dimanche 31 mars 2013

Ces jeunes convertis partis en Syrie....


Parmi les 80 Belges partis faire la guerre en Syrie, il n’y a pas que des “Mohamed”.

Plusieurs jeunes Belges partis de Bruxelles, d’Anvers et de Vilvorde pour se battre en Syrie aux côtés des rebelles sont des convertis de fraîche date à l’islam, souvent d’éducation catholique. 

Ils n’ont pas été enrôlés dans les mosquées, mais au contact d’organisations radicales qui opèrent dans la rue ou dans des appartements privés où ont lieu des prêches.

C’est ce qui ressort des premiers témoignages de parents et proches des quelque 80 Belges partis faire le jihad en Syrie et des rares confidences des autorités belges. 

Les familles sont désemparées. Elles ont besoin de soutien. Elles ont peur de parler. Elles vivent dans la crainte d’une mauvaise nouvelle, d’un coup de téléphone de Syrie ou d’une vidéo sur YouTube célébrant la mort du "martyr". 

En partie pour les aider, mais aussi pour mieux coordonner les différents services de police, le gouvernement vient de mettre en place une "Task-Force Syrie" qui doit se réunir chaque semaine.

Selon plusieurs sources, le recrutement pour la Syrie a commencé il y a un an dans la région anversoise, puis s’est étendu à Bruxelles il y a six mois.

"Le recrutement ne se fait pas au sein des mosquées mais dans la rue", nous dit Karim Geirnaert, un Bruxellois converti à l’islam en 1980 et très actif chez les scouts musulmans. 

"Ce sont des jeunes paumés qui sont à la recherche d’appartenance à un groupe. Ils n’ont plus de repères et sont approchés par des pseudo-musulmans. On leur prêche la fraternité, mais quels sont nos liens avec la Syrie, nous en Belgique ? On leur demande de défendre des causes perdues d’avance".

Chaque ville a ses spécificités. A Anvers, le groupe Sharia4Belgium a été le moteur de l’enrôlement. Les parents se sont exprimés à visage découvert dans la presse. Ils ont expliqué l’itinéraire de leurs enfants, tel Jejoen Bontinck, converti par un ami de classe qui l’a amené, à un moment difficile, dans une mosquée de Borgerhout.

A Bruxelles, le recrutement a lieu de manière plus diffuse dans plusieurs quartiers. A Laeken, un groupe de quatre jeunes convertis est parti en novembre dernier d’un quartier plutôt propret où opère un groupe salafiste. Parmi eux : Sammi, né d’un couple biculturel et converti à l’âge de 15 ans. 

A Bruxelles-Ville, des recruteurs visent la communauté belgo-marocaine. Quatre jeunes (trois d’à peine 18 ans, un quatrième de 29 ans) seraient ainsi partis il y a quinze jours. Parmi eux : un étudiant, un autre qui émarge au CPAS et le garçon d’un couple moderne et biculturel, marocain et coréen. Bref, "des profils très différents", note le député Denis Ducarme (MR). "C’est bien entendu le gamin sans boulot, désœuvré, mais c’est aussi l’étudiant".

A Vilvorde, où le groupe Sharia4Belgium est aussi actif, "ce sont tous des convertis", glisse un haut responsable politique. "Des petits délinquants qui se laissent subitement pousser la barbe", a dit le bourgmestre Hans Bonte (SP.A)

Des jeunes en rupture

Comme si les groupes radicaux s’intéressaient avant tout aux personnes fragilisées, tourmentées, à peine sorties de l’adolescence, en leur offrant la certitude de leurs convictions et le cadre d’un islam strict et communautaire.

A leur retour - hypothétique - de Syrie, ils espèrent un statut et une reconnaissance. "Le problème des islamistes, c’est qu’ils utilisent des gens très intelligents pour pervertir des gens ignorants", ajoute Karim Geirnaert.

Sur le fait que plusieurs convertis figurent dans le lot, Isabelle Praille estime que "cela mérite une étude sociologique". Convertie, elle est vice-présidente de l’Exécutif des musulmans de Belgique. "Chez les convertis, il y a un élan", dit-elle. "Ils risquent à ce moment-là de tomber sur des gens mal intentionnés". 

Certains Belges se convertissent par déception par rapport à l’église catholique, mais aussi parce qu’ils trouvent dans l’islam "une cohérence" ou une façon de rejoindre la communauté majoritaire dans leur quartier, souligne Isabelle Praille.
On ne connaît pas le nombre de convertis en Belgique. La loi interdit de recenser les convictions religieuses. 

En extrapolant le nombre de conversions qu’il fait à Bruxelles, Karim Geirnaert estime à 60 000 leur nombre en Belgique. Le président de l’Exécutif des musulmans, Semsettin Ugurlu, nous parle de 20 000 sur environ 700 000 musulmans dans le pays.

Tout cela repose la question, jamais résolue, d’un islam belge, débarrassé des influences étrangères, mieux reconnu par la société belge.

Voilà pourquoi dans le plan contre la radicalisation que Joëlle Milquet a déposé chez le Premier ministre l’été dernier, et en discussion entre cabinets ministériels, figurent plusieurs pistes. 

L’une d’elles serait d’interdire les prêches dans une autre langue que le français ou le néerlandais. Une autre serait de former les imams au sein des universités belges.

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