vendredi 17 juillet 2015

Non, Monsieur Hollande, l’Europe, ce n’est pas l’euro !


Monseigneur Aillet vient opportunément de rappeler le fondement qui devrait soutenir la construction européenne : les « racines chrétiennes » qui nous réunissent, dont la mention a été supprimée en 2004 du projet de Constitution européenne, sous l’influence notamment de Jacques Chirac.

Saluons le tweet de Monseigneur Marc Aillet, le 14 juillet, qui, en quelques mots, en dit plus que le discours d’autosatisfaction prononcé par un président de la République élu par défaut. « La crise grecque révèle que la construction européenne est mal partie : ce n’est pas l’euro qui nous réunit mais les racines chrétiennes » !, a écrit l’évêque de Bayonne, se distinguant par son courage et son franc-parler de la majorité de ses confrères, trop souvent englués dans « l’esprit du monde ». 
Aussitôt, quelques grincheux y ont vu une atteinte à la laïcité, alors que ce n’est que l’expression de la vérité historique.
Le sort réservé à la Grèce – quoi qu’on pense des erreurs politiques, économiques et sociales des dirigeants de ce pays pendant trop d’années et qu’on éprouve ou non de la sympathie pour son Premier ministre -, l’humiliation qui lui est infligée, le « protectorat » qui lui est imposé visant à surveiller ses moindres faits et gestes, les attaques portées contre sa souveraineté : tout cela « pour sauver l’euro » ! L’euro est devenu l’alpha et l’oméga de la politique européenne, la valeur sacrée qu’il faut avant tout préserver. « Il faut sauver l’euro ! » répète-t-on à l’envi. La dernière trouvaille de notre Président ? Proposer la création d’un gouvernement économique européen – en fait, une vieille idée tirée de sa panoplie de pré-campagne électorale (voir le JDD du 16 juillet 2011). C’est dire à quel point la construction européenne tourne autour d’un axe purement matérialiste, utilitariste, financier, sans autre objectif que de perpétuer le système.
Monseigneur Aillet vient opportunément de rappeler le fondement qui devrait soutenir la construction européenne : les « racines chrétiennes » qui nous réunissent, dont la mention a été supprimée en 2004 du projet de Constitution européenne, sous l’influence notamment de Jacques Chirac. L’Europe a ainsi perdu ses racines, et sans racines, rien ne peut se développer harmonieusement. Car les pays qui lui ont donné le jour, et d’abord la France, ont une longue histoire. La devise même de la République – Liberté, égalité, fraternité – découle de la culture chrétienne : libération de l’homme et protection des faibles, égalité de tous en dignité, solidarité envers son prochain.
Sans racines, l’Europe cherche aveuglément à imposer sa loi dans tous les domaines : financier, économique, social, culturel, effaçant les différences, tendant à l’uniformisation, sans une vision de l’avenir qui puisse susciter quelque enthousiasme, soucieuse uniquement de former des citoyens aptes à produire et à consommer. Sans racines, l’Europe n’hésite pas à passer outre l’opinion des peuples et à violer la démocratie, comme on l’a vu avec le mépris de nos gouvernants pour le référendum du 29 mai 2005. Sans racines, l’Europe devient une sorte de monstre sans scrupule ni conscience, qui dévore tout sur son passage.
Le tweet de Monseigneur Aillet a le mérite de nous avertir que rien de viable ne peut se construire en Europe sans un minimum de valeurs unanimement reconnues : non pas des valeurs matérialistes et déshumanisantes, mais des valeurs puisées dans ses racines, un idéal qui donne du sens à l’action et l’envie d’aller de l’avant.

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