ouvert  ?
Dans la petite ville voisine de Saint-Etienne-du-Rouvray où j’enseigne à des enfants de primaire, il y a « seulement » un tiers d’enfants issus de l’immigration arabo-musulmane (turque, maghrébine). On y voit beaucoup de mariages mixtes, et seulement une minorité de femmes voilées. En revanche, mes collègues qui exercent à Saint-Etienne dans un quartier que l’on appelle « Le Château blanc » s’adressent à 90% d’enfants maghrébins dans un contexte beaucoup plus islamisé.
Considérez-vous cette concentration ethnoreligieuse comme une bombe à retardement ?
Mon inquiétude dépasse la question de l’immigration. Les djihadistes sont d’abord des paumés qui ont dérivé vers la violence islamiste. Alors que beaucoup d’enfants ont de grosses difficultés scolaires, l’école dispose de moins en moins de moyens. Que vont devenir ceux qu’on ne peut pas prendre sous notre aile ? Dans dix ans, on risque de se trouver face à des gens, de toutes origines, complètement en marge de notre société, sans aucun repère, qui sauront à peine lire et écrire. Ils risqueront d’être tentés par tous types de dérives : drogue, violence… et islamisme radical.
Surfant sur ces difficultés, aux dernières élections régionales, le Front national a dépassé les 27% à Saint-Etienne-du-Rouvray, dans une région qui lui a pourtant longtemps été rétive. Voyez-vous grandir la défiance entre les communautés ?
Dans le cadre de mon travail, au contact des élèves, parents d’élèves et collègues, aussi bien que dans ma vie personnelle, je ne l’ai pas constaté. Mais, au travers des médias, les choses sont différentes et la montée du FN semble aller dans le sens d’une augmentation du communautarisme et de la haine entre les communautés.

Après ce dernier attentat, j’ai peur que les djihadistes s’en prennent à nos écoles. Il est inévitable qu’une psychose s’installe.
  1. Pour préserver son anonymat, le prénom a été changé. 

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