samedi 16 juillet 2016

Attentat de Nice : sur la promenade des Anglais, le jour d’après....


« On va bien. Et vous ? » Le jour d’après vient de se lever sur Nice, et le téléphone d’un chauffeur de taxi vibre sous les inquiétudes matinales. A l’aube de ce vendredi 15 juillet, tout est pourtant étrangement calme à l’Hôpital Pasteur. La salle d’attente des urgences est vide, le va-et-vient des ambulances silencieux devant les caméras.



La ville se réveille hagarde, sous un soleil presque indécent. Sur la promenade des Anglais, plus personne ne regarde la mer. Les yeux sont tournés vers la bâche blanche qui cache les 1 700 mètres du cauchemar de la nuit. Les zooms des téléphones tentent d’apercevoir le pare-brise criblé de balles du camion blanc que Mohamed Lahouaiej Bouhlel a lancé à vive allure, droit sur la foule, jeudi 14 juillet, faisant 84 morts. Un couple d’Américains en vacances avoue être « venu voir », par curiosité. 

A côté, un couple s’enlace en pleurant, bougies à la main.

Dans la rue parallèle, nommée France, comme un emblème, les cornets de glace et les terrasses au soleil feraient presque oublier le drame qui vient de se jouer. Mais avec 30 000 personnes rassemblées la veille pour regarder le feu d’artifice, il suffit de tendre l’oreille pourentendre se croiser les anecdotes de la nuit passée ; les mouvements de foule qui ont poussé Mohamed à se réfugier dans un parking, les spectateurs qui ont cru d’abord que le show n’était pas terminé, ou qu’un frain était cassé.

« Sauvés par le chien »


Sans compter ceux qui se répètent qu’ils auraient pu, qu’ils auraient « dû » y être. Fanny Lhomme et Romain Raby font partie de ces « chanceux »-là. D’ailleurs, ils étaient là la veille, à la même heure. Au même endroit. « Sauvés par le chien », qu’il fallait protéger du bruit des pétards, sourit le jeune homme de 25 ans.
Séraphin Ferreira, lui, ne sait pas encore s’il a perdu des copains. Les yeux cernés cachés derrière ses lunettes de soleil, il a passé la nuit à vérifier que son « premier cercle » allait bien. Femme, enfants, parents, proches… Mais quid des copains portugais qu’il croisait chaque année pour la fête nationale ? Un demi-siècle qu’il vit à Nice, et qu’il y va. Sauf cette fois. Alors il attend la liste des victimes, sans trop la chercher, par peur d’y lire un nom ami.

Walid Labbaoui y a ajouté lui-même celui de son petit frère. Ils avaient passé la soirée ensemble, avant d’apercevoir le camion. Walid a couru tant qu’il a pu jusqu’à chez lui… avant de faire le chemin inverse, pour chercher Bilel. « Et je l’ai trouvé », sanglote-t-il. Il a passé la nuit à veiller le corps du jeune homme de 25 ans. « Là, ils viennent de l’emmener. » Alors Walid fait les cent pas devant la maison pour l’accueil des victimes, où des psychologues accueillent les témoins et les proches traumatisés.

« C’est arrivé parce que c’était la fête »


Marc Corallo les oriente devant l’entrée. Le bénévole, réserviste de la Sécurité civile, a passé la nuit à aider sur les lieux de l’attentat, mais il ne pouvait pas aller dormir, alors il est revenu ici pour tendre une main de plus. Hélène était venue en faire de même sur l’autre centre d’aide, le Centre universitaire méditerranéen à l’autre bout de la promenade. Mais pour l’instant, personne n’a besoin d’une traductrice en anglais, alors elle repassera dans la journée.

Skander en sort, un dessin à la main. « Là, c’est les gens morts et là, la mer. » Derrière les vitres de la voiture, le petit garçon de 5 ans a vu « le truc ». Un corps projeté sur eux, glisse sa mère. « Je sais pourquoi c’est arrivé ! Parce que c’était la fête. » Son père l’écoute en caressant tristement ses boucles brunes. « On va rentrer maintenant… »

Trois couvertures sur le dos, Kamel Sahraoui a perdu sa petite fille de 2 ans, son neveu et sa mère. La douleur se mêle à la colère sur son visage alors qu’il rallume une cigarette. Comment tout cela a-t-il pu se produire ? En plein centre-ville de Nice ? En plein état d’urgence ? Le jeune homme de 25 ans jure qu’il portera plainte contre Manuel Valls. Contre le gouvernement.

Sur la promenade des Anglais, des jouets d’enfants et des peluches ont été déposés parmi les fleurs, devant le dessin d’un doigt d’honneur en bleu blanc rouge. Parmi les 84 victimes, on dénombre 10 enfants et adolescents.

 


http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/07/15/attentat-de-nice-sur-la-promenade-des-anglais-une-etrange-ambiance_4970298_3224.html

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