jeudi 26 mai 2016

Police : "Nous attendons les ordres pour aller chercher les casseurs"



Après la vidéo d'un policier nantais lynché par des casseurs, Thierry Spitz, secrétaire régional adjoint d'Alliance Police à Nantes, réagit.


La ville de Nantes est, avec Rennes, l'une des villes les plus touchées par les phénomènes de casseurs en marge des manifestations. Thierry Spitz, secrétaire régional adjoint d'Alliance Police à Nantes, dénonce un choix politique qui met en danger les policiers comme les manifestants.
Le Point.fr : Pourquoi n' arrivez-vous pas à contenir les casseurs ?
Thierry Spitz : Les 200 casseurs de Nantes sont pour une bonne partie identifiés. Il y a un noyau de professionnels de la manifestation que l'on connaît depuis longtemps. Il y a aussi ceux que l'on a identifiés grâce aux réseaux sociaux et aux vidéos qu'ils publient. Ils sont facilement identifiables, même dans les cortèges. Il y a une technique qui consiste à écarter les boucliers de CRS et à aller chercher les casseurs dans la foule pour les ramener. Le problème de ce type d'intervention, c'est que c'est violent et que ça se voit. Peut-être que notre hiérarchie ne veut pas que des vidéos tournent en boucle sur Internet. Aujourd'hui, notre problème est simple : nous n'avons pas les ordres pour aller les chercher.
Le problème est donc politique ?
Le ministre de l'Intérieur, qui soutient sa police, écrit ses directives au préfet. Les préfets transmettent ces instructions au directeur de la sécurité publique, qui lui même nous en informe. Donc, on nous dit que l'on doit être fermes face aux casseurs et que nous n'avons pas le droit à l'erreur. Alors on y va tout doucement. Dès qu'on reçoit des projectiles, on réplique avec des lacrymo pour éviter d'aller au contact. C'est le seul moyen d'éviter des actes de violence. 
Du coup, pendant des heures, on joue au chat et à la souris avec des manifestants, qui pendant ce temps-là cassent ce qu'ils croisent. Nous avons des blessés de notre côté et ça fait deux mois que ça dure. Il faut laisser l'opinion publique s'exprimer bien sûr, mais maintenant ça devient risqué. Nous sommes habitués à la fatigue physique, mais moins à la fatigue psychologique. Cette situation est dangereuse pour nous comme pour les manifestants. Nous tirons la sonnette d'alarme : un jour, il va y avoir un mort.
N' est-il pas interdit de manifester masqué ?
J'ai travaillé longtemps à Paris. Lorsqu'on intervenait sur des cortèges de hooligans dans les gares, on les interpellait à la descente du train. On les parquait dans des casernes pendant toute la durée du match, ce qui évitait qu'ils brûlent tout et cassent tout. Dans notre situation, on pourrait tout à fait appliquer les mêmes méthodes aux manifestants masqués et les mettre de côté quelques heures le temps de faire des vérifications. Mais on ne le fait pas.

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