Vous l’ignoriez peut-être, mais la France est la première destination naturiste mondiale ! Une pratique qui séduit de plus en plus de vacanciers, et qui fait les affaires des campings et autres centres de loisirs dédiés, dont les recettes s’envolent. Décryptage d’un business qui ne laisse pas indifférent…
Passer vos vacances dans le plus simple appareil, ça vous dit ? Près de 15% des Français seraient prêts à tenter l’expérience, selon un sondage IFOP réalisé en 2014. Et ils auraient tort de se priver : la France est le pays qui accueille le plus de vacanciers naturistes, avec 3,5 millions de pratiquants réguliers, dont 60% d’étrangers.
Le naturisme, cet « art de vivre, qui allie le respect de soi-même, des autres, et de la nature », n’a rien à voir avec le nudisme, souligne Yves Leclerc, vice-président de la Fédération Française de Naturisme (FFN), « qui se réduit au simple fait de se mettre tout nu ! ». Un art de vivre… et surtout une véritable petite industrie. Avec 155 campings, 20.000 emplacements de plein-air, 60.000 lits, et 8 millions de nuitées, le secteur touristique naturiste représente 3.000 emplois directs et indirects, et engrange un chiffre d’affaires annuel de 300 millions d’euros !
En seulement 3 ans, ce chiffre d’affaires a même progressé de 50 millions d’euros, d’après les chiffres de la FFN. « La fréquentation des campings naturistes augmente de 2 à 4% chaque année », estime Yves Leclerc. Pour certains établissements, c’est carrément le jackpot : « les revenus du plus gros camping naturiste du Languedoc Roussillon dépassent les 12 millions d’euros », assure-t-il. Une recette bien supérieure à la plupart des campings qui accueillent des vacanciers habillés, alias les « textiles » dans le jargon naturiste.
Parmi ces vacanciers qui se prélassent nus sur les 73 plages naturistes de nos littoraux : 2 millions d’étrangers. Ce qui les attire en France ? « C’est surtout la diversité de l’offre touristique : du modeste camping à la résidence 5 étoiles, l’Hexagone étant le seul pays à afficher une telle capacité d’accueil », commente Yves Leclerc. Pas étonnant que les touristes affluent d’Allemagne, de Belgique, de Hollande, du Royaume-Uni, et même des Etats-Unis, pour passer leurs vacances en Aquitaine ou dans le Languedoc Roussillon, les deux premières régions naturistes. Principales destinations concurrentes : la Croatie et le sud de l’Espagne.
Certains sites poussent la pratique encore plus loin : c’est le cas du cap d’Agde, ou du Port Leucate, près de Perpignan, qui ont vu éclore, depuis plusieurs décennies déjà, de véritables villages naturistes, avec des restaurants et des commerces. Au cap d’Agde, par exemple, les 45.000 naturistes accueillis chaque été, peuvent passer leurs vacances sans jamais enfiler un vêtement. Autre paradis du naturisme : l’île du Levant, située en Méditerranée au large de la côte varoise. Cette vaste copropriété, avec son bureau de poste, sa mairie et son Eglise, s’est même autoproclamée « capitale des naturistes. »
Mais ce qui réjouit surtout Yves Leclerc, c’est le rajeunissement des adeptes : 45% des pratiquants ont moins de 30 ans. On est loin des stéréotypes habituels. Le profil type ? « Le jeune couple avec des enfants en bas âge », précise-t-il. Il faut dire que les 154 associations naturistes mettent le paquet pour banaliser la pratique. Une vaste opération marketing a ainsi été lancée il y a 4 ans, sous la coordination du cluster Tourisme et Naturisme, qui réunit les établissements touristiques, et dont le budget s’élève à 133.000 euros. Autre initiative : le lancement de l’application mobile « Naturiste par Nature », qui répertorie tous les centres et plages où l’on peut se promener nu en France.
Le business du naturisme semble donc avoir de beaux jour devant lui. D’autant plus que de nouvelles activités se développent à une vitesse vertigineuse. C’est le cas des croisières nudistes, mais surtout de la « rando nue » une activité qui fait fureur, selon Yves Leclerc. Le concept est simple : partir en randonnée, sans rien sur le dos. A la clé, « un incroyable sentiment de liberté », paraît-il…
Ingrid de Chevigny
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