jeudi 2 juin 2016

En 2025, la France aura perdu un médecin généraliste sur quatre en vingt ans.....


Les différentes aides financières à l’installation n’y auront rien changé : la France manque toujours de médecins généralistes. Leur nombre a diminué de 8,4 % entre 2007 et 2016, selon les chiffres publiés jeudi 2 juin par le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) dans son atlas de la démographie médicale.


Liée au non-remplacement d’une partie des départs à la retraite, cette
chute « inexorable » et « préoccupante » devrait même se poursuivre jusqu’en 2025 et se traduire par « la perte d’un médecin généraliste sur quatre sur la période 2007-2025 », estime l’ordre.

La pénurie affecte aussi bien des territoires ruraux que des zones urbaines. Entre 2007 et 2016, tous les départements français – sauf la Savoie (+1 %) et la Loire-Atlantique (0 %) – ont enregistré une baisse de leur « densité médicale », c’est-à-dire du nombre de médecins rapporté à la populationParis et le département de la Nièvre ont chacun perdu un quart de leurs généralistes au cours de cette période.
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Carte de la variation de la densité de médecins généralistes par départements entre 2007 et 2016.

« Il n’y a pas un département, pas un canton qui ne rencontre pas de problèmes pour trouver un remplacement de médecin de campagne », a souligné, mardi 31 mai, François Baroin, le maire (Les Républicains) de Troyes et président de l’Association des maires de France (AMF). Il avait d’ailleurs choisi de faire de l’accès aux soins le thème « numéro un » du débat d’ouverture du 99e congrès de l’AMF.

« Petits cadeaux » insuffisants


Locaux flambant neufs, loyers offerts, primes à l’installation de plusieurs milliers d’euros… Pour assurer une offre de soins aux habitants de leur commune, certains élus locaux ne lésinent pas sur les moyens. Ces aides viennent s’ajouter à celles déjà proposées par l’Etat et par l’Assurance-maladie, qui a récemment annoncé réfléchir à l’instauration d’une prime forfaitaire de 50 000 euros pour les praticiens qui s’installeraient dans les zones sous-dotées.

Mais ces « petits cadeaux » proposés par les élus sont souvent insuffisants. A Saint-Bonnet-de-Valclérieux (Drôme), le maire Bernard Duc propose en vain depuis deux ans de louer « gracieusement » un local à qui viendra remplacer l’actuel généraliste, qui, à 70 ans, souhaite prendre sa retraite. « Notre médecin était super, on pouvait l’appeler le dimanche, au milieu de la nuit, on ne retrouvera plus ça, reconnaît l’élu. On est en rase campagne, pour faire de l’argent chez nous, il faut faire plus de 60 heures par semaine et ça, les jeunes praticiens ne le veulent pas. »

Car si un numerus clausus longtemps insuffisant explique en partie le phénomène, le manque de candidats est aussi en partie dû aux aspirations des jeunes générations de médecins à exercer leur métier autrement. Notamment, en ne négligeant pas leur qualité de vie professionnelle et personnelle.
« Où va travailler mon conjoint ? Est-ce que j’aurai une école pour mes enfants ? S’ils permettent de libérer des tracas de l’installation, les avantages en nature ne font pas tout. Ce n’est pas parce qu’on donnera 40 000 euros à un médecin désireux de travailler en ville qu’il ira s’installer au fin fond d’un département rural », explique Emilie Frelat, la présidente du Syndicat national de jeunes médecins généralistes (SNJMG). Signe de cette désaffection pour l’exercice libéral, en neuf ans, le nombre de généralistes choisissant d’être salariés a augmenté de 5,3 %.

Loyer plafonné à Paris


A Paris, où les praticiens sont souvent rebutés par le prix de l’immobilier, un dispositif spécifique (Paris Med) vient d’être voté : 15 000 euros d’aide seront accordés à ceux choisissant de s’installer à plusieurs en secteur 1 (conventionné) dans des locaux proposés par la municipalité. Leur loyer sera plafonné. Mais « ce n’est pas à une collectivité locale de donner envie à un jeune médecine libéral de s’installer », souligne Bernard Jomier, adjoint à la santé à la mairie de Paris.

Pour remplacer leur médecin parti il y a six ans, les élus de Sigale (Alpes-Maritimes), une petite commune de l’arrière-pays niçois, ont successivement expérimenté plusieurs solutions. Un médecin roumain, « incompétent », est parti au bout d’un an. Une jeune diplômée s’est ensuite épuisée à faire chaque jour les trajets depuis Nice, où elle préférait vivre, avant de jeter l’éponge.


« Pour faire des vacations, des médecins retraités nous ont demandé jusqu’à 800 euros par jour, en plus de ce que leur auraient versé les patients », s’indigne Nathalie Héron, la première adjointe, qui a décliné la proposition. Aujourd’hui, la commune construit une nouvelle maison de santé et espère toujours convaincre un médecin de venir y travailler.

Les maisons de santé, pas un miracle


A Villers-Pol (Nord), petite commune de 1260 habitants, le maire Jean-Marie Simon n’a lui non plus toujours pas trouvé de médecin pour occuper la maison médicale qu’il vient de rénover pour 250 000 euros. « J’ai eu des vendeurs de médecins qui me garantissaient un médecin sous quinze jours pour plusieurs milliers d’euros, et me le remplaçaient s’il ne convenait pas, j’ai refusé », raconte-t-il.

Du côté de l’ordre des médecins, on rappelle que les maisons médicales ne constituent pas la solution miracle. « Une page a été tournée, il n’y aura plus un médecin par commune », prévient Patrick Romestaing, l’un des vice-présidents du CNOM. Soulignant les « limites »et les « effets d’aubaine » que peuvent susciter les aides financières, il appelle à mettre fin aux « mesurettes » au profit d’une « vaste réforme » du système.

Et notamment à une meilleure découverte du métier de généraliste par les étudiants en médecine. « On demande aujourd’hui aux étudiants de choisir un métier qu’ils ne connaissent pas », explique Emile Frelat, du SNJMG, qui demande que tous les étudiants de deuxième cycle effectuent un stage de six mois en dehors de l’hôpital.


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